La Suisse a réussi l'impensable! Qui aurait misé un centime sur une victoire face à l'Espagne? Personne ou presque. En s'imposant 1-0 face au champion d'Europe en titre, les joueurs de Hitzfeld ont réalisé l'un des plus grands exploits du foot suisse de tous les temps. Ils ont non seulement signé le premier succès de leur histoire contre l'Espagne (après 15 défaites et 3 nuls), mais ils ont aussi infligé aux Ibères leur deuxième défaite en... 49 matches!
La Suisse joue le coup à fond
Ce n'était qu'un match de poule diront certains, mais n'ayons pas peur des mots, les Suisses ont sorti une performance énorme, avec un coeur gros comme ça et le brin de chance qui va avec. Sur l'une de ses rares occasions, l'équipe nationale a joué le coup à fond. Gelson a profité du travail de Derdiyok pour inscrire LE but. Olé!
Comme prévu, l'Espagne a copieusement dominé la partie mais elle s'est heurtée à un adversaire très bien organisé et surtout très compact. Pas beau à voir diront les esthètes, mais pour vaincre l'Espagne, y a-t-il un autre moyen? En s'imposant 1-0, la Suisse a gardé sa cage inviolée pour la 5e fois de suite dans un Mondial, après le blanchissage en Allemagne. Elle n'a plus encaissé de but depuis 484 minutes. Série en cours! Face à la Roja, elle a eu parfois du bol, comme sur le boulet de canon de Xavi sur la latte à la 70e. Mais comme l'on dit en général dans ce genre de situation, la chance, ça se mérite...
Mention spéciale pour Benaglio, Inler, Grichting et Derdiyok
Si tous les Suisses méritent évidemment la mention, quatre hommes sont sortis du lot: Benaglio, Inler, Grichting et Derdiyok. Benaglio a été décisif et a prouvé qu'il était l'un des meilleurs gardiens de la planète. Le capitaine Inler a lui évolué en véritable patron et a "enfin" joué le rôle que l'on attend de lui. Enfin, Grichting a été éblouissant et a parfaitement neutralisé Villa.
Appelé à remplacer Frei, Derdiyok a su saisir sa chance. Le jeune attaquant a été très mobile et a réussi une action de grande classe à la 74e, qui s'est finie sur le poteau. Pas sûr que Frei retrouve sa place dans le 11 de base!
Philippe Senderos touché à une cheville
La Suisse a battu l'Espagne, et maintenant? Rien n'est fait, loin s'en faut. Le chemin pour atteindre les 1/8 est encore truffé d'embûches et de pièges. Ottmar Hitzfeld saura, on n'en doute pas, trouver les mots pour que ses joueurs ne baignent pas dans l'euphorie Face au Chili et au Honduras, l'équipe nationale aura cette fois-ci tout à perdre. Et on sait que contre des formations dites inférieures, elle peine. Les Helvètes ont 5 jours pour se remettre de leurs émotions et récupérer physiquement. Car, pour réaliser un tel exploit, ils ont dû se dépenser sans compter et puiser dans leurs réserves.
Le seul point négatif de l'immense exploit suisse contre l'Espagne (1-0) est la blessure de Philippe Senderos. Sorti à la 36e minute, le Genevois souffre à la cheville droite. Le futur défenseur de Fulham s'est tordu le pied dans un choc avec... Lichtsteiner. Selon un premier diagnostic, les ligaments ne seraient pas touchés. Néanmoins, il faudra attendre de nouveaux examens pour connaître la gravité de cette blessure.
Stéphane Altyzer
REACTIONS DES HEROS SUISSES
RETO ZIEGLER:
"Je crois que c'est une victoire méritée, on a vraiment su jouer en équipe. On a été concentré pendant 90 minutes et on a su profiter des contres. C'est clair que c'était un match très difficile. Dans mon couloir, j'ai dû affronter pendant tout le match les meilleurs joueurs du monde, ce n'était pas facile. Le but et cette victoire sont une libération, on a tous beaucoup travaillé pour ça".
GELSON FERNANDES: "Je suis très fier! On a vraiment su jouer en équipe. Vous savez on est jeunes, on est une bonne génération... Que dire de plus? On a vraiment super bien joué! Mais il faut garder les pieds sur terre. Maintenant, il va falloir se reconcentrer et continuer à travailler pour préparer le match contre le Chili, qui ne sera vraiment pas facile".
