Le duel entre Alberto Contador et Andy Schleck se précise

Le duel se précise entre Alberto Contador et Andy Schleck, les deux premiers du Tour de France 2009, appelés à s'affronter dans les grands cols alors que les Alpes sont à peine abordées.

Les étapes du nord, les pavés et deux cols de première catégorie ont commencé à éclaircir la hiérarchie. C'est un peloton fatigué, couvert de pansements, marqué tant par la chaleur que par le stress de la première semaine, qui a fait halte, lundi, dans la station ensoleillée de Morzine-Avoriaz (Haute-Savoie). Le temps de reprendre quelques forces pour franchir les Alpes puis, à la fin de la semaine, s'attaquer aux Pyrénées.

Grand perdant des neuf premiers jours de course, Lance Armstrong a dit adieu à son espoir d'un nouveau podium. Des chutes en série l'ont rejeté à près d'un quart d'heure, lui qui a bouclé sans avoir mis une seule fois pied à terre la quasi-totalité de ses (sept) Tours de France victorieux. A rebours, la troisième place du vétéran américain (38 ans) en juillet dernier prend un tout autre relief.

D'autres, qui ont aussi reculé dès l'entrée dans les Alpes, sont amenés à revoir leurs plans. Le Britannique Bradley Wiggins a sérieusement plafonné dans la montée d'Avoriaz, où le quatrième du Tour 2009 a dû laisser partir une douzaine de coureurs. Deux des lieutenants d'Armstrong, le Slovène Janez Brajkovic et sans doute l'Allemand Andreas Klöden, ont été mis hors jeu au classement général.

Contador reste-t-il le favori du Tour?

Oui, mais... Troisième du classement, l'Espagnol n'est devancé que par Evans (1 min 01 sec) et Schleck (40 sec). Autant dire des écarts sous contrôle, surtout par rapport au programme, beaucoup de montagne et un contre-la-montre de 52 kilomètres, qui attend les coureurs avant l'arrivée du 25 juillet.

En montagne, Contador dispose normalement de ressources supérieures à celles d'Evans. Tenace, accrocheur, le champion du monde mérite le respect pour savoir se surpasser et ne rien lâcher à ses adversaires. Mais le souvenir récent du Giro -sur des cols certes plus raides souligne ses limites sur les pourcentages les plus pentus.

 Pour l'Australien, une inconnue supplémentaire s'ajoute à cause de sa chute, dimanche, à la sortie des Rousses. En 2008, il avait dissimulé -c'est de bonne guerre !le handicap provoqué par une semblable mésaventure dans les Pyrénées. "Ce n'est pas la même chose. La situation est sous contrôle", a assuré Evans qui dit avoir appris à "rester calme" de l'expérience passée.

Par rapport à Andy Schleck, sur lequel il a perdu 10 secondes dans les 800 derniers mètres d'Avoriaz -"j'ai sous-estimé l'importance du vent", a estimé l'Espagnol-, Contador bénéficie d'un bonus lié à ses qualités de rouleur. De quelle hauteur ? Andy Schleck s'est refusé à la chiffrer précisément mais un chiffre -une minute - a transpiré de ses propos.

L'évaluation peut être raisonnablement doublée au vu des performances de chacun. Mais, pour le vainqueur sortant, l'objectif consiste d'abord à contenir le Luxembourgeois en montagne, à redevenir l'irrésistible grimpeur de l'année passée.

Qui peut troubler le match?

En plus d'Evans, deux duos, formés d'un leader expérimenté et d'un jeune talent, sont présents dans le match. L'Italien Ivan Basso et le Tchèque Roman Kreuziger d'une part, le Russe Denis Menchov et le Néerlandais Robert Gesink d'autre part.

De ce groupe, c'est peut-être Basso, le plus éloigné à Morzine-Avoriaz, Basso (13e à 2 min 41 sec), qui possède le plus de chances d'être le mieux classé à Paris. Le vainqueur du dernier Giro est un coureur de grand fond qui a prévenu avant le départ: "C'est dans les Pyrénées que je serai à mon maximum."

Il reste encore Levi Leipheimer, le dernier lieutenant d'Armstrong, toujours en position de peser sur la course. Mais quel sera le ressort de l'Américain dans une équipe bouleversée par la défaillance de son boss ? Armstrong, si longtemps maître du jeu, a annoncé vouloir "profiter" désormais de son dernier Tour, avoir du plaisir. Au crépuscule, sans doute définitif, de sa carrière.

Contador: "J'admire Armstrong plus qu'avant"

Alberto Contador a déclaré lundi continuer admirer Lance Armstrong, "peut-être plus qu'avant", au lendemain de la défaillance de son ancien coéquipier et rival dans le Tour de France.

"Quand j'ai vu (dimanche soir) l'étape à la télévision, j'ai pensé à tout ce qu'il avait accompli dans sa carrière", a expliqué l'Espagnol lors de la journée de repos à Morzine-Avoriaz. "Il a été accablé par la malchance mais on n'aime pas voir ça pour un champion. Il reste l'admiration que je continue à avoir pour lui, et maintenant peut-être plus qu'avant", a ajouté Contador.

Armstrong a terminé attardé, après deux chutes, la 8e étape du Tour dont il occupe désormais la 39e place du classement général, à plus de 13 minutes du leader (Evans). L'année passée, Contador et le septuple vainqueur du Tour avaient mené une cohabitation tendue au sein de la même équipe (Astana). L'Espagnol avait gagné la Grande Boucle et l'Américain était monté sur le podium (3e).

afp/alt