Modifié

Sarkozy s'empare de la reconstruction du foot français

De retour en France, Thierry Henry rencontrera Nicolas Sarkozy.
Henry a-t-il conservé le sourire après l'entretien avec le président?
Face à l'image désastreuse laissée par les psychodrames des Bleus à la Coupe du monde, Nicolas Sarkozy s'est emparé du dossier de la reconstruction du football français. Il a reçu jeudi Thierry Henry, une intervention inédite du pouvoir dans le monde sportif.

Après son fiasco au Mondial, l'équipe de France est arrivée jeudi à l'aéroport du Bourget (région parisienne), protégée par un dispositif de sécurité.  Peu de supporters étaient venus exprimer leur rancoeur. Thierry Henry s'est ensuite rendu à l'Elysée pour un entretien avec Nicolas Sarkozy. Le président français a annulé une rencontre avec des ONG  de développement avant le sommet du G20 pour recevoir le footballeur.

Selon la présidence, l'entretien entre Nicolas Sarkozy et le joueur du FC Barcelone, jamais titularisé lors des trois seuls matches joués par les Bleus, est d'ordre "privé", et rien ne devrait filtrer de leurs discussions, du moins côté Elysée. Jeudi matin, lors du petit-déjeuner hebdomadaire de la majorité à l'Elysée, Nicolas Sarkozy a répété que ce rendez-vous avait été fixé "à la demande" du joueur. Il s'agit de la première rencontre en tête-à-tête entre le chef de l'Etat et le joueur le plus "capé" (122 sélections) et le plus prolifique (51 buts) de la sélection tricolore.

Un véhicule de Sarkozy va chercher Henry

Fan de foot, le président français a suivi de près la débâcle sportive de l'équipe de France, marquée par une fronde historique des joueurs contre leur encadrement après l'exclusion du groupe de l'attaquant de Chelsea Nicolas Anelka qui a insulté son sélectionneur Raymond Domenech.

Et en pleine journée de grève et de manifestation contre sa réforme des retraites, il n'a pas hésité envoyer un véhicule et son escorte de motards pour venir chercher Thierry Henry à l'aéroport jeudi midi. Le parcours du monospace sombre vers le palais présidentiel a été couvert en direct par les chaînes d'information en continu, preuve de l'engouement médiatique pour ce fiasco sportif suivi d'une vague planétaire de sarcasmes.

Rien n'a filtré sur cet entretien demandé, selon l'Elysée, par Thierry Henry, qui a achevé en Afrique du Sud sa longue et prolifique carrière sous le maillot des Bleus (123 sélections, 51 buts) sur le banc des remplaçants et qui s'est bien gardé de s'exprimer sur la crise des Bleus.

Pas un hasard

Pour le quotidien sportif "l'Equipe", "le président a choisi de se montrer avec le seul interlocuteur dont l'image n'a pas encore été trop abîmée par le scandale" sud-africain. Mercredi, Nicolas Sarkozy avait déjà réclamé des états généraux sur la gouvernance du football en octobre et demandé "à ce que les responsables tirent rapidement les conséquences de ce désastre". Plus directement, jeudi, la ministre de la Santé et des Sports Roselyne Bachelot a jugé "inéluctable" le départ du président de la fédération française Jean-Pierre Escalettes.

Cette intervention du pouvoir politique au plus haut niveau dans les affaires d'une fédération sportive est exceptionnelle. Même si la classe politique française a, comme ailleurs, toujours tenté de tirer profit de la popularité du football, notamment après la victoire au Mondial 98. "Que le président s'en occupe, ce n'est pas une situation normale, mais nous ne sommes pas dans une situation normale. Et le foot, c'est aussi l'image d'un pays. Redresser cette image est le devoir d'un chef de l'Etat", a justifié le député du parti majoritaire UMP, Thierry Mariani.

"Caïds immatures"

Depuis le début de crise, les hommes politiques tirent à boulets rouges sur l'équipe de France et ses responsables. Devant l'Assemblée nationale, Roselyne Bachelot a parlé mercredi "d'une équipe de France où des caïds immatures commandent à des gamins apeurés". Des députés de droite ont même demandé la création d'une commission d'enquête parlementaire.