TRANQUILLO BARNETTA: "On est cassé! On a vraiment tout donné dans ce match et on commence gentiment à réaliser qu'on a battu l'Espagne. Peu de monde croyait en nous... on a fait taire les critiques. Rien n'est encore joué, mais on a pris un maximum de confiance pour les deux prochains matches".
STEPHANE GRICHTING: "Le sentiment qui domine est bien évidemment la satisfaction. On a fait le match qu'il fallait, en faisant preuve de baraka et de réalisme. De toute manière, pour ne pas en prendre quatre contre l'Espagne, il faut faire ce genre de match. Au niveau du son des vuvuzelas? Le stade est ouvert et au niveau du son ça allait. On a juste eu quelques problèmes au moment de l'entrée en jeu de Steve Von Bergen, on n'arrivait pas bien à se parler et il nous manquait les automatismes. On a arrangé ça à la mi-temps".
DIEGO BENAGLIO: "Ottmar Hitzfeld nous a dit que nous n'avions pas de pression, car nous n'étions pas favoris. Cela nous a fait du bien. A la mi-temps, nous avons dit qu'il fallait continuer de la même manière. Nous savions que la moindre erreur de notre part serait punie. A la fin, notre calcul a été le bon. Certes, nous avons eu parfois un peu de chance, mais on aurait aussi pu inscrire le 2-0. Il était clair que les Espagnols auraient des occasions, car leur potentiel offensif est énorme. Pour notre part, nous pouvons avoir du succès par le collectif. L'équipe croit en elle, on l'a vu dès le coup d'envoi".
OTTMAR HITZFELD: "J'avais un bon sentiment avant le match. L'équipe était concentrée et ne montrait pas de signes de nervosité. On était bien organisé dès le début de match. Il était important de rester compact pour ne pas laisser d'espaces à l'Espagne. C'est une victoire historique. Nous n'avions jamais battu l'Espagne en 105 ans! Nous avons fait un pas vers les 1/8 de finale, mais maintenant on va attendre beaucoup de nous, il faut donc qu'on reste attentif et concentré. Le plus dur est encore à venir avec le match contre le Chili. On devra jouer de la même manière pour avoir une chance.
La qualité de notre organisation n'a pas permis à l'Espagne de se créer beaucoup d'occasions. Au fil des minutes, elle a été gagnée par la nervosité. Les Espagnols sont devenus moins précis dans leurs passes. Ils ont trop abusé des centres. Nous sommes vraiment parvenus à les faire déjouer! Gelson est le "team player" par excellence. Son état d'esprit est remarquable. Benaglio a lui insufflé une très grande confiance à ses coéquipiers. Il a réussi un arrêt de classe face à Pique. Il est très fort dans le un contre un, la classe mondiale".
Réactions espagnoles
VICENTE DEL BOSQUE: "Nous avons fait tout notre possible mais nous avons manqué de précision dans les derniers mètres, et eux ont réussi à marquer en contre. Maintenant, il faut retrouver de la motivation. Il nous reste deux matches dans ce premier tour, et nous sommes dans l'obligation de les gagner".
IKER CASILLAS: "Nous ne comprenons pas ce qui s'est passé car c'est illogique. Nous avons bien joué, nous étions bien positionnés sur le terrain, nous avons bien maîtrisé le ballon. La Suisse a eu un peu de chance. Il y a aussi eu de la nervosité quand nous avons cherché à égaliser".
ANDRES INIESTA: "Il faut que l'on relève la tête pour nous qualifier. Nous aurions préféré un autre résultat, mais c'est le football. Nous savons que cela peut arriver. Nous avons notre style mais les Suisses, avec presque rien, ils ont marqué un but. J'espère que nos deux prochains adversaires ne joueront pas pareil. Nous allons rester sereins car l'équipe, d'une façon générale, a bien joué".
agences/rsch
GROUPE H
ESPAGNE - SUISSE 0-1 (0-0)
52'Fernandes.
Espagne: Casillas; Ramos, Puyol, Pique, Capdevila; Busquets (62'Torres); Silva (62'J.Navas), Xabi Alonso, Xavi, Iniesta (77'Pedro Rodriguez); Villa.
Suisse: Benaglio; Lichtsteiner, Senderos (36'Von Bergen), Grichting, Ziegler; Barnetta (92'Eggimann), Inler, Huggel, Fernandes; Derdiyok (79'Yakin); Nkufo.
Arbitre: Webb/ENG
Durban: 61000 spectateurs
Classement
1. Chili 1 1 0 0 1- 0 3
. Suisse 1 1 0 0 1- 0 3
3. Honduras 1 0 0 1 0- 1 0
. Espagne 1 0 0 1 0- 1 0