Lance Armstrong a affirmé jeudi que s'il reprenait l'équipe
cycliste Astana, en proie à de sérieuses difficultés financières,
des sponsors seraient intéressés. Le septuple vainqueur du Tour de
France a ajouté qu'il ferait aussi tout ce qu'il peut pour retenir
le coureur espagnol Alberto Contador s'il devient propriétaire de
l'équipe.
Astana reçoit la plus grande partie de ses ressources financières
de la compagnie d'état kazakhe Samruk-Kazyna, mais l'économie du
pays d'Asie centrale est durement frappée par la crise économique
globale et l'équipe n'a pas payé ses employés récemment. "Si on
regarde l'économie et le sponsoring dans le sport... c'est un
moment difficile pour tout ça. Nous avons suscité un intérêt
élevé", a déclaré Armstrong à l'"Associated Press" et à
"Cyclingweekly.co.uk", alors qu'il se prépare à prendre le départ
du Tour d'Italie pour la première fois de sa carrière.
L'ancien champion du monde a précisé que le sponsor viendrait
d'une multinationale basée aux Etats-Unis. "On ne va pas en
trouver un en une semaine et dire, 'Au fait, on a besoin de 10
millions de dollars, s'il vous plaît venez'. Ils ne vont pas sauter
aussi vite", a-t-il dit.
"Le problème ne vient pas de nous, mais des sponsors"
Le vice-président de la fédération kazakhe de cyclisme, Nikolai
Proskurin, semble ouvert à une reprise de l'équipe par Armstrong.
"Je suis en faveur du développement du sport, alors si le
Kazakhstan ne peut pas le faire, alors une autre personne pourrait
reprendre", a déclaré Proskurin. "Nous discuterons de ça
avec le Premier ministre dans les prochains jours. Le problème ne
vient pas de nous, mais des sponsors, qui ne nous ont pas
payés."
Proskurin a refusé de citer les sponsors mais Air Astana a déjà
retiré son soutien. "Nous avons fait tout ce qui était
possible", a-t-il dit, ajoutant qu'il pensait que 5 millions
de dollars avaient été payés à l'équipe cette année. L'équipe
Astana a l'appui direct du président Nursultan Nazarbayev et la
formation jouit d'un fort soutien politique. "Après tout, nous
n'avons pas d'autre projet de cette taille", a ajouté
Proskurin.
Lance Armstrong "s'investit déjà"
Armstrong court gratuitement pour Astana cette saison après une
retraite de trois ans et demi. Sa fondation destinée à la lutte
contre le cancer, Livestrong, pourrait jouer un rôle dans le
recrutement du nouveau sponsor pour l'équipe. "Je m'investis
déjà", a-t-il dit. "Ne pas prendre de salaire est déjà une
sorte d'investissement. Il n'y a pas d'équité, on ne peut pas
posséder quoi que ce soit dans le cyclisme. Vous pouvez dire que
vous possédez une équipe, mais vous ne possédez rien. Quand le
contrat est terminé et que les obligations du sponsor sont
terminées, il ne vous reste rien. Vous vous retrouvez avec des
vélos, des voitures, des bus et des camions."
L'Union cycliste internationale (UCI) pourrait priver Astana de sa
licence ProTour si l'équipe ne règle pas sa situation financière
rapidement, peut-être même avant la fin du Giro le 31 mai.
Armstrong a laissé entendre que personne dans l'équipe n'était
actuellement payé. "Je le saurais si je prenais un chèque car
je serais livide", a-t-il dit. "Je me souviens à l'époque,
il y avait des moments où les (salaires) tombaient avec quelques
jours de retard et ça me rendait fou."
Toujours en quête de sa condition optimale après sa fracture de la
clavicule dans une chute au mois de mars, Armstrong travaillera
pour son équipier Levi Leipheimer pendant le Giro, qui débute par
un contre-la-montre par équipes samedi. La situation financière
d'Astana pourrait motiver l'équipe. "A table, on ne ressent
aucune amertume ou nervosité", a déclaré Armstrong. "La
plupart des mecs sont vraiment professionnels et ils vont faire
leur boulot quoi qu'il arrive. Je pense qu'ils ont bon espoir qu'on
trouve une issue. J'espère qu'ils paieront sinon on trouvera
quelqu'un d'autre."
ap/dbu
Garder Contador à tout prix
S'il hérite de l'équipe, Armstrong fera tout ce qu'il peut pour garder Contador, vainqueur de la dernière édition du Giro et du Tour de France 2007. "Si j'étais le patron de l'équipe ou si je faisais équipe avec Johan (Bruyneel), je voudrais l'avoir dans l'équipe", a dit Armstrong. "Je ne le laisserais pas partir. En aucun cas. Evidemment il faudrait que je le paie, soyons honnête, c'est le meilleur cycliste du moment. Si on veut tenir compte des 5 ou 10 années à venir dans le cyclisme, il faudrait faire tout ce qu'on peut pour le garder."
Un 26e contrôle 2009 pour Armstrong
Armstrong a été testé pour la 26e fois depuis son retour jeudi dans le cadre des contrôles de routine de l'UCI réservés aux 22 équipes engagées sur le Giro. "Il s'agit plus d'une visite médicale", a-t-il commenté. "Ça fait partie du passeport biologique de l'UCI... Seulement du sang, pas de cheveux."
Armstrong a récemment eu maille à partir avec l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) après avoir pris une douche pendant que son entourage vérifiait les accréditations d'un contrôleur venu le tester hors-compétition. Ce dernier avait prélevé des échantillons capillaires.
"Ils n'ont même pas utilisé les cheveux", a poursuivi Armstrong. "Ils ont fait un travail de boucher sur mes cheveux et ne les ont même pas utilisés." L'AFLD s'était en effet contentée de faire analyser les échantillons d'urine et de sang, qui étaient revenus négatifs.