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Vinokourov controlé positif, l'équipe Astana se retire

Vinokourov sort par la petite porte d'un Tour de France malmené
Une transfusion sanguine homologue est en cause
Coup de tonnerre au Tour de France. Le Kazakh Alexandre Vinokourov a été contrôlé positif à la transfusion sanguine homologue. Astana quitte la Grande Boucle.

Selon le code éthique mis en place par l'équipe Astana,
Alexandre Vinokourov est suspendu de l'équipe avec effet immédiat.
Le coureur a cependant demandé une contre-analyse. Egalement
vainqueur lundi, le Kazakh a subi un nouveau contrôle sanguin qui
sera aussi analysé.



Après avoir été informés par le management de l'équipe Astana, les
organisateurs du Tour de France ont invité l'équipe Astana, à se
retirer de la course, ce qui a été accepté spontanément.



Les transfusions homologues (avec le sang d'un donneur compatible
ayant les mêmes groupes et rhésus), à la différence des autologues
(le propre sang de l'athlète lui est transfusé), sont détectables
depuis les JO d'Athènes 04.

Sang compatible

Quelques heures à peine après les explications du Danois Michael
Rasmussen, le porteur du maillot jaune, pour tenter de diluer les
soupçons le concernant, la bombe Vinokourov a explosé durant la
journée de repos à Pau. Le Kazakh, éliminé de la course pour le
succès final (23e à 28'51") mais vainqueur à deux reprises en trois
jours, a été contrôlé positif (à partir de l'échantillon «A») pour
transfusion homologue, c'est-à-dire l'apport de sang compatible
après son succès d'Albi.



Ce jour-là, «Vino» avait dominé le contre-la-montre et relancé ses
chances de victoire dans un Tour qui avait tourné mal pour lui dès
la première semaine, quand il était tombé au cours de la 5e étape à
l'approche d'Autun.



Blessé notamment aux deux genoux, le Kazakh, qui avait dû recevoir
de nombreux points de suture, s'était accroché dans l'espoir fou de
réussir à gagner enfin, à l'âge de 33 ans, le Tour de France. Son
obsession.

Les services du Dr Ferrari

Dans cette optique, Vinokourov avait su trouver l'an dernier les
moyens dans son pays pour financer une équipe, appelée du nom de la
capitale Astana, et l'organiser autour de lui, avec son jeune
compatriote Andrey Kashechkin et surtout l'Allemand Andreas Klöden,
qui ont quitté eux aussi la course.



Comme Lance Armstrong, le septuple vainqueur du Tour qu'il a
évoqué avant le départ de Londres, «Vino» avait eu aussi recours
aux services du préparateur italien Michele Ferrari, un médecin à
la réputation sulfureuse. Au point d'être stigmatisé par le
président de l'UCI, l'Irlandais Pat McQuaid, qui estimait avant le
Tour que son éventuelle victoire serait moins crédible.



«Michele Ferrari n'est pas mon médecin, c'est mon entraîneur
particulier», s'était justifié le Kazakh avant le départ de
Londres. L'explication n'avait pas levé tous les doutes sur
Vinokourov, qui n'avait jusqu'à présent jamais été contrôlé positif
depuis son début de carrière en 1997. Ni sous le maillot Telekom
(devenu T-Mobile), où il s'était lié avec l'Allemand Jan Ullrich,
emporté par l'affaire de dopage Puerto. Ni sous le maillot Astana,
endossé voici treize mois.

Un an après Landis

Absent l'an dernier du Tour de France, une course qu'il a
terminée au mieux à la troisième place (en 2003), «Vino» a donc été
rattrapé à cause d'une pratique que l'on sait détectable depuis
l'automne 2004. L'Américain Tyler Hamilton et l'Espagnol Santi
Perez avaient été convaincus de dopage par cette méthode sur la
Vuelta.



Le coup est très dur pour le cyclisme, sport en quête de
crédibilité, et pour le Tour, confronté une nouvelle fois à une
affaire de dopage qui touche l'un de ses principaux acteurs. Les
dirigeants de la Grande Boucle espéraient bien ne pas avoir à subir
cette année un cas comparable à celui de l'Américain Floyd Landis,
déclaré positif après l'arrivée de la dernière édition. Le Tour
attend toujours de connaître son vainqueur 2006.



agences/hof/seb

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Les principaux résultats de Vinokourov

Courses d'un jour:

- Championnat du Kazakhstan 2005

- Liège-Bastogne-Liège 2005

- Amstel Gold Race 2003

- 2e de la course sur route des JO de Sydney 2000.

Courses par étapes:

- Critérium du Dauphiné 1999

- Tour d'Allemagne 2001

- Paris-Nice 2002 et 2003

- Tour de Suisse 2003

- Tour d'Espagne 2006

- Quatre Jours de Dunkerque

- Circuit des Mines et Tour de l'Oise 1998

- Tour de Valence 1999

- Regio Tour 2004

- Tour de Castille et Leon 2006.

Grands tours:

- Tour de France: 3e en 2003, vainqueur de cinq étapes (Gap 2003, Briançon et Paris Champs-Elysées 2005, Albi contre-la-montre et Loudenvielle 2007)

- Tour d'Espagne: 1er en 2006, vainqueur d'une étape en 2000 et de trois en 2006 (8e, 9e et 20e).

"La roulette russe"

"Les tricheurs jouent à la roulette russe désormais. Ceux qui continuent à tricher, à jeter l'opprobe sur tout un sport, il faut qu'ils comprennent que notre détermination est totale", a estimé Christian Prudhomme, le directeur du Tour, visiblement en colère.

Ce dernier a surtout mis en cause "la faillite absolue du système", qui ne protège pas la plus grande course du monde, en visant le Circuit ProTour mis en place par l'UCI. Même si Astana, membre du ProTour, a été invitée par les organisateurs. "En début d'année, cette équipe avait un certain nombre de coureurs qui étaient considérés par tous comme étant les meilleurs du peloton", a estimé à ce sujet Patrice Clerc, président de la société organisatrice (ASO). "Bien sûr, je regrette aujourd'hui cette décision, je regrette d'avoir été trahi une fois de plus". Patrice Clerc a assuré que la guerre contre le dopage ne cesserait pas: "Llidée d'arrêter le Tour ne m'a jamais traversé l'esprit. Il n'est pas question d'abandonner".