Sylvain Chavanel (Quick Step) a remporté à Spa la deuxième étape du Tour de France. L'épreuve a été marquée par une série de chutes à l'approche du final et un mouvement de protestation du peloton qui a terminé au ralenti.
Sylvain Chavanel, nouveau maillot jaune désormais, a précédé de près de quatre minutes un premier peloton qui a franchi la ligne à allure réduite, sans disputer le moindre sprint sous la conduite de Fabian Cancellara, maillot jaune au départ de Bruxelles. La plupart des candidats au podium sont arrivés dans ce groupe.
Plusieurs d'entre eux, notamment le Luxembourgeois Andy Schleck, ont chuté dans la descente du col de Stockeu rendue très glissante par la pluie, à une trentaine de kilomètres de l'arrivée.
Andy Schleck, touché à un bras, et son frère Frank se sont retrouvés distancés à plus de trois minutes du groupe de Cancellara après la descente. Le premier peloton, à l'invite du maillot jaune, a ralenti son rythme pour attendre les différents petits groupes, celui de l'Américain Lance Armstrong et de l'Espagnol Alberto Contador, puis celui des frères Schleck.
Dans cette étape de 201 kilomètres durcie par la pluie, Sylvain Chavanel a lancé, dès le 11e kilomètre, une échappée de huit coureurs (avec Pineau, Taaramae, Burghardt, Turgot, Roelandts, M. Lloyd, Gavazzi). Le Français a distancé pour finir le Belge Jurgen Roelandts dans la montée de Stockeu et a creusé ensuite l'écart.
Un accord tacite
Grièvement blessé (fracture à la base du crâne) dans un accident subi à l'arrivée de Liège-Bastogne-Liège fin avril, Sylvain Chavanel a renoué avec la compétition à la mi-juin à l'occasion du Tour de Suisse. A Spa, où son coéquipier Jérôme Pineau a revêtu le maillot à pois du meilleur grimpeur, le Poitevin a endossé le premier maillot jaune de sa carrière.
Agé de 31 ans, l'aîné des frères Chavanel s'est imposé pour la deuxième fois dans le Tour, deux ans après son succès d'étape à Montluçon. "Je n'ai pas pris de risques dans la descente de Stockeu", a déclaré Chavanel. "C'était une descente dangereuse avec forts pourcentages et virages serrés".
Si le vainqueur du jour a marqué les points pour le classement du maillot vert, aucun point n'a été distribué ensuite à partir de la deuxième place après accord intervenu pendant la course. "Cancellara est venu me voir pour me dire qu'il y avait eu assez de bobos aujourd'hui, qu'il y avait des leaders derrière, qu'il n'y aurait pas de sprint pour la deuxième place. C'est un accord tacite. J'en ai parlé au jury des commissaires", a expliqué Jean-François Pescheux. Au classement général, Chavanel précède désormais Cancellara de près de 3 minutes.
"L'équité devait passer avant l'égoïsme"
Fabian Cancellara, à l'origine d'un boycottage du sprint du peloton pour la deuxième place, a expliqué cette action par "l'équité" envers des coureurs pris dans une chute peu avant, dont ses équipiers Frank et Andy Schleck. "Le cyclisme est un sport collectif, les Schleck étaient derrière alors je les ai attendus. L'autre raison est aussi de permettre à tout le monde de revenir", a déclaré Cancellara, dépossédé du maillot jaune par le vainqueur de l'étape Sylvain Chavanel, pour expliquer le ralentissement du peloton après les chutes de plusieurs coureurs dans la descente du col du Stockeu.
"Je pense que l'équité devait passer avant l'égoïsme, c'est pour cela que j'ai parlé à Jean-François Pescheux", le directeur de la course, a-t-il poursuivi. "C'était la bonne chose à faire: attendre pour que tout le monde passe la ligne d'arrivée ensemble. Quand vous avez tout le monde à terre et des coureurs cinq minutes derrière parce qu'ils ne retrouvent pas leur vélo, c'est normal".
Contador a chuté lui aussi
Alberto Contador (Astana) a chuté lui aussi dans la descente de Stockeu. "C'était une vraie folie", a déclaré le vainqueur sortant du Tour qui souffre d'un coup et d'abrasions sur la hanche droite, le genou et le coude. Mais, selon un premier diagnostic des médecins de la formation kazakhe, aucune complication n'est à prévoir.
