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Tous contre le controversé Alberto Contador

Andy Schleck (à g.) veut enfin grimper sur la plus haute marche du podium. [Bas Czerwinski]
Andy Schleck (à g.) veut enfin grimper sur la plus haute marche du podium. - [Bas Czerwinski]
Toujours pas blanchi des accusations de dopage pesant sur lui, Alberto Contador sera bien au départ du Tour de France, qui plus est dans la peau de grand favori à sa propre succession. Seul Andy Schleck semble en mesure de venir inquiéter le grimpeur espagnol.

Le Tour de France démarre samedi de Vendée avec l'Espagnol Alberto Contador dans le double rôle de favori indiscutable et de trouble-fête, onze mois après sa troisième victoire dans la Grande Boucle.

L'affaire qui pourrait le priver de ce troisième succès, suite à un contrôle antidopage positif pour lequel il a été acquitté en première instance, attend encore son dénouement (audience début août). Elle pèse lourdement sur le climat de la course même si la présence de l'Espagnol dans le peloton du Tour obéit à une logique sportive et réglementaire. Le "Pistolero" a en effet été hué par le public du Puy-du-Fou lors de la cérémonie de présentation des équipes participant à la Grande Boucle.

Cette année, Contador a déjà couru... et souvent gagné. Dominateur dans le Tour d'Italie en mai, il a surtout cherché à récupérer en juin afin de relever un défi, le doublé Giro-Tour, qui n'a pas été réussi depuis l'Italien Marco Pantani en 1998.

Vainqueur - en principe - de son 3e Tour de France en 2010, Contador vise la passe de 4. [KEYSTONE - Christophe Ena]
Vainqueur - en principe - de son 3e Tour de France en 2010, Contador vise la passe de 4. [KEYSTONE - Christophe Ena]

Redevenu conquérant, Contador a évolué à un niveau supérieur à celui de l'année passée, quand il avait tremblé jusqu'au bout contre le Luxembourgeois Andy Schleck. Durant le printemps, le cadet des Schleck, lui, a préservé ses forces, quitte à laisser une impression mitigée au récent Tour de Suisse.

Andy Schleck enfin ?

Deux fois deuxième (2009, 2010), à chaque fois derrière Contador, le Luxembourgeois veut gagner, avoir le maillot jaune à l'arrivée, pour éloigner la déception de l'année passée quand il s'était incliné de 39'', le temps perdu à la seconde près dans le port de Balès, dans les Pyrénées, à cause d'un problème de dérailleur. Gagner enfin, avec l'appui de son frère aîné Frank, à la tête d'une nouvelle formation (Leopard), alors que Contador porte ses anciennes couleurs (Saxo Bank).

Le Tour se résumerait-il à un duel ? Leurs adversaires préfèrent parler de podium, sans évoquer la marche visée au terme des 3430 kilomètres, le 24 juillet sur les Champs-Elysées, en conclusion des 21 étapes.

Ceux qui l'ont approché l'an passé, l'Espagnol Samuel Sanchez (Euskaltel, 4e), le Belge Jurgen Van den Broeck (Omega Pharma, 5e) et surtout le Néerlandais Robert Gesink (6e), à la tête d'une puissante formation Rabobank, reviennent. Tout comme l'Australien Cadel Evans (BMC), éliminé l'an passé sur chute, l'Italien Ivan Basso (Liquigas) et le Britannique Bradley Wiggins (Sky), en retrait en 2010 à l'image

En l'absence d'un prologue, Cancellara rêve de revêtir le maillot jaune - comme en 2010 - après le clm par équipes. [KEYSTONE - Christophe Ena]
En l'absence d'un prologue, Cancellara rêve de revêtir le maillot jaune - comme en 2010 - après le clm par équipes. [KEYSTONE - Christophe Ena]

des quatre pointes de RadioShack (Klöden, Brajkovic, Leipheimer, Horner) désormais privée du "patron" Lance Armstrong.

Cancellara croit au jaune

Côté suisse, Fabian Cancellara apportera sa puissance et son expérience aux deux frères Schleck. Le Bernois n'a pas perdu tout espoir d'endosser le maillot jaune malgré l'absence d'un prologue pour la deuxième fois depuis 1967. Si le champion de Suisse parvient à limiter les dégâts lors de l'arrivée au Mont des Alouettes le premier jour - qui pourra stopper Philippe Gilbert ? - il pourrait retrouver la couleur jaune à la faveur du contre-la-montre par équipes de 23 km du deuxième jour.

