Rudy Pevenage, l'ancien mentor de Jan Ullrich, a reconnu dans l'Equipe avoir organisé les voyages de son protégé chez le Dr Fuentes, le personnage central de l'affaire de dopage Puerto. Jan Ullrich, seul vainqueur allemand du Tour de France (en 1997), n'a jamais reconnu officiellement s'être dopé.
"Jamais je n'ai acheté ou vendu des produits interdits, j'ai seulement organisé des voyages à Madrid pour Jan chez Fuentes", assure Pevenage, qui reconnaît pour la première fois sa faute dans un long entretien publié jeudi par l'Equipe. "Chez T-Mobile, on avait tout arrêté après 1998 et je peux affirmer que notre équipe était vraiment clean dans les années qui ont suivi l'affaire Festina. (...) Mais, peu à peu, en regardant les résultats, on s'est rendu compte qu'on était en retard sur les autres équipes, surtout les espagnoles et les italiennes", soutient le Belge, ancien directeur sportif de la formation allemande.
"A quoi ça servirait aujourd'hui de continuer à mentir? Mais ce qu'il faut savoir, c'est qu'à ce moment-là, je n'avais pas l'impression de commettre une faute. Je connaissais beaucoup de clients de Fuentes, parmi lesquels des bons coureurs qui, eux, étaient au départ du Tour 2006. J'en connaissais aussi qui se soignaient chez d'autres médecins que Fuentes", affirme Pevenage.
Mon numéro s'était affiché, j'étais démasqué
L'ex mentor d'Ullrich estime avoir commis une erreur pendant le Giro (en mai 2006). Il avait utilisé son téléphone personnel pour annoncer à Fuentes la victoire d'étape d'Ullrich plutôt que d'avoir recours, comme à son habitude, à une carte prépayée avec numéro inconnu: "Les enquêteurs de l'opération Puerto avaient déjà mis Fuentes sur écoute. (...) Mon numéro s'était affiché, j'étais démasqué".
Pevenage, qui continue à voir "de temps en temps" Ullrich, rappelle que l'Allemand avait "en tête d'arrêter sa carrière cette année-là" (2006): "Ca s'est juste fini un tout petit peu plus tôt, poursuit-il. Avec tout l'argent qu'il gagnait, Jan ne pouvait pas se permettre d'être battu par des coureurs de seconde classe. Il était stressé et il prenait même du poids à cause de ça. Aujourd'hui qu'il ne court plus du tout, il est plus maigre qu'en plein milieu de la saison. Le stress a empoisonné sa carrière".
A propos de Lance Armstrong, qui a dominé Ullrich dans le Tour de France de 2000 à 2005, Pevenage qualifie sa "métamorphose", après son cancer, de "tellement extraordinaire": "Je suis toujours convaincu que Jan était nettement plus fort physiquement."
Sanctions disciplinaires possibles
Jan Ullrich, qui a mis fin à sa carrière en 2006, avait été exclu du Tour de France de cette année-là à la veille du départ puis licencié par son équipe T-Mobile à cause de son implication supposée dans l'affaire Puerto. Selon un rapport d'enquête sorti fin 2009 dans la presse allemande, la police allemande a établi qu'il avait consulté Fuentes à 24 reprises entre 2003 et 2006. L'ex-coureur a obtenu en avril 2008 l'abandon des poursuites pour escroquerie (le délit de dopage n'existant pas dans le droit allemand), contre le versement d'une amende de 250 000 euros.
En revanche, Ullrich est toujours susceptible d'encourir des sanctions disciplinaires. L'UCI a fait appel en mars dernier devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) de la décision du comité olympique suisse de clore la procédure pour dopage contre lui.
agences/ggol