"Sur cette route, c'était impossible de ne pas tomber", a estimé Contador après l'arrivée à Spa. "J'arrivais à environ 60 km/h et j'ai vu qu'il y avait déjà des coureurs par terre. C'était impossible de passer sans tomber. C'est le pire jour pour que cela arrive car demain (mardi) est une journée très dure sur les pavés. Mais je veux être optimiste", a ajouté l'Espagnol.
Armstrong: "C'était irréel !"
"C'était irréel !", s'est exclamé Lance Armstrong à propos de la descente du col de Stockeu qui a donné lieu à de multiples chutes, à une trentaine de kilomètres de l'arrivée. L'Américain, qui a chuté lui aussi, a déclaré avoir été touché à la hanche. "De la peau arrachée, quelques bleus, ce n'est pas grave", a estimé le septuple vainqueur du Tour.
"La route était très glissante, il n'y avait pas moyen de rester en selle, a expliqué le Texan. Avec tout ce monde par terre, c'était complètement irréel. Quand je suis remonté à vélo, j'ai dépassé des coureurs qui étaient tombés. C'était un peu comme à la guerre. Tout le monde a peur, dans ces cas-là, surtout dans des descentes à cette vitesse", a ajouté Armstrong qui a franchi la ligne d'arrivée en même temps que la quasi-totalité de ses adversaires pour le classement général.
"Rien de grave" pour les frères Schleck
Les frères luxembourgeois Frank et Andy Schleck, qui ont tous deux chuté, ne souffrent d'aucune blessure "grave" et n'ont "pas besoin" de passer des radios, a indiqué le manager de l'équipe Saxo Bank, Bjarne Riis.
"Ils ont un peu mal mais ça va, rien de grave. Ils ont le médecin avec eux ça va. Ils n'ont pas besoin de radio", a indiqué Riis après l'arrivée. Frank et Andy Schleck ont chuté, comme de nombreux coureurs, dans la descente très glissante du col du Stockeu (3e catégorie) à une trentaine de kilomètres de l'arrivée à Spa.
Robert Gesink, l'un des victimes des nombreuses chutes de la deuxième étape du Tour de France, souffre d'une fracture du cubitus. Le grimpeur néerlandais de 24 ans avait déjà dû abandonner sur chute la Grande Boucle 2009 dès la première semaine lors lors de sa première participation à l'épreuve.
agences/dbu
Tour de France. 2e étape
Bruxelles-Spa, 201km
1. Sylvain Chavanel FRA 4h40'48"
Moyenne: 42,9 km/h
2. Maxime Bouet FRA + 3'56"
3. Fabian Wegmann GER 3'56"
4. Robbie McEwen AUS 3'56"
5. Christian Knees GER 3'56"
6. Jurgen Roelandts BEL 3'56"
7. Thor Hushovd NOR 3'56"
8. Linus Gerdemann GER 3'56"
9. Matthieu Ladagnous FRA 3'56"
10. Bernhard Eisel AUT 3'56"
11. Daniel Moreno ESP 3'56"
12. Fabian Cancellara SUI 3'56"
13. Karsten Kroon NED 3'56"
14. Johan Vansummeren BEL 3'56"
15. José Joaquin Rojas ESP 3'56"
54. Lance Armstrong USA 3'56"
57. Frank Schleck LUX 3'56"
81. Alberto Contador ESP 3'56"
82. Andy Schleck LUX 3'56"
95. Bradley Wiggins GBR 3'56"
112. Martin Elmiger SUI 3'56"
130. Grégory Rast SUI 8'51"
145. Steve Morabito SUI 9'49"
Général
1. Sylvain Chavanel FRA 10h01'25"
2. Fabian Cancellara SUI + 2'57"
3. Tony Martin GER 3'07"
4. David Millar GBR 3'17"
5. Lance Armstrong USA 3'19"
6. Gerraint Thomas GBR 3'20"
7. Alberto Contador ESP 3'24"
8. Tyler Farrar USA 3'25"
9. Levi Leipheimer USA 3'25"
10. Edvald Boasson Hagen NOR 3'29"
16. Alexandre Vinokourov KAZ 3'35"
17. Roman Kreuziger CZE 3'35"
18. Luis Sanchez ESP 3'36"
19. Cadel Evans AUS 3'36"
57. Bradley Wiggins GBR 3'53"
59. Frank Schleck LUX 3'54"
66. Martin Elmiger SUI 3'58"
85. Andy Schleck LUX 4'06"
137. Grégory Rast SUI 9'04"
144. Steve Morabito SUI 9'31"