Lors de la grande étape des Alpes mardi, les coureurs, qui se
sont reposés lundi à Tignes, devront montrer leurs intentions. Le
problème est que tous les favoris se tirent dans les roues et les
alliances se font très rares...
Le temps de se dégourdir les jambes sur les pentes de l'Iseran,
ruisselantes de soleil, et de faire le point après les deux
premières journées de montagne.
Les adversaires de Vinokourov et Kloeden ont-ils perdu une
occasion en or dans la montée vers Tignes?
Le champion de France Christophe Moreau a regretté le manque de
soutien de ses compagnons. Son directeur sportif, Vincent Lavenu,
aussi: "A mon avis, (Alejandro) Valverde a commis une petite
erreur. C'était une opportunité". "Attaquer dans la dernière
montée, c'était prendre un risque. On a bien couru", a rétorqué le
coureur espagnol.
Dans les autres équipes, chacun a trouvé de bonnes raisons d'avoir
agi avec prudence. Ainsi, la CSC a-t-elle rappelé que son leader
était l'Espagnol Carlos Sastre, longtemps au niveau de Vinokourov
et Kloeden, et non le grimpeur luxembourgeois Frank Schleck, qui se
trouvait au niveau de Moreau.
Combien de coureurs sont-ils encore dans le coup?
"Pour le classement général, dix à quinze coureurs sont toujours
là", compte Lavenu. Si l'on excepte le maillot jaune du grimpeur
danois Michael Rasmussen, les favoris se tiennent dans une
fourchette encore réduite, 74 secondes entre l'Espagnol Iban Mayo
(3e) et l'Américain Levi Leipheimer (13e).
Quant à Vinokourov (22e), son retard sur Mayo reste inférieur à
trois minutes alors que le Tour doit encore digérer un dur menu
pyrénéen (trois étapes) et deux longs contre-la-montre. En plus de
la prochaine étape menant à Briançon.
"Kloeden est celui qui a le plus d'arguments pour la victoire
finale", estime Eusebio Unzue, directeur sportif de la Caisse
d'Epargne. "La prochaine étape sera décisive. Si Astana voit que
Vinokourov a perdu, Kloeden pourra jouer sa carte".
Quelle équipe est la plus forte?
"Dans l'avant-dernier col de l'étape de Tignes, il y avait
encore 8 Astana dans un peloton de 45 coureurs. Et leur neuvième
coureur était à l'avant, dans l'échappée", note Vincent Lavenu.
"Leur force collective est évidente".
Surreprésentée dans le premier col du Tour (Colombière), samedi
dernier, l'équipe Caisse d'Epargne joue sensiblement au même
niveau. Mais Oscar Pereiro, son coleader à côté de Valverde,
préfère insister sur la puissance de la formation Rabobank: "Dans
la montagne, ils ont Boogerd, Weening, Menchov, Rasmussen,
Dekker".
Par rapport à ces armadas, l'équipe AG2R de Moreau semble moins
bien armée. Vincent Lavenu reconnaît que son groupe se situe un ton
en-dessous par rapport à l'année passée.
Qu'attendre de la prochaine étape (le Galibier avant
Briançon)?
Malgré la difficulté du grand col alpestre, unaniment considéré
comme un "gros morceau", Pereiro s'interroge sur la tournure que
peut prendre cette neuvième étape, longue de 159,5 kilomètres.
"Elle aurait pu être dangereuse si la Rabobank n'avait pas le
maillot jaune. Car elle a les coureurs pour bouger. Du coup, la
situation sera très différente", estime l'Espagnol, deuxième du
Tour 2006.
"C'est le comportement de Vinokourov qui risque d'être
déterminant", précise son directeur sportif Eusebio Unzue. "Chaque
jour qui passe est bon pour lui". En d'autres termes, la prochaine
journée représente sans doute la dernière opportunité pour mettre
en difficulté le favori du Tour, blessé jeudi dernier, avant qu'il
récupère l'intégralité de ses moyens.
afp/seb
Tour de France, le général
1. Michael Rasmussen DEN 39h37'42"
2. Linus Gerdemann GER + 43"
3. Iban Mayo ESP 2'39"
4. Alejandro Valverde ESP 2'51"
5. Andrey Kachechkin KAZ 2'52"
6. Cadel Evans AUS 2'53"
7. Christophe Moreau FRA 3'06"
8. Alberto Contador ESP 3'10"
9. Frank Schleck LUX 3'14"
10. Denis Menchov RUS 3'19"
11. Carlos Sastre ESP 3'35"
12. Andreas Kloeden GER 3'46"
13. Levi Leipheimer USA 3'53"
14. Oscar Pereiro ESP 3'54"
15. Haimar Zubeldia ESP 4'00"
16. Manuel Beltran ESP 4'19"
17. J-Manuel Garate ESP 4'22"
18. David Arroyo ESP 4'51"
22. Alex Vinokourov KAZ 5'23"
58. Martin Elmiger 29'08"
94. Grégory Rast 46'49"
107. Fabian Cancellara 51'38"
120. Johann Tschopp 57'48"
122. Michael Albasini 57'58"
Fin de saison pour O'Grady
Stuart O'Grady s'est grièvement blessé dimanche lors de la descente du Cormet de Roseland (8e étape du Tour de France). L'Australien de l'équipe CSC souffre de 5 fractures des côtes, d'une fracture de l'omoplate droite, d'une entorse acromio-claviculaire droite et de 3 fractures aux vertèbres dorsales. Le dernier vainqueur de Paris-Roubaix voit ainsi sa saison terminée.
Patrick Sinkewitz, grièvement accidenté dimanche lors de la 1ère grande étape alpestre du Tour de France, souffre en autre d'une fracture ouverte du nez, et a passé la nuit à l'hôpital. L'Allemand de l'équipe T-Mobile, hors d'état de reprendre la course mardi, avait percuté un spectateur en rentrant à l'hôtel à l'issue de l'étape à Tignes. Par ailleurs, le spectateur qui est entré en collision avec Sinkewitz est hors de danger. Arrivé dans le coma à l'hôpital, il souffre d'un traumatisme crânien relativement grave, mais le pronostic vital n'est plus engagé.
Thor Hushovd souffre d'un refroidissement et a dû être traité aux antibiotiques lors de la journée de repos du Tour de France. Le sprinter norvégien du Crédit Agricole, vainqueur de la 4e étape à Joigny, a cependant prévu de prendre le départ mardi à Val-d'Isère.