Chez BMC, Steve Morabito doit épauler Cadel Evans dans la montagne. L'Australien a placé le Valaisan dans sa garde rapprochée. Ce dernier a dû renoncer au Tour de Suisse pour disputer le Critérium du Dauphiné qui possédait quelques similitudes avec la Grande Boucle cette année. Michael Schär effectuera son travail d'équipier au sein de la formation BMC. De son côté, David Loosli a été appelé en dernière minute pour venir prêter main forte à son leader Damiano Cunego, qui place de grands espoirs dans le Tour 2011.

Un parcours varié

Le parcours du Tour 2011 aborde le plus de terrains possibles, de la sortie du passage du Gois samedi à la parade sur les Champs-Elysées le 24 juillet. Pyrénées et Alpes, pour le centenaire de la première ascension du Galibier, restent les immuables temps forts. Mais les organisateurs cherchent de plus en plus à varier les éléments, surtout dans la première des trois semaines de course, avant la haute montagne.

 "C'est ce que nous avons tenté de faire cette année", explique le directeur du Tour Christian Prudhomme. "Il y a des arrivées de plaine (Redon, lundi) faites pour les sprinters purs genre Cavendish, des montées avec une pente peu prononcée comme au Mont des Alouettes (samedi) pour des sprinters puncheurs type Hushovd, des pentes plus prononcées (Mûr-de-Bretagne, mardi) pour des coureurs comme Philippe Gilbert".

Adepte du changement afin de bousculer les habitudes des équipes, aux stratégies souvent

Mark Cavendish devrait à faire parler la poudre lors des sprints. [KEYSTONE - Carlo Ferraro]
Mark Cavendish devrait à faire parler la poudre lors des sprints. [KEYSTONE - Carlo Ferraro]

stéréotypées, le directeur du Tour a renoncé, comme en 2008, au traditionnel prologue ou contre-la-montre d'ouverture. Un seul "chrono" est prévu, à Grenoble, à la veille de l'arrivée, sur un tracé sélectif testé au récent Dauphiné.

Pas de bonifications

En l'absence de bonifications d'arrivées, le classement de la première semaine risque de dépendre étroitement du contre-la-montre par équipes des Essarts, dimanche prochain, bien que la distance soit limitée à 23 kilomètres. A moins que le vent ("l'élément le plus important après la montagne", rappelle Prudhomme) soit utilisé pour jouer un mauvais tour à quelques favoris.

Les premiers reliefs interviennent à partir de la neuvième étape (Super-Besse). Le Tour passe deux jours dans le Massif central, suivis d'un répit de deux jours dans le Tarn, et aborde le 14 juillet ses premiers sommets (l'inédite Hourquette d'Ancizan, le Tourmalet, Luz-Ardiden).

L'Aubisque, située à distance de l'arrivée, devrait peser moins que le Plateau de Beille, la grande ascension de l'Ariège qui conclut le triptyque pyrénéen le 16 juillet. Les Alpes, elles aussi, se répartissent sur trois journées après la transition entre les deux massifs (Montpellier, repos, Gap).

Au lendemain de l'étape italienne de Pinerolo, le Tour s'attaque à trois sommets. Agnel, le majestueux col-frontière à l'altitude de 2744 mètres - le "toit" de cette 98e édition -, Izoard et Galibier forment une trilogie hors catégorie. Mais le maillot jaune aura tout à craindre de la journée du lendemain.

En 109 kilomètres, la course franchit le Galibier, escaladé cette fois par le versant nord, le plus raide, suit la longue descente vers Bourg-d'Oisans et rejoint les hauteurs de l'Alpe d'Huez, pour la quatrième arrivée au sommet de l'épreuve. De quoi ravir les grimpeurs.

agences/rou

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Le Tour de France en chiffres

