Comme en 2002, le Champion en titre est éliminé de la Coupe du monde après le premier tour. L'Italie a en effet connu le même sort que la France huit ans plus tôt, en subissant contre la Slovaquie une défaite 3-2 qui fera grand bruit dans la Botte. La Narodny Tim, qui doit beaucoup à Robert Vittek, auteur de deux buts, jouera ainsi les 8es de finale pour sa première apparition dans un Mondial.
Les Slovaques, deuxièmes du groupe F, accompagnent en 8es le Paraguay, qui n'a pas forcé son talent face à la Nouvelle-Zélande (0-0). A Ellis Park (Johannesburg), l'Italie a été fort médiocre pendant une heure. Sans jus, elle n'avait presque jamais été réellement dangereuse et elle s'était rendue coupable d'approximations défensives peu habituelles de sa part. Mais, avec son insolente et coutumière baraka, la Squadra Azzura a failli arracher sa qualification dans une fin de match folle où tout aurait pu arriver. Pepe a une une dernière chance d'égaliser - et donc de qualifier les siens - à la 95e!
Vittek, héros national
L'ouverture du score est tombée à la 25e par Vittek. Surgissant au milieu de terrain pour intercepter une mauvaise passe de De Rossi, Kucka a immédiatement lancé le buteur d'Ankaragucu (Tur) qui, sans contrôle, s'est fait l'auteur d'un parfait geste d'avant-centre en croisant sa frappe, ne laissant aucune chance à Marchetti. "Nous n'aurions jamais pensé dominer comme cela une telle équipe, se réjouissait Vittek. Nous avons dépassé nos limites en jouant avec notre coeur."
L'arrière-garde du capitaine Cannavaro n'a pas été plus prompte sur le 2-0 de la 73e, laissant Vittek couper un premier poteau pour reprendre un centre de Hamsik. Di Natale a réduit la marque à la 81e avant que Kopunek, qui venait d'entrer, ne redonne deux longueurs d'avance à ses couleurs (89e). Un chef d'oeuvre de Quagliarella à la 92e a ressuscité les espoirs azzuri. Mais sans fin heureuse.
Spectacle creux entre le Paraguay et la Nouvelle-Zélande
Avec quatre points, les Slovaques prennent la deuxième place du groupe, derrière le Paraguay. Les Sud-Américains ont fait match nul 0-0 face à la Nouvelle-Zélande et terminent avec cinq points. Le match entre les deux équipes, au stade Peter Mokaba de Polokwane, a été extrêmement terne et les occasions rarissimes. Les "Kiwis", considérés par beaucoup comme les petits poucets de cette Coupe du monde, quittent la compétition invaincus! Un exploit. Au pays du rugby-roi, tout le monde se souviendra désormais que des footballeurs ont tenu tête à la Slovaquie (1-1), au Paraguay, mais surtout à la Squadra Azzurra, titrée en 2006 (1-1), et ne sont finalement pas passés très loin d'une qualification historique.
En 8e de finale, le Paraguay affrontera mardi le 2e du groupe E, alors que la Slovaquie jouera contre le premier du groupe E lundi.
DECLARATIONS
Marcello Lippi (sélectionneur de l'Italie): "J'assume toutes les responsabilités. Mon équipe avait de la terreur dans les jambes, dans la tête et dans le coeur, et si on n'a pas réussi comme il le fallait, c'est parce que l'entraîneur n'a pas préparé l'équipe de manière correcte sur les plans psychologique, physique et tactique, surtout psychologique. Je suis déçu pour le sport italien, les joueurs, la Fédération, tout le monde. Aujourd'hui, je n'ai pas préparé l'équipe de manière suffisante. Ca me déplaît à mourir de finir mon expérience avec la Fédération de cette manière. Je ne dis pas qu'on allait gagner le Mondial, mais au moins faire quelque chose de différent. J'assume toute la responsabilité de ce qui s'est passé. Je souhaite le meilleur à mon successeur, et merci pour ces années."
Domenico Criscito (défenseur de l'Italie): "Les fautes sont partagées entre tous, on n'a jamais réussi à faire ce que l'entraîneur nous avait demandé. A l'intérieur du groupe il n'y aucun problème. Aujourd'hui, le sélectionneur nous avait demandé de les presser et, au contraire, on les a attendus. Lippi était très déçu car il croyait beaucoup dans ce groupe. Et nous aussi, on y croyait beaucoup. C'est normal de demander pardon, parce qu'on n'est pas parvenu à battre des équipes moins fortes que nous. Mais on a tout donné."
Gianluigi Buffon (gardien de l'Italie): "La Slovaquie et la Nouvelle-Zélande sont des équipes que nous devons respecter mais rien de plus. Alors, si on ne réussit pas à battre au moins une des deux, c'est normal d'être éliminé. On a joué un bon match contre le Paraguay, mais on s'est loupé contre la Nouvelle-Zélande et la Slovaquie. On n'a rien proposé qui pouvait nous rendre compétitif. Et avec l'absence de Pirlo (blessé), il nous a manqué quelque chose au niveau créatif. Mais il n'y avait personne resté en Italie qui aurait pu apporter plus dans ce domaine là. C'est la réalité du football italien."
