Contador à l'assaut de sa troisième Grande Boucle

L'Espagnol Alberto Contador, vainqueur sortant, fait figure de cible dans le Tour de France qui commence samedi à Rotterdam (Pays-Bas). Dans son sillage, pour chasseur reconnu, il y aura le vétéran américain Lance Armstrong, septuple vainqueur de l'épreuve.

Sur la rampe de lancement du prologue de 8,9 km, ils sont nombreux à espérer déstabiliser le favori. D'Armstrong, qui dispute à près de 39 ans son dernier Tour, à Andy Schleck, le dauphin de Contador l'an passé, en passant par quelques autres prétendants (Evans, Wiggins, Basso, Menchov), les forces sont réparties en plusieurs équipes... au contraire de l'édition 2009.

Rivalité consommée

La formation Astana, dominatrice l'année passée malgré ses rivalités internes, s'est scindée en fin de saison. La concurrence entre ses deux ex-chefs de file est affichée. Armstrong et Contador jouent désormais cartes sur table... même s'ils n'ont jamais été cette saison en confrontation directe pour la victoire.

Le Texan, à la peine jusqu'en juin, est revenu en forme au bon moment. Deuxième du récent Tour de Suisse, il a composé autour de lui un groupe (RadioShack) à sa dévotion, fort d'une grande expérience du Tour et de ses pièges. "La plus forte équipe", reconnaît son rival espagnol, lequel mise sur ses qualités de grimpeur et de rouleur, d'homme de grand tour.

Des pavés du Nord à l'effort du Tourmalet

De l'avis unanime, Contador est bien le numéro un de son époque. Double vainqueur du Tour (2007, 2009), il présente cependant quelques lacunes qui encouragent l'opposition. Ses points faibles ? Le placement dans les étapes de plaine, son gabarit léger, l'inexpérience des bordures, que ses adversaires comptent bien mettre en place à son détriment. Surtout dans les étapes de la première semaine qui mènent du bord de la mer du Nord à la montagne, au Jura puis aux Alpes.

L'Espagnol a reconnu les pavés de la 3e étape puisque le Tour emprunte plusieurs secteurs (difficiles) de Paris-Roubaix. Conscient du danger, il a prévu d'aller découvrir mercredi le parcours de la première étape, exposé au vent. Pour rejoindre les Pyrénées, temps fort de cette 97e édition qui fête le centenaire du premier passage du Tour dans le massif avec la double ascension du Tourmalet, la route est semée d'embûches !

Cancellara en éclaireur d'Andy Schleck

Andy Schleck, autre grimpeur d'élite vulnérable en plaine, a pour atout de disposer d'une équipe solide, taillée pour tous les terrains. Particulièrement sur les pavés avec le Bernois -et maître du dernier Paris-Roubaix- Fabian Cancellara pour guide (lire-ci dessous). Contador ne s'y trompe pas, qui désigne le cadet des Schleck comme l'adversaire numéro un.

Le tenant du titre élargit le champ des possibles au champion du monde, l'Australien Cadel Evans, au vainqueur du Giro, l'Italien Ivan Basso, si tous deux ont récupéré des fatigues du Giro, au Russe Denis Menchov, toujours énigmatique, à l'Espagnol Carlos Sastre, lauréat en 2008, ou au Britannique Bradley Wiggins, quatrième l'an dernier. "Et j'en oublie sans doute", rajoute-t-il, prudent.

Des observateurs anti-dopage le long du tracé

Au départ des 3641,9 km, tous les rêves sont donc permis. Même celui d'un Tour de plus en plus propre, ainsi que le souhaite Christian Prudhomme. Le directeur du Tour fait confiance à l'Agence mondiale antidopage (AMA), seul organisme de référence dans le monde du sport qui envoie cette année des observateurs le long de l'épreuve.

Quant à l'éventuel vélo électrique qui a fait fantasmer le milieu du cyclisme ces dernières semaines, il sera lui aussi traqué. Un scanner, une nouveauté dans l'histoire centenaire du Tour, est attendu à Rotterdam pour débusquer la possible machine infernale.

Objectif prologue pour "Cance"

Comme à Liège en 2004, Londres en 2007 et Monaco en 2009, Fabian Cancellara tentera samedi à Rotterdam de devenir le premier porteur du maillot jaune du Tour de France. Totalement plat, le prologue dans la ville néerlandaise semble tracé pour le Bernois.

S'il creuse un écart conséquent, le coureur de la Saxo Bank pourrait même rester leader de la Grande Boucle pendant la première semaine, comme lors des éditions 2007 et 2009. Pour y parvenir, il pourra aussi compter sur la 3e étape, qui arrivera à Arenberg et qui empruntera certains secteurs pavés de Paris-Roubaix, la reine des classiques chère à "Spartacus".

Dès que les routes deviendront plus montagneuses, Cancellara devrait logiquement se mettre au service de ses leaders, les frères Andy et Frank Schleck. Cette mission sera aussi dévolue au Valaisan Steve Morabito et au Lucernois Mathias Frank, les coéquipiers de Cadel Evans au sein de la formation américano-suisse BMC Racing.

Il en sera de même pour le Zougois Gregory Rast, partenaire de Lance Armstrong chez RadioShack. Cinquième Suisse en lice, Martin Elmiger a été retenu par les Français d'AG2R.

agences /hdel