La presse espagnole était euphorique lundi, saluant la victoire de ses "champions du monde", une "génération éblouissante", "prodigieuse", qui permet pour la première fois à l'Espagne d'atteindre "le sommet du football".
Tous les journaux, sans exception, consacrent leur Une à la victoire "historique" de la "Roja", photo du capitaine Iker Casillas brandissant le trophée de la Coupe du monde à l'appui.
"Champions du monde", titre en Une "El Pais". "L'Espagne est championne du monde, l'épopée qu'il manquait au sport espagnol, qui connaît son moment de gloire", après sa victoire à l'arraché contre les Pays-Bas dimanche soir à Johannesburg (1-0 ap). Pour "ABC", qui titre "Champions" sur une photo de la "seleccion" occupant toute la Une, le 11 juillet 2010 fait désormais partie de "l'histoire de l'Espagne". "Le but d'Iniesta pendant la prolongation" permet la victoire "d'une génération prodigieuse", estime le quotidien.
Les Espagnols "rois du monde"
"Oui, oui, nous sommes champions!", titre le quotidien sportif "Marca", pour qui les joueurs de l'équipe d'Espagne sont désormais les "rois du monde". "Le titre vient couronner une équipe exceptionnelle et une génération de maîtres du jeu", poursuit le journal.
"Champions du monde"
, titre aussi l'autre journal sportif, "As". "L'histoire d'Espagne commence de nouveau", estime "El Mundo", pour qui cette victoire est "une récompense à la qualité".
"Les rois du monde", titre le journal catalan "La Vanguardia" selon lequel l'Espagne remporte son premier Mondial grâce à une "génération de virtuoses du football". Le joueur du FC Barcelone Andres Iniesta "permet à la sélection d'atteindre la gloire", souligne le journal.
La presse espagnole évoque une "Hollande méconnaissable"
La presse critique aussi sévèrement le jeu agressif des Pays-Bas pendant cette finale. "Incapable de faire face", les Pays-Bas "se sont consacrés à un travail de harcèlement et d'abattage qui n'est pas à la hauteur d'un maillot comme le sien", souligne "As". "El Pais" parle d'une "Hollande méconnaissable, rien à voir avec" une équipe "qui joue d'habitude avec élégance". Les Néerlandais ont "appliqué la consigne qui dit 'c'est le ballon ou l'homme qui passe, mais pas les deux'", estime "La Vanguardia".
"Les Pays-Bas ont eu recours à la violence depuis le début", une "violence qui a coupé le jeu habituel de l'Espagne, mais pas assez pour les empêcher d'être supérieurs", écrit "Marca", qui parle aussi de "boucherie néerlandaise", photos des actions Oranje les plus agressives à l'appui.
"Et maintenant, la gueule de bois" aux Pays-Bas
La presse néerlandaise affichait pour sa part lundi matin en Une sa déception et sa tristesse au lendemain de la défaite des Pays-Bas en finale du Mondial 2010 face à l'Espagne, tout en rendant hommage aux joueurs de Bert van Marwijk
"Les Oranje pleurent", titre en Une, en lettres oranges, le quotidien populaire "AD" sur une photo pleine page de Wesley Sneijder, allongé sur la pelouse du Soccer City de Johannesburg, le visage caché dans ses bras. "Fier après une déception, c'est possible", écrit l'éditorialiste du journal. "Car même si la défaite en finale met un terme brutal à la joie qui a régné ce week-end dans le pays, l'équipe néerlandaise peut être fière de sa prestation en Afrique du Sud".
"Toujours pas"
, titre de son côté le quotidien de gauche "Volkskrant", au-dessus de la même photo de Sneijder effondré, après la troisième défaite des Pays-Bas en finale de la Coupe du monde. "Footballistiquement les Espagnols étaient meilleurs", admet le journal, "mais, poursuit-il, l'équipe des Pays-Bas de 2010 est une machine de guerre en orange, qui a refusé de s'incliner".
"La claque résonnera longtemps encore"
"Et maintenant la gueule de bois", affirme en Une le "NRC.Next", l'édition du matin du quotidien économique "Handelsblad" au-dessus d'une photo de Sneijder, accroupi, la tête rentrée dans les épaules. "Une nouvelle génération de joueurs néerlandais s'est fait un nom ces quatre dernières semaines en Afrique du Sud mais la claque de la finale perdue résonnera longtemps encore", prédit le journal.
Le quotidien populaire "De Telegraf" rend un hommage appuyé aux Oranje qui, affirme-t-il en Une, se sont battus "comme des lions". "Quelle recette faut-il pour que les Pays-Bas deviennent un jour enfin champions du monde de football?", s'interroge le journal. "Que l'équipe néerlandaise joue un football aventureux ou discipliné, construit sur une organisation solide, elle ne réussit pas à devenir la meilleure équipe du monde".
