Kreuziger sacré. Freire gagne à Genève

Après sa victoire dans le Tour de Suisse et sa deuxième place
sur la boucle romande l'année dernière, Roman Kreuziger a une
nouvelle fois prouvé qu'il était à l'aise sur les routes
helvétiques.

Un succès mérité

Le Tchèque de la formation Liguigas qui s'était adjugé samedi la
quatrième et avant-dernière étape du Tour de Romandie à
Sainte-Croix (157,5 km) s'est du même coup imposé au classement
général. Dimanche, le dernier tronçon entre Aubonne et Genève
(150,5 km) est revenu au sprint à Oscar Freire
(Esp/Rabobank).



Le succès de Kreuziger dans ce 63e Tour de Romandie n'est que
justice. Lors de la première étape à Fribourg, puis le lendemain
autour de La Chaux-de-Fonds, il était déjà le seul favori à avoir
montré le bout de son guidon. Dans le Jura vaudois, le Champion du
monde juniors 2004 est passé à l'attaque dans la dernière montée
vers Mauborget, classée en première catégorie, et personne parmi
les favoris n'a pu lui répondre. «Après le contre-la-montre par
équipes d'Yverdon-les-Bains (réd: vendredi), on n'avait
pas trop perdu de temps. J'espérais vraiment pouvoir faire la
différence samedi, car c'était l'étape décisive», s'est
félicité le coureur formé en Suisse dès ses quinze ans. «Ce
pays me réussit bien», a-t-il souri.

Objectif Tour de France

Seuls le Russe Vladimir Karpets et l'Estonien Rein Taaramae,
véritable révélation de ce «Romandie», ont semblé pouvoir le priver
de la victoire à Sainte-Croix, mais le Tchèque a surpris tout le
monde en imprimant un rythme très élevé dans le dernier kilomètre.
«Mon équipe a fait un gros travail pour contrôler l'étape. On
avait repéré le profil de cette journée avant de venir ici, on
savait que c'est là que ça allait se jouer», a-t-il
avoué.



La boucle romande figurait en bonne place sur l'agenda du Tchèque,
mais il n'a pas pour autant rangé ses ambitions pour la suite de la
saison: «mon grand objectif de l'année, c'est le Tour de
France» - où il espère un podium sur le long terme -.
«L'équipe est très compétitive et se débrouillera sans moi sur
le Giro. Ensuite je reviendrai pour le Tour de Suisse.»

Oscar Freire voit double

Malgré un coup d'esbroufe de
l'Australien Cadel Evans, parti dans la descente du Marchairuz, et
l'attaque de quatre coureurs tôt dans la journée dont faisait
partie le Suisse Michael Schär (22 ans), l'arrivée sur les Quais de
Genève s'est logiquement jouée au sprint. L'emballage final a une
nouvelle fois profité à Freire, qui a ainsi fêté son deuxième
succès de la semaine après sa victoire à La Chaux-de-Fonds.



Venu sur le Tour de Romandie pour reprendre goût à la compétition
après deux fractures aux côtes subies sur le Tour de Californie en
février, l'Espagnol a remercié son équipe «d'avoir durci la
course pour éliminer ses concurrents. Maintenant je vais me reposer
avant de reprendre la route sur le Tour de Suisse. Je ne devais pas
venir ici, mais je ne regrette pas le déplacement !».
Grand favori en cas d'arrivée groupée, Mark Cavendish a payé au
prix fort le rythme de la Rabobank dans la Vallée de Joux et a
manqué l'explication finale.

Jeunes Suisses dans le coup

La véritable satisfaction de l'épreuve du côté helvétique est
venue de Mathias Frank. Le coureur de 22 ans, qui évolue au sein de
la formation BMC Racing, a pris une belle 8e place à Sainte-Croix
et s'est ainsi installé au 12e rang du classement général.
«J'ai essayé de rester dans les roues de l'Espagnol Alejandro
Valverde ou d'Evans. Alexandre Moss me l'avait conseillé avant
l'étape et tout s'est très bien passé.» Si les Romands sont
plutôt restés en retrait - Le premier d'entre eux, Steve Morabito,
est 24e du général -, la jeune garde helvétique a en revanche pris
date en plaçant le Bernois Marcel Wyss (22 ans lui aussi) au 18e
rang.



