Un quart de finale de Coupe du monde Brésil - Pays-Bas ne dégage pas la même aura qu'une rencontre ordinaire. D'un côté, la meilleure équipe au monde, le plus grand palmarès, les joueurs les plus admirés. De l'autre, les éternels battus flamboyants, les inventeurs du football total. Brésil - Pays-Bas, ce sont de grosses attentes avant le coup d'envoi, , vendredi (14h00) à Port Elizabeth. Et souvent d'immenses émotions jusqu'au coup de sifflet final.
Jusque-là, les deux pays ont plutôt géré tranquillement leur parcours. Les Oranje restent sur quatre victoires consécutives alors que les Brésiliens ont infligé un cinglant 3-0 au Chili en 8e de finale. Et chaque équipe peut espérer que ce premier choc contre un adversaire prestigieux accouchera du fameux "match-référence" avant une demi-finale
en théorie nettement plus abordable contre le vainqueur de Ghana-Uruguay. En revanche, une élimination serait considérée comme un échec, au Brésil qui tomberait pour la deuxième fois d'affilée en quarts de finale, comme pour les Néerlandais absents du dernier carré depuis 1998.
Il sera très difficile, vendredi à Port Elizabeth, de faire abstraction de l'histoire qui lie les deux équipes l'une à l'autre. Les Néerlandais, ces "Brésiliens d'Europe", ceux "qui jouent comme des Sud-Américains" dixit Carlos Dunga, ont une revanche à prendre sur les Auriverde, qui les ont éliminés en 1994 et 1998 au terme de matches qui resteront toujours parmi les plus beaux de la Coupe du monde.
Les Pays-Bas dominés à Dallas en 2004...
Le 9 juillet 1994, le Cotton Bowl de Dallas baigne dans une ambiance fantastique. Le public a de quoi être conquis par le spectacle intense et technique proposés par les deux formations, qui se disputent une place en demi-finale. Le Brésil se repose depuis le début du tournoi sur son duo d'attaquants Romario-Bebeto. Un choix que Carlos Alberto Parreira ne regrettera pas là non plus. Bebeto offre le 1-0 à Romario avant de signer un solo pour doubler la mise, pensant avoir mis la Seleção à l'abri. Dennis Bergkamp réduit pourtant l'écart et exulte quand, de la tête, Winter égalise. Las pour des Néerlandais valeureux et plaisants à voir évoluer, Branco arrache la victoire brésilienne d'un boulet de canon sur coup franc, à dix minutes de la fin.
... à Marseille en 2008...
La frustration sera la même quatre ans plus tard, le 7 juillet, mais en demi-finale cette fois-ci. Là encore, les Pays-Bas sont admirables et tiennent la dragée haute aux coéquipiers du capitaine Dunga, déjà présent aux Etats-Unis. Les hommes de Guus Hiddink, menés depuis la 46e après un but de Ronaldo, sauvent de manière éphémère leur peau par Patrick Kluivert. Riche en émotions, le match disputé dans la chaleur du Vélodrome de Marseille ne connaîtra pas de vainqueur avant la séance de tirs au but, dont le premier rôle sera tenu par le portier brésilien Claudio Taffarel.
Alors que les quatres tireurs auriverde - dont Dunga en dernier, en force et au centre - transforment tous, celui qui défendait à cette époque la cage de Galatasaray s'étend sur sa gauche pour détourner l'envoi de Cocu, avant de répéter l'exploit, sur la droite, face à Ronald De Boer.
... mais vainqueurs à Dortmund en 1974
Pour une équipe comme les Pays-Bas, souvent citée parmi les favorites mais régulièrement décevante, ces deux échecs sont toujours difficiles à avaler. D'autant
qu'elle avait clairement les moyens, en 1994 comme en 1998, d'aller au bout de son rêve. Solide et persuasive depuis le début de cette Coupe du monde 2010, elle passera face au Brésil le meilleur test possible pour connaître son niveau réel.
La mission n'est pas totalement impossible. La première des trois confrontations au Mondial entre Oranje et Auriverde s'était d'ailleurs soldée par une victoire batave. Le 3 juillet 1974, la génération dorée néerlandaise s'était en effet imposée 2-0 contre le Brésil de Jairzinho au Westfalenstadion de Dortmund, dans le dernier match de la 2e phase de groupes, grâce à des buts de Cruyff et Neeskens. Un succès qui lui avait ouvert les portes de la finale, perdue toutefois contre la RFA.
agences/ggol
Parole à la défense
Autre point commun, les deux équipes pratiquent un jeu similaire. Mais derrière leur philosophie offensive, les Oranje comme les Auriverde version 2010 misent d'abord sur leur solidité défensive. D'ailleurs, une partie des interrogations des Brésiliens vient de ce secteur. Déjà privés d'Elano, remplacé par Dani Alves, ils sont toujours dans l'incertitude concernant la participation de Felipe Melo (cheville gauche). Face au Chili, Ramires s'était acquitté de la tâche avec bonheur, mais il est suspendu. Aussi, Dunga a le choix entre Josué et Kleberson, deux joueurs sans grande expérience, pour le remplacer.
L'ego des stars néerlandaises
"Pour la première fois depuis le début du tournoi, nous ne sommes pas les favoris d'une rencontre", a glissé le sélectionneur néerlandais Bert van Marwijk, estimant aussi que si le Brésil était "quasi invincible", son équipe pouvait "battre n'importe qui". A condition quand même de dompter les ego qui gonflent. Ainsi, les Oranje ont été secoués en début de semaine par "l'affaire van Persie", qui, selon une télévision néerlandaise, aurait glissé "ce n'est pas moi qu'il faut remplacer mais Wesley Sneijder", alors que Van Marwijk lui demandait de quitter le terrain lors du 8e de finale face à la Slovaquie (2-1). De quoi faire grincer quelques dents. Touché à un mollet et déjà absent face à la Slovaquie, Van der Vaart devrait débuter sur le banc, alors que les côtés devraient être confiés à Kuyt et Robben, auteur d'une excellente rentrée en huitièmes de finale, après avoir soigné une blessure à la cuisse gauche contractée début juin.
Quarts de finale (02.07)
Pays-Bas - Brésil 16h00
Pays-Bas: Stekelenburg; Van der Wiel, Heitinga, Mathijsen, Van Bronckhorst; Van Bommel, De Jong; Robben, Sneijder, Kuyt; Van Persie.
Brésil: Julio Cesar; Maicon, Lucio, Juan, Bastos; Daniel Alves, Gilberto Silva, Melo; Kaka; L.Fabiano, Robinho.