0: les bonifications en temps
1: le numéro du dossard attribué à Alberto Contador, vainqueur sortant
2
: les jours de repos (11 et 18 juillet)
3: les départs précédents de Vendée
4: les arrivées au sommet (Luz-Ardiden, Plateau de Beille, Galibier, Alpe d'Huez)
5: les équipes françaises au départ
6h30: le temps de présence moyen des spectateurs sur le bord de la route (6h00 en plaine, 7h45 en montagne)
7: les ambulances
8: les tours du circuit des Champs-Elysées, le 24 juillet
9: les coureurs présentés par chaque équipe
10: les étapes de plaine
12: en millions, le nombre de cadeaux distribués par la caravane publicitaire
22: les équipes en lice
23: les cols de cette édition (hors catégorie, première et deuxième catégories
42,5 km: les contre-la-montre individuels
47: les motocyclistes de la Garde Républicaine qui encadrent le Tour
7
7: les cols et côtes répertoriés
95 km: la distance de l'étape en ligne la plus courte du Tour (Créteil - Paris)
98: le numéro de l'édition du Tour 2011
160: les véhicules de la caravane publicitaire
190: les pays qui retransmettent le Tour
198: les coureurs en lice
226,5 km: l'étape la plus longue (Montargis - Gueugnon)
300:
le total des accompagnateurs pour les équipes
400 euros: le prix minimum reçu par tout concurrent ayant terminé la course
650: les médias représentés (en 2010)
2400: les journalistes, consultants et photographes (en 2010)
2744 m: l'altitude du col d'Agnel, "sommet" de cette édition
3430 km: la distance totale
8000 euros: le prix pour un succès d'étape
20'000 euro
s: la prime au coureur le plus combatif de l'épreuve
450'000 euros: le chèque remis au vainqueur final
3'412'546 euros: la dotation totale du Tour de France 2011.

Les équipes en bref

AG2R:i Roche et Péraud sont les leaders mais l'équipe française possède d'autres atouts pour les succès d'étapes (Gadret, Riblon).

Astana: Vinokourov rêve du maillot jaune pour sa dernière apparition, son équipe est bâtie pour l'aider.

BMC:i Evans, malchanceux l'an passé, veut remonter sur le podium. Steve Morabito et Michael Schär devront l'y aider dans leur rôle de fidèles équipiers

Cofidis:i Moncoutié retrouve le Tour après une parenthèse d'un an. Taaramae joue le maillot blanc, Dumoulin le succès d'étape.

Europcar:i Voeckler, en capitaine exemplaire, tire le groupe vers le haut.

Euskaltel:i l'équipe basque est attendue du côté de Luz-Ardiden. Mais Samuel Sanchez, au pied du podium en 2010, peut briller ailleurs.

Française des Jeux: Casar, une valeurs sûre, a pris l'habitude de faire mouche sur le Tour.

Garmin:i Hushovd et Farrar se répartissent les étapes de plaine. Hesjedal et Vandevelde s'occupent du classement général.

HTC:i le train de Cavendish doit l'emmener à conclure le plus souvent possible. Tony Martin vise le top 10.

Katusha:i En l'absence de Rodriguez, place aux Russes. Galimzyanov, Ignatyev et autres Kolobnev sont tournés vers les étapes.

Lampre:i Cunego, rassuré par le Tour de Suisse, cherche l'ouverture, avec notamment David Loosli en soutien. A 37 ans, Petacchi veut encore s'illustrer au sprint.

Leopard:i le groupe, Cancellara inclus, est au service des frères Schleck. Objectif maillot jaune pour l'un des deux, a priori Andy.

Liquigas:i malgré un printemps contrarié, Basso garde une motivation intacte. Szmyd est là pour la montagne, Oss pour la plaine.

Movistar: ifaute de grand leader, l'équipe espagnole s'adapte et se tourne vers les étapes. Attention à Kiryienka et Ventoso.

Omega Pharma:i la première semaine est favorable à Gilbert, la suite à Van den Broeck qui vise la troisième place finale.
Quick Step:i succès d'étape au programme pour l'équipe belge qui fait confiance à Chavanel, nouveau champion de France, et à Boonen, de retour sur le Tour.

Rabobank:i la formation néerlandaise joue à fond la carte Gesink, possible trouble-fête.

RadioShack:i quatre pointes pour l'après-Armstrong. Qui sera le plus performant, entre Brajkovic, Horner, Klöden et Leipheimer ?

Saur-Sojasun:i à 24 ans, Coppel est investi des responsabilités dans la dernière venue des équipes françaises sur le Tour.

Saxo Bank: tout pour Contador, candidat à une quatrième victoire. C'est l'objectif unique de la formation de Riis.

Sky:i Sur sa lancée du Dauphiné, Wiggins pense au top 10 et rêve de podium. Point d'interrogation pour Boasson Hagen, en retrait l'an passé.

Vacansoleil:i pour ses débuts dans le Tour, l'équipe néerlandaise aligne des cartes pour différents terrains (Feillu, De Gendt, Leukemans, Hoogerland).