Floyd Landis, Américain typique, aux origines helvétiques

Lundi, jour de repos au Tour de France. Mardi, avec l'Alpe d'Huez, mercredi avec l'arrivée à la Toussuire, puis jeudi, à Morzine, les 160 rescapés de la "Grande boucle" en auront terminé avec les cols alpestres.


Floyd Landis, leader de l'équipe suisse Phonak, ne porte pas (plus) le maillot jaune, mais n'apparaît pas moins comme le grand favori de ce Tour. Un Américain pour succéder à un autre? Landis après Armstrong? Une raison pour s'intéresser à ce rouquin et seul barbu du peloton. Un Américain typique, à en croire ses équipiers. Alexander Moos: "Ses jeans et sa musique country sont sacrés."

Des origines helvétiques

Sitôt qu'un personnage se retrouve sous les feux de la rampe, on cherche à en savoir plus. Sur ses origines, par exemple. Dernièrement, lorsque "Big Ben" Roethlisberger - authentique vedette aux USA - fut désigné meilleur quarterback de NFL (le championnat de football américain), on avait vite fait de soupçonner ses antécédents helvétiques. Le patronyme Roethlisberger est effectivement d'origine emmentaloise.


Je me souviens aussi des temps de la gloire des astronautes avec Walter Schirra, dont les souches étaient tessinoises. Pour les jeunes: dans les années 60, Walter Schirra était le 3e Américain, du temps des capsules Mercury, Gemini et Apollo, a être envoyé dans l'Espace.


Et il y a ce Landis, dont le patronyme fleure bon la Suisse. Landis: effectivement une vieille famille glaronaise. Qui a vu du pays.

De Suisse aux USA, en passant par l'Ukraine

Les aïeux de Floyd Landis ont dû quitter la Suisse il y a bien longtemps. Ils souffraient de persécution pour raisons religieuses. Les Landis sont des "mennonites", des anabaptistes pourchassés jadis chez nous pour leur profession de foi. A travers les récits de sa famille, traitée de "sectaire", Landis ne doit pas garder un souvenir lumineux de son Helvétie d'origine. La grande Russie semble s'être montrée plus accueillante.

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COMMENTAIRES: BERTRAND DUBOUX / RICHARD CHASSOT / JEAN-FRANCOIS BERNARD

Landisville, Pennsylvanie

En 1874, 73 familles mennonites quittèrent la grande Russie, à son tour, plus exactement Kotosufka, en Volhynia, dans l'extrême nord-ouest de ce qui est aujourd'hui l'Ukraine. Dont les Landis, qui ont abouti en Pennsylvanie, dans le comté de Lancaster, où il existe d'ailleurs un village nommé Landisville. Sur les 4700 habitants d'aujourd'hui, 147 du bottin téléphonique répondent encore au nom de Landis. Deux fois plus que des Smith, d'ordinaire plus répandus aux States.


C'est ici qu'a grandi Floyd Landis au milieu de quatre frères et d'une soeur. Et toujours dans le contexte spartiate des mennonites (aussi connus sous l'appellation de "amish de Pennsylvanie"). Les influences de la modernité y sont bannies du mieux qu'on peut. Les pantalons courts sont prohibés, même pour les garçons.

Pas de TV à la maison!

Aujourd'hui encore, papa et maman Landis se rendent chez des voisins non-mennonites s'ils veulent suivre les exploits de leur fiston à la TV! "Ils ont le droit de regarder la TV, mais ne doivent pas en posséder," raconte Floyd Landis. Chez les mennonites, on pratique davantage la prière que le sport. Exception faite de la... pêche, à laquelle s'adonne d'ailleurs Floyd.

Le cyclisme en cachette, la nuit

Au départ, pris par l'amour du vélo, Floyd Landis allait s'entraîner, en cachette, de nuit. "Je partais après 9 h du soir pour rentrer vers 2/3 heures de la nuit. Même l'hiver, rude dans ce coin-là, où je me vêtais de cinq couches d'habits," raconte Floyd Landis. Enfin convaincue, maman Landis autorise Floyd à pratiquer le cyclisme.


Aujourd'hui, dans son comté, il est d'ailleurs familièrement - et fièrement - appelé "The Swiss Mennonite Rider", le cycliste suisse mennonite...


TSRsport.ch/Ed.Stutz