Le Tour d'Italie, qui débute samedi par un contre-la-montre par équipe à Turin et s'achève le 29 mai à Milan, s'apparentera à un chemin de croix.
Pour les 207 participants des 23 formations, ce Giro relèvera de l'exercice de survie avec pas moins de sept arrivées en côte. Les principales difficultés sont concentrées dans les neuf derniers jours. Au menu: les mythiques Grossglockner (Autriche) et Monte Zoncolan, ainsi que l'inédit Monte Crostis et ses 6 km de route en terre battue.
La 15e étape sera le point culminant de cette 94e édition ("Cima Coppi"), avec ses 4566 m de dénivellation à avaler.
Contador en favori
Sur ce parcours extrêmement relevé, Alberto Contador endosse le maillot de grand favori. Mais l'Espagnol fera face à une farouche résistance transalpine, dans ce Giro placé sous le signe du 150e anniversaire de l'unité italienne.
Vicenzo Nibali essayera de contrarier les plans du "Pistolero". "Le succès au Tour d'Espagne fut grand. Mais avec une victoire au Giro, je pourrais vraiment prouver que je suis l'espoir italien pour les grands tours", explique le meneur de la formation Liquigas.
Michele Scarponi, épaulé par ses équipiers de Lampre, voudra aussi barrer la route du Madrilène de la Saxo Bank.
si/lper
Tous les regards tournés vers Tschopp
Côté suisse, sept coureurs seront au départ du Tour d'Italie. Outre Marcel Wyss (Geox) et Oliver Zaugg (Leopard), tous les autres Helvètes rouleront pour BMC, à l'image de Matthias Frank, Danilo Wyss, Martin Kohler, Simon Zahner.
Mais celui vers qui seront tournés tous les regards s'appelle Johann Tschopp. Il y a près d'une année, le Miégeois levait les bras au Passo Tonale au moment d'accomplir un rêve de gosse, de fêter une victoire de prestige dans l'étape reine (20e) du Giro.
Le Valaisan de bientôt 29 ans sort d'un Tour de Romandie réussi et sait qu'il peut encore signer un bel exploit.
"J'ai retrouvé des bonnes sensations"
tsrsport.ch: Vous sortez d'un Tour de Romandie réussi pour BMC avec la victoire finale de Cadel Evans. Comment cela s'est-il passé d'un point de vue personnel?
JOHANN TSCHOPP: Oui, nous sommes vraiment très contents. Et je suis également heureux d'un point de vue personnel. J'ai vécu un début de saison difficile avec une mauvaise grippe. Il m'a fallu du temps pour revenir en forme. Mais au Tour de Romandie, j'ai retrouvé de bonnes sensations. Je suis satisfait de ma course. C'est de bon augure avant le prochain Tour d'Italie.
tsrsport.ch: Le Giro justement. Une épreuve devenue particulière pour vous depuis votre victoire en 2010...
JOHANN TSCHOPP: C'est le plus beau souvenir de ma carrière. J'ai réalisé un rêve. Et la "Cima Coppi" (ndlr: ce prix récompense le coureur qui passe en tête du col le plus élevé du Giro) est une véritable consécration pour un grimpeur.
"J'avais besoin de changement"
tsrsport.ch: Qu'est-ce que ce succès a changé pour vous?
JOHANN TSCHOPP: Il m'a apporté beaucoup de confiance en moi. Je savais que j'en avais les capacités, mais il fallait encore le prouver. Et ce succès m'a également aidé pour signer un contrat.
tsrsport.ch:
... avec BMC. Comment s'est passé votre départ de l'équipe BBox Bouygues Telecom?
JOHANN TSCHOPP: C'était un peu délicat. L'équipe cherchait un nouveau sponsor pour cette année et moi j'espérais signer assez vite. J'avais aussi besoin de changement.
tsrsport.ch: Et donc vous avez opté pour BMC...
