L'Espagnol Alberto Contador, en démonstration dans le Grossglockner, a assommé ses adversaires du Tour d'Italie lors de la 13e étape remportée par le grimpeur vénézuélien Jose Rujano. A l'arrivée dans le grand col autrichien, le porteur du maillot rose s'est gardé de disputer le gain de l'étape à Rujano,
le seul qui avait gardé le contact avec lui dimanche dernier sur les pentes de l'Etna.
Il est vrai que son avance au classement général, plus de trois minutes sur les Italiens Vincenzo Nibali et Michele Scarponi, l'autorise à négliger quelques secondes supplémentaires de bonification. Sous la pluie fine qui a refroidi l'atmosphère à la fin de cette étape de 167 kilomètres, la seule hors d'Italie -une bizarrerie pour le 150e anniversaire de l'unité du pays !-, Contador a réalisé un numéro de haut vol.
Le show de Contador
Il a attaqué à 8,5 kilomètres de l'arrivée après quelques banderilles posées par Rujano, déjà lui, puis par l'Italien Michele Scarponi et le grimpeur espagnol Igor Anton, dont l'équipe basque a beaucoup travaillé pendant l'étape pour contrôler une échappée de 16 coureurs. En démarrant sur la partie la plus raide de l'ascension, Contador a asphyxié ses rivaux. Dans une copie de la montée de l'Etna, Scarponi a tenté de suivre mais a eu la prudence de baisser de rythme.
L'Italien a préféré grimper au niveau du premier groupe d'une dizaine de coureurs qui a dû laisser sortir ensuite les deux Français de l'équipe AG2R La Mondiale, John Gadret et Hubert Dupont. Gadret (3e), le vainqueur de la 11e étape à Castelfidardo, et Dupont (4e),
qui n'avait jamais été encore à pareille fête, se sont adjugés les accessits. Mais à près d'une minute et demie du duo de tête qui a continué à augmenter son avance sur la partie plus roulante grimpant vers l'arrivée, à 2137 mètres d'altitude.
Le Zoncolan au menu
La prochaine étape (210 km à partir de Lienz) emprunte, en effet, la descente très redoutée du Monte Crostis, une route très étroite et vertigineuse, avant d'attaquer le Zoncolan, l'une des montées les plus dures d'Europe. "C'est une ascension type pour les grimpeurs", a souligné Rujano, un poids léger (49 kg pour 1,62 m) qui n'avait plus été à ce niveau depuis le Giro 2005, quand il avait gagné l'étape de Sestrière et pris la troisième place du classement final. "J'ai eu beaucoup de problèmes, de santé et personnels", a éludé le Vénézuélien de 29 ans pour expliquer cette longue parenthèse jusqu'à son succès au Tour de Colombie 2009, prélude à son retour cette saison dans l'équipe de ses débuts sous la direction de Gianni Savio.
Sauf accident, Contador ne semble plus avoir qu'un seul adversaire (une suspension rétroactive du Tribunal arbitral du sport qui se prononcera en juin) pour l'empêcher de gagner une deuxième fois le Giro, trois ans après son premier succès.
agences/lper
Giro, 13e étape
Spilimbergo-Grossglockner (167 km)
1. Jose Rujano VEN 4h45'54"
2. Alberto Contador ESP + 0"
3. John Gadret FRA 1'27"
4. Hubert Dupont FRA 1'29"
5. Igor Anton ESP 1'29"
6. Roman Kreuziger CZE 1'36"
19. Johann Tschopp SUI 2'42"
48. Marcel Wyss SUI 7'26"
112. Simon Zahner SUI 18'56"
116. Danilo Wyss SUI 18'56"
150. Mathias Frank SUI 20'43"
Classement général
1. Alberto Contador ESP 49h40'58"
2. Vincenzo Nibali ITA + 3'09"
3. Michele Scarponi ITA 3'16"
4. David Arroyo ESP 3'25"
5. Roman Kreuziger CZE 3'29"
6. Konstantin Sivtsov BLR 3'53"
20. Johann Tschopp SUI 7'34"
48. Marcel Wyss SUI 30'05"
69. Mathias Frank SUI 52'03"
119. Danilo Wyss SUI 1'22'31"
139. Simon Zahner SUI 1'35'00"
Déclarations
ALBERTO CONTADOR (ESP/Saxo Bank): "C'était très dur. Heureusement, les jambes répondaient bien. Je suis très content des écarts qui sont faits. Même s'il reste des étapes dures d'ici la fin..."
HUBERT DUPONT (FRA/AG2R La Mondiale): "C'est énorme ! C'est la première fois que je termine une étape de montagne à ce niveau. J'ai été distancé dans la première partie de la montée (du Grossglöckner) et, quand je suis revenu, je me suis dit 'perdu pour perdu, autant aller à l'avant'. Ca a permis à John (Gadret) de revenir. Contador ? il est très fort. En plus, il sait tirer profit de ce que font les autres équipes. Il sera dur à battre..."