L'Espagnol Alberto Contador s'est longuement exprimé à Limoges
sur ses relations avec Lance Armstrong. Le favori du Tour de France
a affirmé que l'ambiance au sein de l'équipe Astana était
«meilleure que celle que décrivent les médias».
Durant la conférence de presse qu'il a tenue pendant la journée de
repos du Tour, Contador a été interrogé presque exclusivement sur
ses relations avec l'Américain, et sur leur rivalité supposée au
sein de l'équipe.
- A Arcalis, Armstrong vous a accusé d'avoir attaqué au mépris
de la stratégie de course élaborée le matin.
ALBERTO CONTADOR: Le matin dans le bus, nous
avions eu un briefing, où l'on avait discuté de la façon de
contrôler la course. On attendait des attaques de nos rivaux. Ces
attaques ne sont pas venues, la situation était bonne pour nous, je
me sentais bien, j'ai pensé que je pouvais tirer profit de cette
étape. Le briefing du matin est une chose, la situation de course
en est une autre. J'ai donc attaqué, et en voyant que personne ne
pouvait me suivre, j'ai pensé que c'était une bonne opération pour
l'équipe.
- Quelle est votre relation au quotidien avec Lance
Armstrong?
ALBERTO CONTADOR: J'ai avec lui la même relation
qu'avec les autres coureurs. On mange à la même table, on est dans
le même bus, c'est tout. La situation paraît plus tendue de
l'extérieur que ce qu'elle est réellement.
"Grande répercussion médiatique de Lance"
- Est-ce que toute cette polémique vous affecte
sportivement?
ALBERTO CONTADOR: C'est clair que j'aurais
préféré une situation différente, je ne serais pas obligé de
répondre à toutes ces questions. Mais je suis tranquille, concentré
sur la course. Je n'accorde aucune importance à cette polémique. Le
Tour de France est une course très exigeante, on ne doit pas y
dépenser d'énergie pour des choses qui ne concernent pas la
course.
- Vous êtes le leader désigné d'Astana, avez-vous l'impression
que l'équipe fait tout pour faciliter votre victoire?
ALBERTO CONTADOR: Si j'étais le seul leader de
l'équipe, on n'aurait pas toute cette polémique autour de nous.
Tout ça, c'est à cause de la grande répercussion médiatique de
Lance, qui focalise plus l'attention des médias que n'importe quel
autre cycliste. C'est la seule raison de cette polémique.
"Si Lance attaque, ce n'est pas à moi d'aller le chercher"
- Quel sera votre réaction si
Armstrong attaque, comme vous l'avez fait à Arcalis?
ALBERTO CONTADOR: Si Lance attaque dans la
montagne, ce ne sera pas à moi d'aller le chercher, ce sera aux
autres. Sur la fin du Tour, on aura la même situation qu'à Arcalis,
ce ne sera pas à nous d'attaquer, ce sera à ceux qui ont perdu du
temps au classement général.
- Qui sont vos principaux rivaux sur ce Tour?
ALBERTO CONTADOR: Les frères Schleck. Andy est
assez bien, très concentré sur la course. Il est certain aussi que
Cadel Evans va tenter quelque chose. Et Carlos (Sastre), qui est un
coureur de grande expérience et très endurant. Il était au top dans
les Pyrénées, il attend les Alpes. Mais pour l'instant, le
classement général est encore trop influencé par le résultat du
contre-la-montre par équipes, la lecture des positions ne nous
apprend pas grand-chose.
- Etes-vous heureux sur ce Tour?
ALBERTO CONTADOR: Oui. Plus que jamais. J'ai de
très bonnes sensations. Et le Tour, c'est le Tour. De plus,
l'ambiance dans l'équipe n'est pas si mauvaise que ce vous disent
les médias.
Propos recueillis par AFP
Contador-Armstrong: une drôle de tenaille
Alberto Contador et Lance Armstrong tiennent dans leurs mains adverses le Tour de France 2009, sans que cette prise soit définitivement assurée après les neuf premières étapes. Au sortir des Pyrénées, quinze coureurs sont à portée raisonnable -moins de trois minutes -du maillot jaune italien Rinaldo Nocentini. Dans le lot figurent bien sûr Contador (2e) et Armstrong (3e), séparés par la marge infime de 2 secondes après 1377 kilomètres.
C'est le dernier vainqueur encore en lice, l'Espagnol Carlos Sastre, qui ferme la marche de ce groupe (16e), suivi de près par l'Australien Cadel Evans (18e), l'un des perdants de la première semaine avec le Russe Denis Menchov (27e).
«Je ne suis pas résigné mais je suis réaliste», avoue Sastre en évoquant le «pouvoir absolu» des Astana. A la différence d'Andy Schleck (9e), le champion du Luxembourg, convaincu que Contador n'est pas imbattable.
Un gouffre
L'écart, objectivement limité avant que le Tour reparte mardi de Limoges après la journée de repos, devient un gouffre au regard du tir groupé réussi par les Astana, qui se comptent à quatre dans les six premiers (Leipheimer 4e, Klöden 6e).
Depuis leur performance dans le contre-la-montre par équipes, ils contrôlent la course, filtrent les échappées, pèsent sur chaque étape. Tout en retardant la prise de pouvoir qui compliquerait un peu plus les relations entre Contador et Armstrong, tous deux tendus vers le même objectif.
«Bien sûr, on a le poids de la course dans ce Tour de France», admet Alain Gallopin, l'un des directeurs sportifs de l'équipe kazakhe. «Mais ce n'est pas plus mal d'être aidé par une autre équipe qui veut garder le maillot jaune».
Où en sont les adversaires des Astana?
Invité à désigner le plus dangereux, Alain Gallopin n'hésite pas: «Andy Schleck.» Le directeur sportif met ensuite sur le même plan Carlos Sastre et Cadel Evans, les deux premiers du Tour 2008: «Sastre fait toujours des dernières semaines fantastiques. Ce qui lui convient moins sur ce Tour, c'est qu'il n'y a pas beaucoup d'arrivées au sommet à venir (Verbier, Ventoux). Andy Schleck aussi sera désavantagé par cet aspect.»
Armstrong a déjà annoncé qu'il ne fallait rien espérer de fondamental avant Verbier dimanche. Mais ses adversaires savent bien que le Texan est capable de trouver l'ouverture si elle se présente, comme il l'a fait dans la traversée de la Camargue.
A la question «Qui a le plus de chances de gagner le Tour ?», le directeur sportif d'Astana répond après un temps de réflexion: «Alberto, par rapport à ce qu'il fait dans les contre-la-montre et les arrivées au sommet. Mais, avec Lance, on ne peut pas faire de pronostics. On a souvent dit qu'il n'est pas un coureur comme les autres. C'est vrai.»