L'Espagnol Alberto Contador (Astana) a fait l'objet d'un contrôle antidopage dont le résultat s'est avéré anormal, pendant le Tour de France qu'il a remporté en juillet dernier, a annoncé jeudi son agent. Des traces très minimes de clenbutérol (anabolisant) ont été retrouvées dans l'un de ses échantillons.
Contador a expliqué par "une contamination alimentaire" ce contrôle anormal en date du 21 juillet, lors de la seconde journée de repos du Tour de France à Pau. Si ce contrôle devait être déclaré "positif" par les autorités, une procédure disciplinaire serait ouverte afin de déterminer une éventuelle sanction et, peut-être, la perte du Tour pour Contador.
"Pas d'aspect intentionnel"
L'Union cycliste internationale (UCI), l'autorité de son sport, n'a pas encore communiqué sur le sujet. Contador, qui a enlevé pour la troisième fois la Grande Boucle, a devancé le Luxembourgeois Andy Schleck.
Selon son agent, il a été informé du résultat par l'Union cycliste internationale (UCI) le 24 août. "Les experts consultés jusqu'à présent sont d'accord pour considérer que c'est un cas de contamination alimentaire, particulièrement au regard du nombre de tests passés par Contador durant le Tour de France", a déclaré l'agent du coureur. "Cet élément permet de définir avec précision qu'il n'y a pas d'aspect intentionnel", a-t-il ajouté. Contador a incriminé une "viande" qu'il avait mangée la veille et le jour du contrôle, et assuré que lors d'une réunion avec l'UCI le 26 août, cette dernière avait reconnu qu'il s'agissait d'un cas de "contamination alimentaire.
"C'est un cas exceptionnel" a encore insisté le triple vainqueur du Tour de France (2007, 2009, 2010), soulignant que seulement "0,000 000 000 05 grammes par ml" du produit avait été retrouvé dans les échantillons. Il n'a pas apporté de détail sur la provenance de la viande incriminée et indiqué qu'il ne souhaitait pas "faire du tort" à ce secteur.
Une substance interdite
Le Castillan n'a plus disputé de course importante depuis la fin du Tour de France. En partance de l'équipe Astana à la fin de l'année, il a signé un contrat de deux ans en faveur de l'équipe Saxo Bank, celle pour laquelle courait jusqu'à présent Andy Schleck.
Contador, qui est âgé de 27 ans, a gagné à trois reprises le Tour de France (2007, 2009, 2010). Il a aussi remporté en 2008 le Tour d'Italie (Giro) et le Tour d'Espagne (Vuelta). L'Espagnol, absent du Championnat du monde dimanche prochain en Australie, a mis un terme à sa saison.
Le clenbutérol est la substance, interdite en et hors compétition, relevée dans le contrôle positif du coureur chinois Li Fuyu, le 23 mars, à l'occasion de la course belge A travers la Flandre. Li Fuyu avait déjà expliqué son cas par une contamination et reçu l'appui d'un biochimiste néerlandais, Douwe de Boer, lequel avait déclaré que "les contaminations au clenbutérol existent dans les suppléments alimentaires et dans la viande".
De la classe des bêta-2 agonistes, ce produit est notamment utilisé en médecine pour traiter l'asthme. Administré de façon systématique, il favorise la dilatation des bronches et peut avoir de puissants effets anabolisants. Le clenbutérol est loin d'être un inconnu pour les spécialistes de la lutte antidopage. L'ancienne championne d'athlétisme Kathryn Krabbe (ex-RDA) a vu sa carrière tourner court dans les années 1990 après un contrôle positif dû au clenbutérol.
Une excuse prévisible selon Martial Saugy
Pour le directeur du Laboratoire antidopage de Lausanne, Martial Saugy, l'argument d'une contamination alimentaire avancé par l'Espagnol Alberto Contador pour expliquer son résultat anormal était prévisible, vu la faible concentration de clenbutérol détectée dans ses urines.
"Evidemment avec des taux de concentration comme ceux-là, on peut s'attendre à ce que l'argument d'une contamination alimentaire soit avancé comme excuse", a souligné Martial Saugy, interrogé par l'AFP. D'autant plus, ajoute-t-il, que le clenbutérol, un anabolisant, est utilisé surtout pour traiter les animaux.
Selon lui, les laboratoires antidopage accrédités par l'Agence mondiale antidopage (AMA) doivent être capables de détecter des concentrations au moins de 2 nanogrammes/ml, soit 40 fois plus que dans le cas de Contador L'Union cycliste internationale parlant elle de 400 fois plus. "Ce n'est pas un taux recommandé, ce sont des indications de performances minimales requises pour les laboratoires", a précisé le biologiste.