Fabian Cancellara s'était quant à lui retiré vendredi soir au
terme du contre-la-montre par équipes, en vue de récupérer au mieux
pour le Giro qui démarre samedi prochain, près de Venise, par ce
même exercice chronométré. Venu pour tester non seulement ses
sensations mais également du matériel sur les routes romandes, le
double médaillé des Jeux de Pékin a pu tirer les enseignements
nécessaires et est parti se reposer dans ses pénates
bernoises.

Chassot: "une belle semaine"

Au
terme de «son» Tour de Romandie, Richard Chassot a fait le bilan de
cette semaine passée à arpenter les routes romandes. Le directeur
de l'épreuve s'est montré très satisfait: «Un beau vainqueur,
une météo idéale et aucune chute», s'est-il félicité.



- Richard Chassot, comment s'est passé ce 63e Tour de
Romandie?

RICHARD CHASSOT:

Je suis très satisfait,
notamment grâce aux conditions atmosphériques. La course a été
belle. On a fait un gros travail de préparation avant et aussi
pendant l'épreuve. Je dis merci surtout aux coureurs, qui ont
vraiment fait la course. Nous avons eu beaucoup de chance, car à ma
connaissance je ne crois pas qu'il y ait eu une seule chute ! Il y
a toujours peu d'étapes au programme de notre épreuve, alors on a
envie que ce soit tous les jours difficile. Le premier matin nous
avons dû changer d'itinéraire, mais on a su s'adapter. Tous les
directeurs sportifs étaient contents et pour nous c'est très
important.



- On a de nouveau découvert des coureurs...

RICHARD CHASSOT:

Ce Tour de Romandie a révélé
cette année le Tchèque Frantisek Rabon et l'Estonien Rein Taaramae,
deux coureurs dont on entendra sûrement beaucoup parler dans le
futur. C'était aussi important que Roman Kreuziger confirme. Il
avait annoncé qu'il venait pour gagner. L'Australien Cadel Evans a
fait la course encore dimanche, l'Espagnol Alejandro Valverde et le
Russe Vladimir Karpets ont essayé. Tous les hommes avaient la bonne
mentalité cette année.

"Le temps des Laurent Dufaux et Pascal Richard est révolu"

- Et les coureurs suisses se sont aussi montrés !



RICHARD CHASSOT: Oui, on a eu Michael Albasini
l'année passée, et Gregory Rast cette année. C'est très important
pour nous et pour les sponsors que les Suisses marchent. On en
tient désormais deux ou trois bons qui sont prêts, dont Steve
Morabito qui était à la hauteur cette semaine. Il aurait été bien
qu'un Romand gagne un étape, mais le temps des Laurent Dufaux et
Pascal Richard est révolu.



- Le contre-la-montre par équipes, une expérience à
renouveler?



RICHARD CHASSOT: Le parcours ne se prêtait
peut-être pas à cet exercice, mais pour les spectateurs comme pour
les téléspectateurs, c'était vraiment très spectaculaire. Le soir
même, les coureurs du Team Columbia m'ont dit être vraiment ravis
de gagner sur un parcours aussi difficile. Il fallait être très bon
pour l'emporter, c'était magnifique. Je pense qu'un «chrono» de ce
type reviendra dans les prochaines années, selon ce qui se passe
sur les autres courses.



- Et la prochaine édition?



RICHARD CHASSOT: Le Tour de Romandie aura lieu du
27 avril au 2 mai, mais on est actuellement en pleine préparation
et je ne peux pas trop en dire. On veut traverser la Romandie de
Porrentruy (prologue) jusqu'à Sion le dernier jour, avec un circuit
alpin lors duquel se décidera le classement général. Ni Genève ni
Lausanne, qui veut faire une petite pause, ne devraient être au
programme. Nous vivrons une petite nouveauté au sujet de laquelle
je ne dirais rien de plus aujourd'hui. Par contre, nous courrons
cette fois un contre-la-montre individuel le vendredi. J'ai très
envie d'aller à Neuchâtel, mais on doit encore discuter...



si/mor