Une surenchère dénoncée par le syndicat des footballeurs professionnels pour qui "les bornes ont largement été dépassées" dans la "démesure populiste". Des responsables de l'opposition et des syndicats ont également accusé le président de vouloir faire diversion en pleine journée d'action sur les retraites et alors que plusieurs ministres sont fragilisés par des polémiques sur leur train de vie et leur intégrité. "Il y a plusieurs millions de personnes dans la rue (...) et lui passe son temps à écouter les états d'âmes d'un footballeur qui gagne 15 millions par an", a dénoncé François Chérèque, leader du syndicat CFDT.

"C'est un pied de nez à tous les Français dans la rue", a renchéri la première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry. "Ce n'est tout de même pas à lui de faire le ménage dans la Fédération française de football", s'est agacé l'eurodéputé écologiste Daniel Cohn-Bendit pour qui le chef de l'Etat "n'a qu'à s'occuper des contrôles antidopage sur le Tour de France pendant qu'il y est".

"Pour le président de la République, recevoir un footballeur est plus important que la situation des trois milliards de pauvres des pays en développement", s'est pour sa part indigné le président du collectif d'ONG qui aurait dû être reçu jeudi matin à l'Elysée, Jean-Louis Vielajus.

Ribéry opéré à Munich

Une fois débarqués de l'avion,  des membres de l'équipe sont montés dans un autobus. Franck Ribéry s'est, lui, directement envolé pour Munich où il sera opéré vendredi à l'aine.  L'encadrement de l'équipe de France n'a précisé ni la nature ni la gravité de la blessure de l'attaquant du Bayern de Munich, dont la saison avait été perturbée notamment par une blessure au genou gauche.

Impliqué dans la crise qui a secoué les Bleus pendant la Coupe du monde, Ribéry a joué les trois rencontres de la France contre l'Uruguay, le Mexique et l'Afrique du Sud.

La presse présente en masse

Une vingtaine de caméras de télévision et de télé-objectifs d'équipes de journalistes étaient alignés sur une terrasse d'un bâtiment du Musée de l'air et de l'espace du Bourget.

Les Bleus, sans Florent Malouda -arrivé jeudi matin à Londres, selon des images de la chaîne i-télé-, ont quitté l'Afrique du Sud mercredi soir au lendemain d'une élimination du Mondial-2010 aux allures de désastre et à la veille de la grande explication attendue de tous les acteurs du fiasco.

agences/ag

Publié Modifié

Anelka prolonge d'un an à Chelsea

L'attaquant Nicolas Anelka, exclu de l'équipe de France au Mondia 2010 pour avoir proféré des injures contre le sélectionneur Raymond Domenech, a prolongé d'un an son contrat avec Chelsea, a annoncé le champion d'Angleterre en titre jeudi. "Chelsea est ravi d'annoncer que Nicolas Anelka a signé une prolongation d'un an à son contrat qui le maintiendra au club jusqu'en 2012", a affirmé un porte-parole des Blues.

"Quand je suis arrivé à Chelsea, je voulais y rester plus longtemps que dans n'importe quel club par le passé. C'est un grand club où je côtoie de grands joueurs, et j'aime ce club et Londres", a de son côté déclaré Anelka, 31 ans, exclu de l'équipe avant le dernier match des Bleus dans le groupe A. "Alors, il n'y a aucune raison pour moi de bouger. Et j'ai signé avec plaisir un nouveau contrat parce que je sais que je vais disputer de grands matches et gagner des titres", a-t-il ajouté.

Le manager des Blues, Carlo Ancelotti, s'est aussi réjoui de pouvoir garder Anelka: "Nicolas est un joueur fantastique qui possède de bonnes qualités techniques et est très mobile. Quand j'entraînais la Juventus, je voulais déjà l'acheter. Alors, c'est une excellente nouvelle qu'il a signé pour moi et je pense que Chelsea est son chez lui." Anelka a marqué 42 buts en 123 rencontres pour Chelsea depuis son arrivée en janvier 2008, en provenance de Bolton.