Christophe Riblon premier vainqueur des Pyrénées. Schleck reste en jaune

Le Français Christophe Riblon (AG2R La Mondiale) a remporté en solitaire la 14e étape du Tour de France, dimanche, à Ax-3 Domaines, où il a mené à bon port une longue échappée. Le Luxembourgeois Andy Schleck (Saxo Bank), qui a étroitement marqué son suivant, l'Espagnol Alberto Contador, a conservé le maillot jaune de leader après cette première journée pyrénéenne durant laquelle il a fait jeu égal avec son rival.

Schleck et Contador se marquent

Sur la ligne d'arrivée, dans la station située à l'altitude de 1372 mètres, Riblon a conservé 54 secondes d'avance sur le Russe Denis Menchov et l'Espagnol Samuel Sanchez, le champion olympique sur route de Pékin. Menchov et Samuel Sanchez ont mis à profit le marquage entre Andy Schleck et Contador qui ont ralenti dans la montée finale, et laissé partir leurs suivants au général. "Il fallait que je reste dans sa roue. Il y a eu comme une guerre psychologique entre nous", a estimé le Luxembourgeois.

"Dans le passé j'ai déjà commis l'erreur de me mettre devant lui: il partait de derrière et me lâchait. J'ai appris de mes erreurs", a ajouté Andy Schleck, détendu à l'arrivée bien qu'il n'ait rien repris au vainqueur sortant. "On était plus ou moins au même niveau", a reconnu Contador. "On s'est mis d'accord. On a vu qu'il fallait qu'on collabore pour ne pas laisser trop d'écart aux autres". L'Espagnol a ainsi amené le porteur du maillot jaune à rouler pour lâcher finalement 14 secondes sur le duo Menchov-Samuel Sanchez. En revanche, l'Américain Levi Leipheimer a été débordé dans les derniers kilomètres et a reculé d'une place au classement général (7e).

Riblon dernier résistant de l'échappée matinale

Dans cette étape de 184,5 kilomètres, l'échappée de neuf coureurs (Thomas, Zabriskie, Brutt, Van de Walle, Augé, Moinard, Riblon, Vaugrenard, Rolland), formée dès les 25 premiers kilomètres, a abordé le port de Pailhères avec 4 minutes d'avance sur le peloton mené par les équipiers de Contador. Au sommet, distant de 29 kilomètres de l'arrivée, Riblon a basculé avec un avantage d'une quarantaine de secondes sur un autre Français, Amaël Moinard. Dans cette montée classée hors catégorie, fatale à l'Américain Lance Armstrong (plus d'un quart d'heure de retard à l'arrivée), ni Contador ni Andy Schleck n'ont cherché à démarrer.

Riblon a résisté jusqu'au bout dans l'ascension vers la station Ax-3 Domaines (7,8 km à 8,2%), pour enlever pour la première fois, à l'âge de 29 ans, une étape du Tour et signer la quatrième victoire française de ce Tour 2010 après celles de Sylvain Chavanel (2) et de Sandy Casar. "J'avais des sensations mitigées depuis le départ, je n'étais pas content de ce que j'avais fait. Hier soir (samedi), je me suis dit qu'il me restait une semaine pour y aller", a déclaré le Français.

"Dans l'échappée, l'écart a bien grandi puis Astana a commencé à rouler, ça rend ma victoire d'autant plus belle", a ajouté Riblon, dont les progrès lui avaient valu l'an passé d'être retenu en équipe de France pour le Championnat du monde. Le Français s'est aussi signalé sur la piste. Sélectionné pour les JO de Pékin, il a décroché à deux reprises la médaille d'argent de la course aux points dans les Championnats du monde.

Encore une grosse étape au menu lundi

Lundi, la 16e étape s'enfonce dans les Pyrénées centrales et franchit le port de Balès, un col classé hors catégorie. De Pamiers, la ville du compositeur Gabriel Fauré, à Bagnères-de-Luchon, la course escalade le Portet d'Aspet (2e catégorie - Km 105) et se souvient dans la descente de l'Italien Fabio Casartelli, victime d'une chute mortelle voici quinze ans en ce lieu. Après le col des Ares (2e cat - Km 126,5), elle se dirige vers la vallée de la Barousse pour s'attaquer au port de Balès, une longue montée de 19,3 kilomètres (à 6,1%) jusqu'à 1755 mètres d'altitude. Au sommet, à 21,5 kilomètres de l'arrivée, il reste encore à négocier une descente compliquée vers Luchon, ville-étape traditionnelle de la Grande Boucle qui lui a rendu visite à cinquante reprises depuis 1910. La dernière arrivée à Luchon (2600 habitants) date de 1998 (victoire de l'Italien Massi). Départ de Pamiers à 12h15 (lancé à 12h20), arrivée à Bagnères-de-Luchon vers 17h16 (prévision à 38 km/h de moyenne).

"CONTADOR M'A LIVRE UNE GUERRE PSYCHOLOGIQUE"

Andy Schleck, maillot jaune du Tour de France, a expliqué dimanche qu'Alberto Contador lui avait livré "une guerre psychologique" pour le pousser à la faute dans les premiers cols pyrénéens lors de la 14e étape.

Quelle a été votre stratégie lors de cette étape?

ANDY SCHLECK: Aujourd'hui (dimanche) Alberto se sentait bien. S'il avait été mal, j'aurais tenté, mais il était bien. J'étais bien aussi. Il fallait que je reste dans sa roue. Il y a eu comme une guerre psychologique entre nous. Dans l'avant-dernière ascension (Port de Pailhères), son équipe roulait, il était à côté de moi avec Vinokourov. Ils voulaient que je fasse quelque chose. Son équipe voulait me donner l'impression qu'il était mal. Mais dans le passé j'ai déjà commis l'erreur de me mettre devant lui: il partait de derrière et me lâchait. J'ai appris de mes erreurs. La journée d'aujourd'hui (dimanche) ne s'est pas mal passée. Demain (lundi) sera une autre étape avec un style d'ascension différent. On verra mais aujourd'hui (dimanche), c'était la chose à faire.

On vous voit très détendu. Est-ce juste une apparence?

ANDY SCHLECK: C'est vrai que je suis à l'aise et relax. J'ai quand même beaucoup de pression sur les épaules. Aujourd'hui (dimanche), Alberto souhaitait me lâcher mais il n'a pas pu le faire. Ca me donne beaucoup de confiance en moi pour la suite. Je suppose qu'il ne doit pas être heureux parce qu'il espérait prendre le maillot jaune, ou au moins un peu de temps.

Votre tactique défensive n'est-elle pas risquée par rapport à d'autres coureurs en embuscade comme Denis Menchov (4e) ou Samuel Sanchez (3e)?

ANDY SCHLECK: Menchov est toujours à deux minutes. Pour le moment, Menchov et Sanchez ne sont pas un danger au classement général, j'ai encore un peu de temps pour jouer. Et si je veux gagner le Tour, il faut que je prenne des risques. C'est sûr que j'aimerais mieux avoir Armstrong devant moi dans un col que Menchov, parce qu'Armstrong est à 20 minutes (39 minutes, ndlr). Mais aujourd'hui (dimanche) ce n'était pas un danger.

afp/rsch