Cadel Evans met déjà le "Gap" sur Paris

L'Espagnol Alberto Contador a également marqué de son empreinte cette étape prélude à la traversée des Alpes. Le "Pistolero" madrilène est passé à l'attaque dans le col de Manse, à quelque 17 kilomètres de l'arrivée, pour reprendre du temps à ses rivaux. Sous la pluie battante, le vainqueur sortant n'a été accompagné que par l'Australien Cadel Evans et par l'Espagnol Samuel Sanchez.

L'Australien de BMC a pris les devants dans la descente pour précéder ses deux compagnons de 3 secondes sur la ligne d'arrivée, au terme des 162,5 kilomètres. Au classement général provisoire, Contador pointe désormais à 3'42 de Voeckler, qui a une nouvelle fois admirablement résisté, et à 1'57 d'Evans, le mieux placé des favoris.

Le Luxembourgeois Andy Schleck, qui n'avait pu suivre Contador et Evans dans la montée, a été distancé plus encore dans la descente. Il a perdu près d'une minute sur ses rivaux directs.

"Je ne me suis pas senti super quand il (Contador) a attaqué", a reconnu Andy Schleck, dauphin de Contador lors des deux dernières éditions de la Grande Boucle. "L'écart ne veut rien dire, je suis en forme", a ajouté le Luxembourgeois, qui a mis en cause le parcours: "Avec la route mouillée, c'était très dangereux, je ne comprends pas pourquoi ASO (l'organisateur du Tour) fait une arrivée comme ça."

Doublé norvégien à Gap

Pour le gain de l'étape, Hushovd a réglé ses deux compagnons d'échappée, son compatriote Edvald Boasson Hagen et son coéquipier canadien Ryder Hesjedal. Déjà vainqueur à Lourdes de la 13e étape, Hushovd a signé son deuxième succès depuis le départ du Tour, dont il a porté le maillot jaune durant sept jours.

"C'est un peu comme le championnat de Norvège", a souri le champion du monde, acclamé par ses supporteurs habillés des couleurs de son pays. "On a joué la course d'équipe, une tactique parfaite. C'était prévu que Hesjedal parte dans la montée et que je reste dans l'attente. Après, dans le final, je me mettais dans la roue d'Edvald quand Hesjedal attaquait. Ca me désolait un peu car Edvald est un ami, mais c'est la course", a ajouté Hushovd.

La course a commencé à se dénouer seulement après les deux premières heures, marquées par une succession d'attaques (48,9 km/h de moyenne). Un groupe de dix coureurs (Boasson Hagen, Hushovd, Roy, Hesjedal, Ignatyev, Devenyns, Grivko, Marcato, A. Perez, Martin) a fini par trouver l'ouverture et le peloton a laissé faire, hormis la contre-attaque d'un trio (Jeandesboz, Mollema, Dumoulin).

Au pied du col de Manse, la principale difficulté du jour classée en deuxième catégorie, le Russe Mikhail Ignatyev a tenté sa chance. Mais il a été rejoint et dépassé par Hesjedal qui a basculé au sommet avant Boasson Hagen et Hushovd, lesquels l'ont rejoint dans la descente.

Thomas Voeckler: "j'ai affiché mes limites"

- Avez-vous été surpris par l'attaque d'Alberto Contador ?

THOMAS VOECKLER: Je ne m'y attendais pas. Je pensais que ça attaquerait au sommet. C'est sûr, j'ai été surpris. Quand il a attaqué, j'étais dans sa roue et j'y suis allé tout de suite. J'aurais peut-être dû laisser les autres faire (la poursuite). Mais, comme j'étais dans sa roue, j'en ai profité. Je n'ai pas trop de regrets. J'ai suivi, j'ai suivi et puis à un moment, je n'ai plus pu. Pourtant, c'est une montée qui me convient.

- Cela va-t-il freiner l'enthousiasme de ceux qui vous voient gagner le Tour ?

THOMAS VOECKLER: Peut-être oui, j'ai affiché mes limites, sur un terrain qui me convient, alors que je me sentais bien. Je ne vais pas raconter d'histoires, le lendemain d'une journée de repos, etc. Je perds 20 secondes et quand on voit les échéances qui arrivent... C'est sûr, c'est une mauvaise journée pour moi.

- Mais vous prenez du temps à d'autres leaders, candidats au podium...

THOMAS VOECKLER: Je regarde ce qui n'est pas bien plutôt que l'inverse, il ne faut jamais se contenter. C'est vrai que deux coureurs seulement ont pu suivre Contador, ça veut dire que d'autres avaient mal aux jambes comme moi. Pour être sincère, je ne pense pas au podium mais ce ne serait pas bien (de laisser filer). J'aime bien me battre en haut des classements, je ne peux pas être content quand des coureurs me passent devant.

afp/lper