Entrée dans une ère technologique avec les fameuses combinaisons
en polyuréthane, la natation a choisi de revenir à ses fondamentaux
avec le retour au simple bermuda en tissu pour une nouvelle
génération de nageurs plus fins et au geste technique pur.
245 records du monde battu depuis février 2008
1999, Istanbul. Derrière les plots se présentent des nageurs
équipés d'une combinaison première génération où les jambes ne sont
pas couvertes. Un an après, à Sydney, l'Australien Ian Thorpe
remporte son premier titre olympique vêtu d'une combinaison
intégrale.
2009, toujours Istanbul. La quasi-totalité des nageurs profitent
de la dernière compétition internationale où l'utilisation des
combinaisons est autorisée pour porter à 245 le nombre de records
du monde battus depuis février 2008, date à laquelle le
polyuréthane (un type de "Néoprène" favorisant la flottabilité)
fait son apparition dans le vêtement, en infraction avec les
règlements en vigueur.
La Fédération internationale (Fina), dépassée par les événements
et incapable d'imposer des solutions cohérentes, a finalement
décidé de mettre, au 1er janvier, un terme à sa révolution
technologique, qui a propulsé sa discipline sur le devant de la
scène.
Les nageurs massifs ou de moins bon niveau favorisés
Grâce à la combinaison, une multitude
de jeunes nageurs, encore inexpérimentés, a pu rivaliser avec les
meilleurs. "Ce sont des nageurs d'un niveau moindre qui profitent
plus de l'avantage technologique qui joue sur de la flottabilité,
ce qu'on travaille par une qualité physique de gainage et
d'endurance physiologique supérieure aux autres, par une endurance
technique. Ce sont les principes fondamentaux de la natation",
explique Denis Auguin, entraîneur du champion olympique du 100 m
nage libre, Alain Bernard. Les forts gabarits ont été plus
avantagés par la combinaison qui a comprimé leur masse, qui génère
leur puissance.
En 2010, les nageurs massifs seront en difficulté et ceux aux
qualités aquatiques devraient mieux s'en sortir, selon les
spécialistes. "Pour les nageurs physiques, qui ont moins de
sensations, moins de feeling dans l'eau, ce sera plus difficile",
suppose Maxime Cornillier, entraîneur de Frédérick Bousquet,
détenteur du record du monde du 50 m libre.
Il faudra réapprendre à nager en 2010
Pour le technicien et préparateur physique, il va falloir
"retravailler sur les sensations de bases de l'homme avec l'eau,
les sensations primaires. Il ne faudra pas qu'ils soient trop
volumineux non plus. Un bon compromis entre graisse et muscle". Il
faudra également revenir à un travail de récupération, compensé ces
dernières années par le gainage de la combinaison. A l'arrivée
d'une course, les nageurs en combinaisons sont moins
fatigués.
"On ne pourra plus se permettre du surpoids. La force, il en
faudra mais il faudra beaucoup de fitness et de l'endurance de
force pour finir les courses. On va revoir des athlètes
longilignes, fins et affûtés", prévient Frédéric Vergnoux, qui
entraîne le vice-champion olympique 2008 du 50m libre, Amaury
Leveaux.
Et en 2010, il faudra prendre du plaisir à nager moins vite...
"C'est vrai que la combinaison aide à aller plus vite mais aide
aussi à plus de spectacle dans l'eau", lance Bousquet, l'un des
rares à assumer sa préférence pour la "combi". "J'ai toujours dans
un petit coin de ma tête, un petit grain de folie qui me fait
penser que c'est du temporaire".
afp/rsch