Fabian Cancellara n'a pas réalisé son rêve aux championnats du
monde sur route à Mendrisio. Il n'a pu prendre que la 5e place
d'une course remportée en solitaire par l'Australien Cadel Evans,
qui a apporté son premier titre à son pays.
Cancellara a tenu parole. Malgré une pression maximale et une
pancarte de grand favori sur le dos, le coureur de l'équipe Saxo
Bank a tenté de s'imposer par l'offensive. Seulement, il n'est pas
encore l'égal d'un grimpeur et n'a jamais pu placer un démarrage
cinglant dans les deux côtes du circuit. Après une longue course
d'attente où les favoris sont restés derrière, le Bernois a jailli
devant dans l'avant-dernier des dix-neuf tours au bas de la
descente de la première côte. Mais tous les favoris étaient dans sa
roue.
"J'ai tout tenté mais cela n'a pas marché", regrettait
Cancellara. Le Bernois a osé trois démarrages. Le dernier à 7 km de
l'arrivée mais Samuel Sanchez, collé à son ombre, a refusé de
prendre le relais. Les deux hommes repris, c'est le Russe Alexandr
Kolobnev, Evans et l'Espagnol Joaquin Rodriguez, qui sortaient pour
aller se partager les médailles. Alors que Cadel Evans avait
attaqué à 5 km de l'arrivée dans la dernière côte, ses deux
compagnons d'échappée n'ont pu le suivre.
Tactique espagnole fatale à Cancellara
Derrière, Cancellara se trouvait marqué
de près par les Espagnols Sanchez et Alejandro Valverde. Ces
derniers n'ont jamais voulu prendre le relais alors que leur
compatriote Rodriguez était incapable de rejoindre Evans. Comme le
champion du monde du contre la-montre avait déjà beaucoup donné, il
ne pouvait plus aller seul rejoindre les trois hommes de tête.
"J'ai cherché la décision, j'ai perdu, il faut l'accepter. Mais
j'ai montré que j'ai l'étoffe d'un champion du monde",
soulignait Cancellara.
Cadel Evans (32 ans) est le premier Australien a conquérir le
titre mondial sur route. Il pouvait même être fêté comme un coureur
local puisqu'il réside neuf mois par année à Stabio à 3 kilomètres
de la ligne d'arrivée. Le coureur de l'équipe Silence-Lotto, qui
n'est pas connu pour ses qualités d'attaquant, a cette fois placé
un démarrage décisif à 5 km de l'arrivée. "Quand je suis parti,
je savais que c'était bon cette-fois. J'ai terminé si souvent
deuxième que ça en devenait frustrant. Vous travaillez autant que
le vainqueur (sic) mais vous récoltez beaucoup moins."
Evans, le Poulidor australien
L'Australien a su réagir quand Kolobnev
s'est détaché entre les deux côtes du parcours. Lui, qui a cumulé
un nombre important de deuxième place dans les grandes courses,
touche enfin au Graal. Le vainqueur du Tour de Romandie 2006 a fêté
au Tessin le succès le plus significatif de sa carrière. Il compte
également deux deuxièmes places au Tour de France (2007 et 2008).
Il a bouclé la Vuelta, sept jours avant le Mondial, au troisième
rang. Il compte aussi trois deuxièmes places dans le
Dauphiné.
si/ggol
Championnats du monde à Mendrisio
Course en ligne messieurs (262,2 km)
1. Cadel Evans AUS 6h55'26"
2. Alexandr Kolobnev RUS + 27"
3. Joaquin Rodriguez ESP 27"
4. Samuel Sanchez ESP 30"
5. Fabian Cancellara SUI 30"
6. Philippe Gilbert BEL 51"
7. Matti Breschel DEN 51"
8. Damiano Cunego ITA 51"
9. Alejandro Valverde ESP 51"
10. Simon Gerrans AUS 1'47"
11. Fabian Wegmann GER 1'47"
12. Kurt-Asle Arvesen NOR 1'47"
13. Chris Soerensen DEN 1'59"
14. Johnny Hoogerland BEL 2'02"
15. Oscar Freire ESP 2'02"
16. Ivan Basso ITA 2'02"
17. Pedro Cardoso ESP 2'44"
18. Michael Barry CAN 2'44"
19. Serguei Ivanov RUS 2'44"
20. Karsten Kroon NED 2'50"
26. Alexandre Vinokourov KAZ 2'50"
28. Oliver Zaugg SUI 2'50"
36. Robert Gesink NED 3'01"
41. Alessandro Ballan ITA 3'21"
60. Edvald Boasson Hagen NOR 5'30"
82. Michael Albasini SUI 6'54"
Abandons (entre autres): Gregory Rast SUI, Matthias Frank SUI, Rubens Bertogliati SUI.
Evans: "J'ai embrassé mon alliance"
- Quel a été votre geste après avoir franchi la ligne?
CADEL EVANS: J'ai embrassé mon alliance. C'est une émotion incroyable de gagner ici. Il n'y a que trois kilomètres entre la ligne d'arrivée et mon domicile. Après tant de courses sans parvenir à gagner, je réussis tout près de chez moi.
- Qu'avez-vous pensé des différentes attaques pendant la course?
CADEL EVANS: C'est vrai qu'il y a beaucoup d'attaques, surtout de la part des Italiens. Heureusement nous étions bien représentés.
- Votre victoire, aux yeux d'une partie des observateurs, passe pour être celle du cyclisme propre...
CADEL EVANS: Ce n'est pas à moi de commenter ce genre de choses. Cette victoire montre que je suis toujours là. J'ai été beaucoup critiqué par le passé, on disait que je ne gagnais jamais. Et voilà... j'en ai gagné une!
- Le Tour de France a été une grande déception. Comment l'avez-vous surmontée?
CADEL EVANS: Je pensais à ce championnat du monde depuis deux ans. Le Tour de France ne s'est pas passé comme je l'espérais, c'est vrai. Mais ensuite je me suis relancé par rapport à ce Championnat.
- Vous vous sentez chez vous ici...
CADEL EVANS: Je suis Australien mais j'habite ici neuf mois par an, ma femme est originaire de l'autre côté de la frontière, mon entraîneur aussi.
- Avez-vous craint Cancellara qui paraissait très fort?
CADEL EVANS: Après avoir vu ce qu'il a fait aux JO (Pékin), j'étais sûr qu'il allait bien faire. Pendant la course, j'ai pu noter ses points forts et ses faiblesses à certains moments. Cela m'a donné un avantage. Quand il est très motivé, il peut faire des choses incroyables.
- Avez-vous été découragé par la répétition des deuxièmes places?
CADEL EVANS: C'est démoralisant quand on fait deuxième. Vous savez, la course est aussi difficile pour le deuxième que pour le vainqueur. Mais j'ai toujours regardé vers l'avant!