Cruyff critique le jeu "sale" des Pays-Bas
Le Néerlandais Johan Cruyff, finaliste malheureux de la Coupe du monde de 1974, a durement critiqué lundi le jeu "sale" et "laid" des Pays-Bas lors de la finale du Mondial perdue contre l'Espagne à Johannesburg (1-0 ap). Il s'en est pris aussi à l'arbitrage.
L'équipe néerlandaise, dont les joueurs se sont montrés particulièrement agressifs sur le terrain (9 cartons jaunes et un carton rouge), a joué "lamentablement et tristement de manière très sale" en pratiquant un "anti-football", a estimé Cruyff dans une chronique publiée par le quotidien catalan "El Periodico".
Le légendaire joueur et entraîneur batave a stigmatisé le style "laid, vulgaire, dur, hermétique", de l'équipe néerlandaise pendant la finale que l'Espagne, selon lui, a mérité de gagner, même si elle a joué, in fine, de manière "plus individuelle que collective".
Cruyff attaque aussi vivement l'arbitre anglais Howard Webb, qui a, selon lui, mal arbitré et aurait dû "expulser deux joueurs hollandais" au cours du match, avant de donner un carton rouge au défenseur John Heitinga en fin de prolongation.
L'ancien joueur de l'Ajax d'Amsterdam et du FC Barcelone avait pourtant clamé son admiration pour l'équipe néerlandaise dans un entretien samedi au quotidien "De Telegraaf". Il avait notamment souligné le "le travail remarquable" du sélectionneur Bert van Marwijk, le louant pour avoir "réussi à bâtir une équipe aussi forte".
afp/dbu
<b>Les Néerlandais furieux contre l'arbitre</b>
Howard Webb ne s'est pas fait beaucoup d'amis aux Pays-Bas. L'arbitre anglais qui a dirigé la finale de la Coupe du monde 2010 a provoqué l'ire des Bataves, ces derniers estimant que ses décisions ont clairement favorisé l'Espagne, sacrée Championne du monde.
La prestation de M. Webb n'a, il est vrai, pas été à la hauteur de l'événement. Mais les Pays-Bas ne peuvent pas vraiment s'en plaindre, eux qui, avec leur jeu dur - voire méchant -, auraient pu (dû ?) se retrouver en double infériorité numérique avant la fin de la première mi-temps...
"Juste avant le but d'Iniesta, l'arbitre doit nous accorder un corner, se plaint à raison le sélectionneur Bert van Marwijk. Il est le seul à ne pas le voir. Les 84'490 spectateurs l'ont vu mais pas lui. C'est incroyable." Dirk Kuyt lui emboîte le pas. "Nous sommes fâchés car nous étions si près. Je sais que nous ne pouvons pas blâmer les autres, mais l'arbitrage était favorable à l'Espagne. Nous avons reçu plus d'avertissements (ndlr: 14 au total pour les deux équipes, record pour une finale) que nous n'en méritions. Et ça nous coûte le titre!"
Un carton rouge oublié pour Iniesta
Wesley Sneijder, en larmes sur la pelouse, a lui aussi fait part de sa colère. "Il y a eu une scène où Iniesta fait tomber Van Bommel, quand la balle était plus loin. Le quatrième officiel a vu la scène et a reconnu l'avoir vue. Je pense que si on le voit, c'est un carton rouge." Et de s'emporter aussi sur le corner non accordé par M. Webb qui s'est transformé, sur l'action suivante, en but pour la Roja. "La façon dont ça s'est terminé est scandaleuse!"
Les Néerlandais, logiquement abattus et aigris après une défaite en finale de Mondial, ne peuvent toutefois pas prétendre avoir fait dans la dentelle. Van Bommel, Heitinga ou Sneijder (tacle dangereux, coup de pied à la poitrine et impact vicieux au genou) auraient en effet mérité de regagner les vestiaires avant même la pause, pour des gestes violents à l'encontre de leurs adversaires.
Le meilleur l'a emporté
Des adversaires qui se sont tout simplement montrés supérieurs tout au long de la rencontre. Alors, une fois que la température sanguine des Oranje a retrouvé un niveau normal, ceux-ci ont eu l'intelligence de reconnaître l'évidence. Bert van Marwijk: "J'aurais adoré gagner, même avec un football pas vraiment séduisant. Mais, ce soir, la meilleure équipe l'a emporté."
Sneijder s'est lui aussi repris. "On a eu des occasions, c'est dommage, on était si près de gagner la Coupe du monde. On est triste. On doit être fier d'être deuxièmes, on a fait une Coupe du monde incroyable. On va fêter ça avec nos supporters du premier jour. Je pense que nous avons perdu face à la meilleure équipe."
Et Arjen Robben de remettre le football et le jeu au coeur des discussions d'après-match, lui qui a perdu deux duels face à Casillas alors que le score était encore vierge. "Sur la première de mes deux occasions, je ne joue pas très bien le coup. Il faut être clair. Je suis pourtant bien lancé. Mais ce n'est pas évident... Il m'a manqué un peu de lucidité. La deuxième, c'est plus difficile, je suis déséquilibré. C'est dommage. Notre organisation n'était pas mauvaise. Mais c'est le football."