Fabian Cancellara s'est emparé du maillot jaune du Tour du
France au terme de la 1ère étape, un contre-la-montre sur 15,5 km
dans les rues de Monaco. Le Bernois a été en démonstration dans la
descente menant sur le port, laissant son dauphin, l'Espagnol
Alberto Contador, à 18 secondes.
Au sommet de la montée de 7,5 km menant sur la corniche en
surplomb de la Principauté, Cancellara comptait encore 6" de retard
sur Contador et 1" sur l'Allemand Tony Martin. Mais le champion
olympique du contre-la-montre a fait exploser les compteurs des
motos dans la descente et creusé l'écart sur le faux-plat avant
l'arrivée. Il endosse la tunique de leader lors de la première
journée pour la troisième fois de sa carrière sur la Grande Boucle,
après 2004 à Liège/BEL et 2007 à Londres. Il avait aussi gagné une
étape à Compiègne en 2007.
"Vraiment fier"
"Je suis vraiment fier", a déclaré Cancellara. Le
Bernois a évoqué son retour au premier plan après les difficultés
de ces derniers mois et son début de saison raté: "J'étais le
grand favori après ma victoire au Tour de Suisse. Je suis venu en
grande forme, c'était difficile pour les autres de me battre.
Cancellara est de retour".
"C'était dans notre tête" de prendre le maillot jaune
d'emblée, a insisté le coureur de Saxo Bank. A 28 ans, celui qui
est surnommé Spartacus pour la force qu'il dégage sur le vélo (1m86
pour 80 kg) a endossé son dixième maillot jaune. "On va faire
le maximum pour le défendre", a-t-il annoncé en prévision de
la prochaine étape reliant Monaco à Brignoles et favorable aux
sprinters.
Avantage Contador chez Astana
La 2e place de Contador est une bonne
opération pour l'Espagnol dans sa lutte interne avec Lance
Armstrong et Andreas Klöden pour la place de leader dans la
redoutable équipe Astana. Le vainqueur du Tour 2007 a précédé
Klöden (4e) de 4'' et Armstrong de 22''. Grand battu du jour,
l'Espagnol Carlos Sastre, lauréat du Tour 2008, a terminé 21e, à
1'04 de Cancellara. Andy Schleck a pour sa part concédé 1'.
Pour son grand retour sur le Tour, Armstrong a pris la 10e place à
40''. Le septuple vainqueur du Tour a laissé transparaître de
l'émotion mais aussi une pointe de déception. «Je suis heureux,
même si on ne gagne pas, je suis heureux d'être ici», a-t-il
dit. «J'étais un peu nerveux et sur le vélo, c'est allé un peu
dans tous les sens. Je constate que je ne termine pas si loin de
Levi Leipheimer (10 secondes), un vrai spécialiste, et ce n'est pas
si mal», a-t-il poursuivi. Le Texan, très encouragé par le
public, est toutefois apparu en difficulté dans les nombreuses
relances de ce parcours technique et exigeant.
CANCELLARA, LA STAR DU CHRONO
Le Tour de France, en s'offrant pour premier maillot jaune le
Bernois Fabian Cancellara, a choisi non seulement le maître absolu
du chrono sur la scène mondiale, mais aussi l'une des vraies stars
du cyclisme moderne, à l'égal d'un Boonen ou d'un Contador. Gueule
de jeune premier, sourire dévastateur, l'homme atteint à 28 ans sa
maturité sportive. Il est champion olympique en titre du
contre-la-montre et compte dans cette discipline 33 victoires dans
toute sa carrière dont deux titres mondiaux en 2006 et 2007.
Et même si, depuis quelques années, ses performances ont parfois
suscité les soupçons dans un sport qui pourchasse sans pitié les
dopés, lui-même a toujours revendiqué une éthique et un
comportement exemplaires. "Tout le monde connaît les problèmes
du cyclisme, moi, je fais ce sport pour être un exemple pour le
futur", affirmait-il dès 2007, alors qu'il venait de s'emparer
à Londres du maillot jaune du Tour de France au premier soir de
l'épreuve, comme à Monaco.
"Gagner le Tour"
Surnommé «Spartacus» dans le peloton, le colosse d'Ittigen (1m86
pour 80 kg) est professionnel depuis 2001 et n'a cessé de
progresser durant toute sa carrière. Sa puissance, au début, fut
exploitée par d'autres: le grand sprinter italien Alessandro
Petacchi avait notamment fait de lui son «lanceur» préféré dans les
sprints, au sein de l'équipe Fassa Bortolo de 2003 à 2005. En 2006,
il franchit une première étape de sa carrière en passant chez CSC,
et en réalisant le premier de ses grands rêves: gagner
Paris-Roubaix, en reléguant au passage à plus d'une minute et demie
le grand Tom Boonen.
