C'est le plus grand événement sportif de la planète. Les Pays-Bas et l'Espagne se disputeront leur premier sacre mondial dimanche, dans le Soccer City de Johannesburg (20h30), ainsi que le titre honorifique de première nation européenne lauréate de la Coupe du monde loin de chez elle. Ils le feront avec deux approches pour le moins différentes.
Les Pays-Bas demeurent en quelque sorte une énigme dans ce Mondial sud-africain. Jamais véritablement transcendants mais efficaces, pas toujours rassurants derrière mais quand même solides, les Bataves ne ressemblent plus tout à fait aux valeureux chevaliers oranje partant lutter dans le passé contre des moulins à vent. Leur parcours dans le tournoi est toutefois parfait: 6 matches et autant de victoires.
Le déclic face au Brésil
Tranquilles dans un groupe qui s'est, au final, révélé plutôt faible (Danemark, Japon et Cameroun), les Néerlandais ont ensuite beaucoup souffert sur leur chemin vers le 11 juillet. Pas au mieux en huitièmes de finale contre la Slovaquie, les hommes de Bert van Marwijk ont tout de même maîtrisé leur sujet (2-1). Ce qui ne fut pas du tout le cas en quart contre un Brésil supérieur, qui a laissé filer la rencontre sans aucune raison apparente (2-1).
Malmenés, les Pays-Bas l'ont également été en demi-finale contre l'Uruguay (3-2), cette modeste Uruguay composée de joueurs très peu connus et marchant avant tout à la foi et à la passion. Jamais, dans le jeu et sur la longueur, les Oranje n'ont véritablement laissé une impression de facilité et d'aisance. Cette place en finale, ils sont allés la chercher avec leurs tripes, aidés par une réussite parfois insolente.
L'Espagne ou la logique de la montée en puissance
L'Espagne a, elle, vécu un tournoi diamétralement opposé. Tombée d'entrée contre la Suisse (1-0), la Roja a rapidement été mise sous pression. Si elle a parfois semblé tendue, elle a néanmoins fait preuve d'une force de caractère hors du commun à chacun de ses six matches.
Car la Roja fait peur. Et, qui dit peur, dit aussi regroupement en défense. Depuis leur entrée en lice le 15 juin, les Champions d'Europe n'ont eu droit qu'à une seule reprise à un adversaire qui a joué (le Chili qui y était obligé car menacé d'élimination en cas de victoire suisse contre le Honduras). Les Ibères se sont sinon heurtés à chaque fois au même problème: créer une brèche dans l'épais mur qui se dresse devant eux.
Et la formation de Vicente Del Bosque l'a fait avec une classe impensable, ne renonçant jamais à ses principes de jeu et à sa philosophie faite uniquement de passes courtes. Avec patience, elle a essoufflé systématiquement l'opposition. Elle a trimbalé l'adversaire de droite à gauche, puis de gauche à droite, et a répété l'exercice sans cesse, jusqu'à trouver l'ouverture.
Une tactique sans faille
Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si les Ibères ont réellement pris l'ascendant dans leurs rencontres à élimination directe à partir de l'heure de jeu. Le Portugal, en huitièmes de finale, avait livré une prestation impressionnante de solidité. Le Paraguay en avait fait de même en quart, tout comme l'Allemagne en demi.
Mais les pressings sont devenus, au fil des minutes, difficiles à maintenir. Les marquages un peu plus larges. Les retards de quelques mètres plus longs. Et le résultat est toujours allé dans le même sens: but de Villa à la 63e contre le Portugal, but de Villa à la 83e contre le Paraguay et but de Puyol à la 73e contre l'Allemagne, pour trois succès 1-0.
Les Néerlandais sont prévenus. Ils n'auront pas le droit de céder un pouce de terrain au collectif rouge et or. Mais la fatigue pourrait au passage jouer un rôle très important dans cette finale, les deux formations ayant très peu sollicité leur banc.
En la matière, l'Espagne possède un léger avantage puisque ceux qui devraient être titulaires dimanche ont cumulé 4957 minutes de jeu (4796 si on remplace Torres par Pedro), contre 5212 pour les Pays-Bas.
