Traits tirés par une nuit qu'on devinait blanche mais large sourire aux lèvres, le capitaine de la "Roja", le gardien de but Iker Casillas a brandi le trophée doré du Mondial en sortant de l'avion. L'appareil de la compagnie nationale Iberia, portant sur le fuselage les inscriptions "Champions!" et "Fiers de notre sélection", a été accueilli aux cris de "campeones, campeones!" par une foule compacte d'employés de l'aéroport.
"Gracias campeones" (merci les champions) a lancé lundi le roi d'Espagne Juan Carlos aux joueurs de "la Roja" champions du monde de football en les recevant au Palais royal à Madrid. "Merci les champions, au nom de toute l'Espagne et de tous les Espagnols", a déclaré Juan Carlos, tout sourire, après avoir donné une chaleureuse accolade à chacun des joueurs de la sélection espagnole.
A commencer par le gardien et capitaine Iker Casillas qui portait la Coupe du Monde et l'a remise au souverain espagnol pour la photo. "C'est un triomphe bien mérité pour une sélection exceptionnelle qui a fait vibrer le coeur de tous les Espagnols", a déclaré Juan Carlos, disant son "orgueil de voir l'Espagne championne du Monde", un succès qui "rassemble les Espagnols et projette le nom de l'Espagne dans le monde entier".
L'accueil affectueux du souverain
"Vive la sélection espagnole, vive l'Espagne!", a conclu le souverain, encore convalescent après avoir été opéré d'une tumeur bénigne au poumon en mai et qui n'avait pu se déplacer pour assister à la finale dimanche en Afrique du Sud.
Le souverain espagnol s'est montré particulièrement affectueux avec Iker Casillas, l'auteur du but victorieux Andres Iniesta, et le défenseur catalan Carles Puyol, qu'il attrapé au cou pour le plaquer contre sa poitrine. Les joueurs ont également été salués à tour de rôle par la reine Sofia, et l'infante Elena, vêtues de rouge, la couleur de la "Roja", ainsi que par le prince héritier Felipe, son épouse Letizia, et leurs fillettes blondes, les petites Leonor et Sofia, en maillot de la sélection.
Les joueurs ont ensuite être félicités par le chef du gouvernement, José Luis Zapatero, avant de prendre un bain de foule dans les rue de la capitale ibérique. Plusieurs centaines de milliers de fans de la sélection espagnole en liesse ont acclamé les champions du Monde juchés sur un autobus découvert.
Une nuit de fête endeuillée
La nuit de dimanche à lundi qui ont précédé ce retour triomphal au pays a été émaillée de nombreux incidents. Deux personnes sont décédées et plus d'une centaine ont été blessées. A Algesiras, en Andalousie, un homme est décédé après être tombé d'un balcon. "Il regardait le match avec des amis. Après le but de l'Espagne, ils se sont rendus compte qu'il n'était plus avec eux et l'ont retrouvé au sol", constatant qu'il "avait chuté depuis le balcon", a annoncé la sous-préfecture de Cadix.
Le deuxième décès a été enregistré à Herguijuela en Estrémadure. "Un groupe de personnes est allé célébrer la victoire à la piscine municipale et l'un d'entre eux s'est noyé", selon un porte-parole de la préfecture d'Estrémadure.
Plus de cent personnes ont par ailleurs été blessées, dont 74 à Barcelone, où des incidents violents ont été enregistrés à proximité de l'écran géant diffusant le match, conduisant à l'arrestation de 21 personnes.
Une cinquantaine de personnes ont été prises en charge par les urgences à Valence pour des blessures et pour excès d'alcool. Plusieurs personnes ont aussi été blessées au Pays basque, notamment après avoir été agressées par des indépendantistes basques, alors qu'elles célébraient la victoire de l'Espagne.
Trois personnes ont été interpellées dans cette région. Aucun incident important n'a en revanche été rapporté à Madrid, où quelque 250 000 fans ont vibré en plein centre-ville pour suivre la victoire de la Roja.
agences/os
Un effet positif sur l'économie?
L'Espagne en pleine déprime économique espère toucher les dividendes de sa victoire au Mondial 2010 de football, mais au-delà de l'euphorie ambiante, le chômage est au zénith et la croissance reste atone.
Le ministre de l'Industrie, Miguel Sebastian avait indiqué jeudi qu'il faudrait revoir à la hausse le PIB espagnol pour 2010 en cas de victoire de "la Roja". Le gouvernement table pour l'instant sur une contraction de l'activité de 0,3% par rapport à 2009.
La victoire pourrait venir soulager temporairement les maux espagnols, notamment grâce à un coup de pouce à la consommation des ménages. La victoire "va aider la consommation", estime Josep-Maria Sayeras, économiste à l'Esade.
Une étude de la banque d'ABN Amro réalisée à l'occasion du Mondial-2006 évoquait un gain de croissance de 0,7% pour le champion, ce qui semble trop ambitieux pour plusieurs économistes.
Selon une étude du cabinet Nielsen, la confiance des consommateurs a atteint un niveau historiquement bas au deuxième trimestre. Un secteur économique qui pourrait profiter de l'effet Mondial est celui du tourisme, qui pèse pas loin de 10% du PIB.