Sur le Tour de France, Cancellara avait déjà passé neuf jours en
jaune, deux en 2004 et sept en 2007. Et bien que son physique
semble le prédestiner aux épreuves de puissance, il avoue que son
grand rêve reste de remporter un jour la Grande Boucle. Sa dernière
performance au Tour de Suisse, qu'il a gagné en suivant les
grimpeurs dans la montagne, démontre ses progrès, même si les
difficultés n'avaient rien à voir avec celles qui attendent le
peloton du Tour de France
si/seb
Les déclarations
Alberto Contador: "Je ne suis pas déçu, je suis très content du résultat, Cancellara est un grand champion. Ma cohabitation avec Armstrong dans l'équipe? Cela ne me préoccupe pas trop, les médias parlent d'un conflit mais la relation au sein de l'équipe est bonne, nous avons des coureurs très forts avec Levi Leipheimer et Armstrong, on va essayer de gagner le Tour, j'aimerais bien pouvoir changer de maillot (il porte le maillot à pois du meilleur grimpeur) j'aimerais bien pouvoir mettre le jaune."
Cadel Evans: "Je n'ai pas gagné donc il est clair que je n'étais pas le meilleur aujourd'hui, mais la route est encore longue. Je suis lancé, pas encore tout à fait dans le coup, mais je suis lancé."
Carlos Sastre: "Les sensations sur le vélo étaient bonnes, mais une pièce de mon casque a lâché et ça m'a un peu déconcentré. C'est-à-dire que je n'arrivais pas à prendre une bonne position sur le vélo, parce que mon casque tombait, et ça m'a fait perdre du temps. Mais en dehors de cet incident, finalement mineur, les sensations étaient bonnes et je ne crois pas avoir perdu beaucoup de temps sur les meilleurs. Je suis content du résultat et surtout, de mon début dans ce Tour, ce qui était le plus important pour moi."
Tom Boonen: "Je suis déjà content d'être ici, cette année on n'est pas l'équipe la plus forte pour les sprints, c'est Columbia (l'équipe de Cavendish) qui va faire le plus de travail. On va regarder et essayer de gagner, si tout se passe bien dans la première semaine c'est possible de prendre des points. Mais je ne suis pas le coureur que j'étais il y a cinq ans. Pour arriver à Paris avec le maillot vert je dois prendre des points dans les sprints intermédiaires. Les années passées, je n'étais pas à cent pour cent au début du Tour, j'ai gagné des étapes après, j'espère que cette année il en ira de même."
David Millar: "Je suis content, j'ai eu de bonnes sensations. J'ai fait une bonne course à part un petit incident dans le final. C'est un beau parcours. Armstrong? C'est l'une des plus grandes stars. Son retour fait du bien, il donne une dimension différente."
1ère étape, clm à Monaco (15,5km)
1. Fabian Cancellara SUI 19'32"
2. Alberto Contador ESP + 18"
3. Bradley Wiggins GBR 19"
4. Andreas Kloeden GER 22"
5. Cadel Evans AUS 23"
6. Levi Leipheimer USA 31"
7. Roman Kreuziger CZE 33"
8. Tony Martin GER 33"
9. Vincenzo Nibali ITA 38"
10. Lance Armstrong USA 40"
11. Gustav Erik Larsson SWE 42"
12. Mikel Astarloza ESP 44"
13. David Zabriskie USA 48"
14. David Millar GBR 48"
15. Jérôme Coppel FRA 52"
18. Andy Schleck LUX 1'00"
21. Carlos Sastre ESP 1'06"
22. Vladimir Karpets RUS 1'07"
23. Alessandro Ballan ITA 1'10"
27. Michael Rogers AUS 1'13"
53. Denis Menchov RUS 1'31"
58. Oscar Pereiro ESP 1'33"
67. Frank Schleck LUX 1'36"
109. Kim Kirchen LUX 1'57"
147. David Loosli SUI 2'22"
167. Gregory Rast SUI 2'39"
2e étape, dimanche 5 juillet
Monaco - Brignoles 187 km
Départ: 12h15 Arrivée: vers 17h10
Sprints:
km 27: Nice
km 91,5: Fayence
km 138: Lorgues
Montagnes:
km 8,5: La Turbie (3e), 491m
km 49,5: Roquefort-les-Pins (4e), 218m
km 81,5: côte de Tournon (4e), 270m
km 129: col de l'Ange (4e), 260m