"Etouffer" Sneijder
Le milieu de terrain espagnol Sergio Busquets s'est livré vendredi à la presse. Morceaux choisis.
A propos de Wesley Sneijder: "C'est un grand joueur, il l'a montré dans toutes les équipes où il a évolué et surtout cette année à l'Inter. On essaiera de l'arrêter comme n'importe quel adversaire, en étant solidaire, en restant groupé. Il ne faut pas qu'il ait le temps de penser, sinon il peut mettre de bons ballons pour ses attaquants ou n'importe quel joueur dans une situation dangereuse pour nous. Mais il faut aussi s'occuper des autres joueurs".
Sur la stratégie qu'adopteront les Bataves: "On a rencontré tous les styles, avec des adversaires qui attendaient comme la Suisse, d'autres qui pressaient comme le Chili (...). Les Pays-Bas proposeront leur jeu, chacun joue sur ses bases. Contre le Portugal, on a fait un grand match, mais il y avait de la qualité en face. Contre le Paraguay, ils ne nous ont pas laissés respirer en première période et ça a été mieux après. L'Allemagne joue un jeu plus offensif et ça nous a favorisés un peu".
Quelle différence avec l'Espagne de l'Euro 2008 ?: "On ne peut pas comparer les matches et les compétitions. Il y a toujours la colonne vertébrale, mais je ne veux pas comparer. Le foot est toujours plus difficile. La sélection a atteint un bon niveau et fait un bon tournoi. On a fait notre meilleur match contre l'Allemagne et j'espère que le meilleur est encore à venir".
La der de van Bronckhorst
Le capitaine de l'équipe des Pays-Bas, Giovanni van Bronckhorst, disputera lors de la finale du Mondial le dernier match de sa carrière avant une retraite qu'il espère "dorée" après avoir soulevé le trophée de la Coupe du monde. "Je ne pourrais rêver de meilleurs adieux", a expliqué jeudi l'arrière gauche. "C'est notre tournoi. J'ai parfois le sentiment que nous ne pouvons pas perdre. Nous ne jouons pas toujours très bien, mais nous marquons aux bons moments", a encore déclaré dans la presse néerlandaise le joueur de 35 ans.
agences/hdel
<b>Quelques statistiques</b>
PREMIERE Deux fois finalistes (1974 et 1978), les Pays-Bas n'ont jamais remporté la Coupe du monde. L'Espagne non plus, elle qui avait terminé quatrième de l'édition 1950 au terme d'un championnat raccourci.
PREMIERE BIS Jamais une équipe européenne n'a remporté le Mondial hors du Vieux continent. Seul le Brésil a réussi l'exploit de s'imposer sur une terre qui n'était pas la sienne, en 1958 (Suède) et en 2002 (Corée du Sud/Japon), ainsi que, si l'on scinde les Amériques en deux entités, en 1970 (Mexique) et 1994 (EtatsUnis). Partant de ce postulat, l'Argentine avait également soulevé le trophée au Mexique en 1986.
56 ANS Dans sa lutte à distance avec l'Amérique du Sud, l'Europe va reprendre l'avantage avec 10 titres contre 9. Cela n'était plus arrivé au Vieux continent depuis la sacre de l'Allemagne de l'Ouest en Suisse en 1954 (3-2 à l'époque).
<b>Finale (11.07)</b>
Pays-Bas - Espagne DI 20h30
Equipes probables
Pays-Bas: 1 Stekelenburg; 2 Van der Wiel, 3 Heitinga, 4 Mathijsen, 5 Van Bronckhorst; 6 Van Bommel, 8 De Jong; 11 Robben, 10 Sneijder, 7 Kuyt; 9 Van Persie.
Espagne: 1 Casillas; 15 Sergio Ramos, 3 Piqué, 5 Puyol, 11 Capdevila; 16 Busquets, 14 Xabi Alonso; 6 Iniesta, 8 Xavi, 7 Villa; 9 Torres (18 Pedro).
Soccer City, Johannesburg. Arbitre: Webb (Ang).