JOHANN TSCHOPP: Oui, ça me tenait à coeur de courir pour une équipe suisse. Et j'avais déjà côtoyé Andy Rihs (ndlr: co-propriétaire de BMC) lorsque j'évoluais avec Phonak entre 2004 et 2006. Il était d'ailleurs présent lors de ma victoire sur le Giro. Cela m'assurait aussi de rouler avec de l'excellent matériel.
"Je sais que j'ai les capacités pour gagner"
tsrsport.ch: Comment votre équipe aborde le Giro après les mises à pied d'Alessandro Ballan et de Mauro Santambrogio pour leur implication présumée dans une affaire de dopage?
JOHANN TSCHOPP: C'est dommage évidemment. C'est toujours bien d'avoir des Italiens dans l'équipe pour le Tour d'Italie. Mais voilà, BMC misera donc sur la jeunesse. Sans leader désigné, chacun aura sa carte à jouer. Je n'ai aucune idée de ce qu'il se passe exactement dans cette affaire. Je côtoie ces deux personnes et je les apprécie.
tsrsport.ch: Et d'un point de vue personnel, vous visez une nouvelle victoire d'étape, la "Cima Coppi", encore?
JOHANN TSCHOPP: Je ne veux pas me mettre trop de pression. Il y aura beaucoup d'étapes de montagne, c'est idéal pour un grimpeur. Mais ce sera très difficile et je ne veux pas me focaliser sur une étape particulière. Beaucoup de facteurs entrent en jeu pour pouvoir gagner. Il faut être en excellente condition physique. Il faut bien sentir la course, pouvoir prendre la bonne échappée et avoir de la réussite. Je sais que j'ai les capacités pour gagner, mais ce sera dur. Je vais prendre une étape après l'autre.
"Je reste fidèle à moi-même"
tsrsport.ch: Allez-vous participer au Tour de France?
JOHANN TSCHOPP: Non, ce n'est pas prévu. Ce sera une équipe spéciale pour Cadel Evans. Elle sera composée de coureurs avec lesquels il est habitué à évoluer. Et c'est difficile de vraiment bien préparer le Tour de France en participant au Giro.
tsrsport.ch: Et qu'en est-il des JO de Londres, vous y pensez?
JOHANN TSCHOPP: C'est un peu trop loin. Je n'ai pas été retenu l'année dernière pour les Mondiaux et j'ai été déçu. La décision s'est sans doute faite en raison de mon profil. Les courses d'un jour ne sont pas ma spécialité. Je suis beaucoup plus à l'aise dans les courses par étapes.
tsrsport.ch: Vous êtes connu pour votre souci de l'écologie également...
JOHANN TSCHOPP:
Je reste fidèle à moi-même. Je n'aspire pas à être un exemple, mais j'essaie de faire attention et je ne suis pas le seul. Je mets les déchets dans les poches plutôt que de les balancer. Je jette les bidons là où il y a des gens. S'il y a des enfants, ils seront en plus heureux de pouvoir les ramasser.
tsrsport.ch: Vous favorisez également les médecines naturelles...
JOHANN TSCHOPP: Je ne suis pas contre les médicaments. Mais quand je peux, j'utilise au maximum l'homéopathie, la phytothérapie. Cela me permet de me sentir bien, d'aller vers le naturel. Le sport fait partie de la santé. C'est plus délicat dans le sport de compétition, mais je suis convaincu qu'en conservant une très bonne hygiène, on peut finir sa carrière en très bonne santé.