"On prend ce que l'on veut, selon les intérêts"
Mais certains laboratoires, dotés d'outils plus performants, peuvent déceler des concentrations nettement plus faibles. "La question de ces limites a déjà été discutée avec l'affaire Gasquet. Certains avaient fait valoir que dans le cas d'un autre laboratoire (celui de Montréal NDLR), il n'aurait pas été pris", a souligné le scientifique. "Cela dépend de quel côté on se place. Selon les affaires, les intérêts, on prend ce que l'on veut".
Richard Gasquet, le joueur de tennis français, avait avancé l'hypothèse d'une contamination par un baiser pour justifier les faibles traces de cocaïne retrouvées dans ses urines à la fin mars 2009. Le Français avait été totalement blanchi par le Tribunal arbitral du sport (TAS) quelques mois plus tard.
"On compare souvent au gendarme et au voleur. Si le gendarme est moins rapide, il ne va pas se faire prendre. Mais s'il tombe sur un gendarme qui court nettement plus vite, il se fait attraper", a fait valoir Martial Saugy.
Le scientifique est cependant "surpris que cela soit sorti alors que des investigations sont toujours en cours", l'AMA et l'Union cycliste internationale (UCI) cherchant à réunir le maximum d'informations pour trouver l'origine du résultat anormal de Contador.
afp/alt
Riis: "une affaire malheureuse à ch..."
L'équipe Saxo Bank, futur employeur de Contador, se montre prudente pour l'instant, après la suspension à titre provisoire d'Alberto Contador. "Nous attendons des informations du coureur lui-même", a indiqué le porte-parole de la formation danoise Kasper Elbjorn. Le directeur sportif de l'équipe Bjarne Riis a déclaré quant à lui que cette affaire était "malheureuse à ch..." "pisseuheldigt" en danois). "Je n'ai pas besoin de dire comment j'ai réagi quand j'ai appris cela", a ajouté l'ancien coureur. "Pour l'instant, on ne peut pas en dire plus. C'est malheureux que Contador soit tombé dans cette situation."
La direction du Tour de France a indiqué de son côté attendre "la décision définitive de l'UCI". La future équipe de l'Espagnol, Saxo Bank, est sens dessus dessous. "L'UCI indique que ce cas requiert des investigations scientifiques complémentaires, avec le soutien scientifique de l'Agence Mondiale Antidopage, avant qu'une quelconque conclusion puisse être tirée", souligne la direction du Tour. Cette dernière "attend donc les résultats de ces analyses complémentaires". L'UCI a confirmé jeudi la présence de traces "extrêmement faibles" de clenbutérol, une substance interdite quel que soit le seuil. Si ce contrôle devait être déclaré "positif" par les autorités, une procédure disciplinaire serait ouverte afin de déterminer une éventuelle sanction et, peut-être, la perte du Tour pour Contador.
Le deuxième de la Vuelta aussi pincé!
L'Espagnol Ezequiel Mosquera, qui s'est classé deuxième de la récente Vuelta, a fait l'objet d'un contrôle antidopage positif, a annoncé jeudi l'Union cycliste internationale (UCI). Son coéquipier de la formation Xacobeo, l'Espagnol David Garcia, a lui aussi été contrôlé positif lors de la Vuelta, a ajouté l'UCI.
Les deux coureurs de l'équipe Xacobeo ont été contrôlés le même jour, le 16 septembre, à l'occasion de la 18e étape, à trois jours de la fin de la course. Le produit en cause est l'HES (Hydroxyéthylamidon), une substance fluidifiant le sang. Ce substitut de plasma sanguin peut masquer la prise d'EPO en faisant baisser l'hématocrite. Tous deux se sont signalés durant la Vuelta. Plus encore que Garcia, 11e du classement final, Mosquera a lutté tout en haut de tableau. Mais, à 34 ans, il a été rattrapé par les radars de l'antidopage.
Ce coureur sans palmarès notable, membre d'une équipe Continental Pro (l'équivalent de la deuxième division), s'est classé depuis 2007 dans les cinq premiers de son grand tour national. Cinquième en 2007 et 2009, quatrième en 2008, il avait même cette année lutté jusqu'au bout pour la victoire. Vainqueur le 18 septembre de l'avant-dernière étape, au sommet du Bola del Mundo, Mosquera avait terminé à la deuxième place du classement final, à seulement 41 secondes du vainqueur italien Vincenzo Nibali.