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Prudhomme: "Armstrong a saisi l'occasion"

"Je n'ai vu qu'un seul panneau anti-Armstrong et beaucoup pour lui"
"Je n'ai vu qu'un seul panneau anti-Armstrong et beaucoup pour lui"
A son retour du Mont Ventoux, la "finale" de l'édition 2009 au succès populaire "phénoménal", le directeur du Tour, Christian Prudhomme, a dressé son bilan.

- Qu'a apporté Lance Armstrong au Tour 2009 ?



CHRISTIAN PRUDHOMME: Il a permis un duel. Même
s'il était de fait entre Alberto Contador et Andy Schleck, le duel
était médiatiquement entre Contador et Armstrong. Et le duel, c'est
ce qu'il y a de plus fort dans le monde du sport. Nadal-Federer,
Borg-McEnroe, ou dans le cyclisme Anquetil-Poulidor,
Hinault-LeMond. En me projetant pour 2010, et bien qu'aucune
sélection ne soit faite naturellement, une équipe avec Contador,
une autre avec Armstrong, une autre avec les Schleck, ça promet une
sacrée bagarre!

"Armstrong a donné une image différente"

- En quoi Armstrong a-t-il changé
?



CHRISTIAN PRUDHOMME:

Il a été assurément beaucoup
plus humain pour les gens, il est revenu avec une envie du Tour de
France, et pas seulement de la compétition. Les gens l'ont vu
souffrir. Au long des trois semaines, je n'ai vu qu'un seul panneau
anti-Armstrong et beaucoup pour lui. Il est certain qu'il a donné
une image différente de celle d'un robot déshumanisé. Alors qu'il
s'entraînait pour le contre-la-montre d'Annecy, il s'amusait devant
des gamins, il leur faisait la grimace, il était disponible,
ouvert.



- Cela donne des regrets pour le passé...



CHRISTIAN PRUDHOMME:

Les occasions avaient été
loupées, jusqu'à ses derniers mots sur les Champs-Elysées en 2005
qui étaient finalement le contraire de ce qu'il fallait dire. Il
n'y avait pas eu de rencontre. Là, il est revenu et il a pleinement
saisi l'occasion.

"On ne peut pas gommer d'un coup toute la suspicion"

- Le changement concerne-t-il aussi le dopage dans le
peloton?




CHRISTIAN PRUDHOMME: Il ne faut pas s'imaginer
que tout a changé, c'est un combat pied à pied qui doit continuer.
Il y aura d'autres cas demain, après-demain, c'est dans la logique
de choses. Mais la sérénité du Tour m'a plu. Je crois vraiment que
quelque chose a changé. Le ciblage, le passeport, font
qu'aujourd'hui c'est quand même de plus en plus compliqué pour les
tricheurs.



- Même si Greg LeMond s'est montré dubitatif sur la
performance de Contador à Verbier...




CHRISTIAN PRUDHOMME: On ne peut pas gommer d'un
seul coup toute la suspicion sur le cyclisme. J'espère bien qu'elle
le sera au fur et à mesure. A la direction du Tour, je n'avais
jamais connu personnellement cette sérénité. C'est une sacrée
différence.



- Pour 2010 ?



CHRISTIAN PRUDHOMME: Le parcours part de
Rotterdam. Il sera donc plus classique. Quant au nombre d'équipes,
pour moi, vingt est un bon nombre.

"Contador a été très élégant"

- Regrettez-vous de ne pas avoir
retenu l'équipe de Contador en 2008 ?



CHRISTIAN PRUDHOMME: On a pris les décisions
qu'on devait prendre. Contador avait eu cette formule "j'étais au
mauvais endroit au mauvais mo
ment". Il a été très élégant à chaque
fois. C'est le passé.



- Comment le qualifieriez-vous ?



CHRISTIAN PRUDHOMME: Un très grand grimpeur, doté
d'une élégance, d'une fluidité dans le mouvement et à l'évidence
d'une immense force de ca
ractère. On a vu qu'Armstrong avait une
intelligence de course au-dessus du lot. J'aurais vraiment été
curieux de savoir ce qui se serait passé si tous deux n'avaient pas
été dans la même équipe. Il est évident qu'il y aurait eu du
grabuge dans la deuxième étape des Pyrénées, dans celle des Vosges,
ou dans l'étape de Perpignan.



- On vous sent admiratif pour Armstrong...



CHRISTIAN PRUDHOMME: Par son intelligence
tactique sans aucun doute. Il est toujours là où il faut. C'est
quelqu'un qui peut mettre le dange
r sur tous les terrains.



- Le côté négatif du Tour ?



CHRISTIAN PRUDHOMME: L'accident mortel sur la
route de Besançon, c'est un voile de tristesse sur le Tour. Le Tour
est un géant, dont le succ
ès a été encore plus important cette
année. Notre seule obsession, c'est la sécurité. Il faut que chacun
sur le bord des routes le comprenne vraiment. J'ai vu des gamins
courir à côté des coureurs. Mais que font les gens qui en ont la
charge ? Pour que le Tour reste une immense fête populaire, il faut
que chacun respecte les règles.



propos recueillis par l'afp

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Prudhomme défend le parcours

Christian Prudhomme, directeur du Tour, a défendu le parcours 2009 qui a fait l'objet de critiques, à cause des Pyrénées en partie escamotées et d'une deuxième semaine en retrait..

Le contre-la-montre par équipes: Il a fait ce qu'il fait toujours. On l'avait réduit à une quarantaine de km pour éviter ça. C'est une épreuve que je trouve très belle, d'un point de vue athlétique. En revanche, il privilégie l'équipe au détriment du coureur lui-même. Pour moi, il doit être sur le Tour... de temps à autre..

L'éloignement du Tourmalet de l'arrivée à Tarbes: Il y a 40 ans, Eddy Merckx s'envolait sur le Tourmalet à 140 km. Des étapes avec le Tourmalet loin de l'arrivée, on en a à peu près tous les deux ans sur le Tour..

La deuxième semaine: Le début du Tour a été emballant. Du coup, le temps faible suivant a été perçu comme encore plus faible. L'affaire des oreillettes a encore accentué ce sentiment, alors que la mesure était faite pour aboutir au contraire. J'ai un regret pour l'étape des Vosges. Il y avait tout pour se battre. Je constate que beaucoup sont dans des schémas hyper-réducteurs du genre: 'ça va se jouer là sur deux jours et sur un chrono', alors que c'est précisément le contraire que l'on souhaite. Les organisateurs proposent, les coureurs, et leurs managers, disposent..

Le nombre d'arrivées au sommet: Nous avons la volonté que la course puisse se jouer dans sept, huit, dix étapes. J'adore les massifs intermédiaires, le Massif central, le Jura, les Vosges, qui sont des terrains d'expression extraordinaires. Mais il faut que chacun joue le jeu. Sinon, en réduisant le nombre d'arrivées au sommet et des chronos, la plage de possibilités est encore plus réduite. En dehors de cela, la trouvaille Romme-Colombière (le final de l'étape du Grand-Bornand) a tout pour devenir un classique. C'est un sacré truc!