Propos recueillis par Ludovic Perruchoud
Giro 2011, le parcours
7 mai: 1ère étape Venaria Reale - Turin, 19,3 km (contre-la-montre par équipes)
8 mai: 2e étape Albe - Parme, 244 km
9 mai: 3e étape Reggio-Emilia - Rapallo, 173 km
10 mai: 4e étape Quarto dei Mille - Livourne, 216 km
11 mai: 5e étape Piombino - Orvieto, 191 km
12 mai: 6e étape Orvieto - Fiuggi, 216 km
13 mai: 7e étape Maddaloni - Montevergine di Mercogliano, 110 km
14 mai: 8e étape Sapri - Tropea, 217 km
15 mai: 9e étape Messine - Etna (refuge de la Sapienza), 169 km
16 mai: repos
17 mai: 10e étape Termoli - Teramo, 159 km
18 mai: 11e étape Tortoreto Lido - Castelfidardo, 144 km
19 mai: 12e étape Castelfidardo - Ravenne, 184 km
20 mai: 13e étape Spilimbergo - Grossglockner (Autriche), 167 km
21 mai: 14e étape Lienz (Autriche) - Monte Zoncolan, 210 km
22 mai: 15e étape Conegliano - Gardeccia Val di Fassa, 229 km
23 mai: repos 24 mai: 16e étape Belluno - Nevegal, 12,7 km (contre-la-montre individuel en côte)
25 mai: 17e étape Feltre - Tirano 230 km
26 mai: 18e étape Morbegno - San Pellegrino Terme, 151 km
27 mai: 19e étape Bergame - Macugnaga, 209 km
28 mai: 20e étape Verbania - Sestrières, 242 km
29 mai: 21e étape Milan - Milan, 31,5 km (contre-la-montre individuel)
Distance totale: 3524,5 kilomètres
Principales difficultés
7e étape (arrivée à Montevergine di Mercogliano)
Montevergine di Mercogliano (1260 m d'altitude): 17,1 km à 5 %
9e étape (Etna, refuge Sapienza)
Etna, refuge Citelli (1631 m): 18 km à 6,1 %
Etna, refuge Sapienza (1892 m): 19,4 km à 6,2 %
13e étape (Grossglöckner)
Passo di Monte Croce Carnico (1336 m): 10,4 km à 4,9 %
Iselsbergpass (1209 m): 8,5 km à 6,5 %
Grossglöckner, Kasereck (1908 m): 13,6 km à 6,3 %
14e étape (Monte Zoncolan)
Monte Crostis (1982 m): 14 km à 10,1 %
Monte Zoncolan (1730 m): 10,1 km à 11,9 %
15e étape (Gardeccia)
Piancavallo (1290 m): 13,7 km à 8,3 %
Forcella Cibiana (1530 m): 10,2 km à 7 %
Passo Giau (2236 m): 15,9 km à 6,5 %
Passo Fedaia (2057 m): 13,4 km à 7,9 %
Gardeccia (1948 m): 6,2 km à 10 %
16e étape (Nevegal, contre-la-montre)
Nevegal (1047 m): 7,3 km à 8,2 %
17e étape (Aprica)
Passo del Tonale (1883 m): 15,2 km à 6 %
19e étape (Macugnaga)
Mottarone (1341 m): 13,8 km à 6,2 %
Macugnaga (1360 m): 28,2 km à 3,9 %
20e étape (Sestrières)
Colle delle Finestre (2178 m): 18,5 km à 9,2 %
Sestrières (2035 m): 16,2 km à 3,8 %
Giro, les derniers vainqueurs
2010: Ivan Basso (ITA)
2009: Denis Menchov (RUS)
2008: Alberto Contador (ESP)
2007: Danilo Di Luca (ITA)
2006: Ivan Basso (ITA)
2005: Paolo Savoldelli (ITA)
2004: Damiano Cunego (ITA)
2003: Gilberto Simoni (ITA)
2002: Paolo Savoldelli (ITA)
2001: Gilberto Simoni (ITA)
2000: Stefano Garzelli (ITA)
1999: Ivan Gotti (ITA)
1998: Marco Pantani (ITA)
1997: Ivan Gotti (ITA)
1996: Pavel Tonkov (RUS)
1995: Tony Rominger (SUI)