Vladimir Weiss (sélectionneur de la Slovaquie): "Tous les Slovaques sont heureux, c'est un jour fantastique pour nous. Avant le match, on était sous une pression très forte, et on s'est bien préparé avec le staff et les joueurs. Après la naissance de mon fils, c'est le plus beau jour de ma vie. Je remercie tous les supporters de Slovaquie qui sont venus nous soutenir en Afrique du Sud. Je suis très fier de mon équipe, tous les joueurs ont joué à un haut niveau pendant les 80 premières minutes, surtout contre le champion en titre. On a subi une grosse pression dans le dernier quart d'heure mais l'équipe a gagné."
Robert Vittek (buteur slovaque, élu homme du match): "Nous ne nous attendions pas à dominer, au début nous avions le match sous notre contrôle, puis nous avons tenu bon à la fin. C'est un grand succès, nous avons repoussé les limites du foot slovaque, nous sommes très heureux d'avoir montré ce dont nous étions capables. Au premier match nous n'avons pas été chanceux (1-1 contre la Nouvelle-Zélande, qui avait égalisé dans le temps additionnel), et le Paraguay était tout simplement meilleur (0-2). Aujourd'hui, nous étions meilleurs. En 8e, à 99% nous rencontrerons les Pays-Bas, un des favoris de la Coupe du monde, nous n'avons rien à perdre, nous serons les outsiders. Nous avons été une surprise une fois, nous essaierons de faire le même match."
Rick Herbert (sélectionneur de la Nouvelle-Zélande): "Cette équipe est incroyable. Les joueurs balancent entre la joie de la performance accomplie et la déception de l'élimination. Moi-même, je suis déçu mais fier. Nous rentrons à la maison sans avoir été battus. Nous sommes invaincus: je n'avais même pas rêvé d'un tel résultat. Je suis très heureux de ce que les joueurs ont accompli. Mon équipe est jeune. 85% des joueurs pourraient être là dans quatre ans au Brésil. Peu d'équipes peuvent en dire autant... Nous avons vécu un rêve".
Roque Santa Cruz (attaquant du Paraguay): "L'important, c'était de se qualifier. Bien sûr, avant le début du match, l'intention était de gagner. Nous n'avions pas beaucoup d'espaces pour développer notre jeu. Mais d'un autre côté, nous n'avons jamais été mis en difficulté".
agences/ggol
GROUPE F
Slovaquie - Italie 2-0 (1-0)
25'/73'Vittek 2-0, 81'Di Natale 2-1, 89'Kopunek 3-1, 92'Quagliarella 3-2.
Paraguay - Nlle-Zélande 0-0
CLASSEMENT
1. PARAGUAY 3 1 2 0 3- 1 5
2. SLOVAQUIE 3 1 1 1 4- 5 4
3. Nouvelle-Zélande 3 0 3 0 2- 2 3
4. Italie 3 0 2 1 4- 5 2
Déjà joués:
Italie - Paraguay 1-1 (0-1)
Nlle-Zélande - Slovaquie 1-1 (0-0)
Slovaquie - Paraguay 0-2 (0-1)
Italie - Nouvelle-Zélande 1-1 (1-1)
La presse se déchaîne
Les premiers commentaires de la presse italienne étaient unanimes après la défaite. "
Honte" sur les Azzurri. "A casa con vergogna" (à la maison dans la honte), a titré immédiatement après la fin du match, le journal sportif la Gazzetta dello Sport sur son site internet, estimant que l'Italie avait été "humiliée par la Slovaquie". La photo de deux joueurs de l'équipe d'Italie, les attaquants Vincenzo Iaquinta et Antonio Di Natale, se prenant la tête entre les mains, était surmontée du titre: "Lippi: j'assume toute la responsabilité". "Italie quelle honte ! Dehors et dernière de son groupe derrière la Nouvelle-Zélande", assénait à son tour Il Corriere dello Sport devant une photo de Fabio Cannavaro et d'autres joueurs, la mine sombre ou essuyant des larmes. "Ce n'était pas arrivé depuis 1974 que l'Italie se fasse sortir aux éliminatoires d'un Mondial. Cela s'est produit cette fois-ci au terme d'un tournoi où les Azzurri n'ont pratiquement jamais commencé à jouer", a ajouté Il Corriere dello Sport. Le site internet du journal sportif a jugé l'équipe "trop lente et prévisible", estimant qu'elle n'avait commencé à jouer "avec le coeur et l'âme qu'en deuxième période". "Pas belle l'Italie ! On en prend trois et on retourne à la maison", a commenté Il Corriere della Sera, entre deux photos de supportrices en pleurs. "Adieu au Mondial", ajoutait le journal sur son site internet au-dessus d'une photo de Marcello Lippi, tête baissée, mains derrière la nuque.