Sous le choc d'une humiliation liminaire contre la Suisse (0-1) qui ne fait pourtant que répondre à la cynique loi du football, l'Espagne refuse de changer de style de jeu contre le Honduras lundi (20h30): comme l'a dit l'attaquant Fernando Torres, "si nous devons mourir, nous mourrons avec nos idées". Il est en tous les cas désormais temps pour les Champions d'Europe de vérifier la véracité de cette "théorie de l'accident".
Oublier le "malheur footballistique" de la défaite face à la Suisse
Jamais une équipe avec 74% de possession de balle n'était tombée dans un Mondial. La faute à la Suisse et à son système, que le moteur espagnol Xavi compare à celui de l'Inter Milan de José Mourinho, qualifié pour la finale de la Ligue des champions à la faveur d'une tactique ultradéfensive, et payante. "Nous avons dominé et ils ont marqué sur leur unique occasion, peste le milieu de terrain catalan. Ca a été un malheur footballistique". Le "contre-temps" de Durban, pour reprendre l'expression de Fernando Torres, serait essentiellement dû au "mauvais jour" qu'a connu la Roja, expliquent en choeur l'attaquant de Liverpool et le défenseur du Real Madrid Raul Albiol. "Le plus important, reprend le premier, c'est de ne pas laisser s'installer l'anxiété. Contre le Honduras, qui va évoluer à la manière de la Suisse, il nous faudra être patients".
Mais pas question pour la Roja de jouer contre-nature. "L'important désormais est de rester fidèles à notre style, qui nous a fait gagner, assure Torres. Ne pas devenir fous, ne pas changer, et continuer avec ce qui nous a rendu favoris. Nous n'allons pas commencer à balancer de longs ballons, à jouer replié, l'Espagne ne joue pas comme ça, ajoute el Niño. L'Espagne veut le ballon parce que quand on a des joueurs comme Xavi, Xabi Alonso, Busquets, Fabregas, et qu'on n'a pas la balle, on est dans l'erreur".
Changera ou changera pas de dispositif?
La Roja plaide donc la thèse de l'accident pour expliquer sa défaite contre la Suisse: tout était parfait, manquait juste un petit but. Et si les Espagnols persistent et signent, c'est parce que ce style a connu du succès: avant d'arriver en Afrique du Sud, n'avaient-ils pas enregistré 44 victoires et une seule défaite lors de leurs 48 matches en trois ans ? A cela prêt que les Ibères s'étaient montrés bien plus dangereux contre les joueurs US que contre les protégés d'Ottmar Hitzfeld. Lesquels n'ont finalement pas laissé à leurs adversaires tant d'occasions franches durant la partie (8 tirs cadrés). Ce manque d'inspiration dans les 25 derniers mètres helvétiques peut venir balayer la théorie de l'accident. Et si la Roja avait perdu de sa superbe ? Et si un ressort s'était cassé dans la magnifique mécanique des Champions d'Europe au jeu si léché ?
Les médias espagnols, sonnés après le revers des hommes de Vicente Del Bosque, soupçonnent un changement de dispositif pour lundi, avec deux pointes et non plus une seule. Del Bosque pourrait ainsi aligner ensemble Villa et Torres, qui était entré en cours de jeu mercredi, lui qui relevait de blessure. "J'ai foi dans ce groupe et ce système", s'est contenté de dire au journal As le sélectionneur. Qui joue la carte du mystère. Torres a dit samedi: "L'entraîneur ne nous a donné aucune piste".
Le Honduras retrouve son "top-scorer"
La rencontre d'Ellis Park devrait rapidement apporter des réponses à ces questions que toute l'Espagne ose à peine se poser, après la terrible déconvenue vécue au stade Moses Mabhida. Une chance pour la sélection de Vicente Del Bosque d'en découdre avec un Honduras qui apparaît clairement comme l'équipe la plus faible de ce groupe H. La Bicolor, battue 1-0 par le Chili, devrait récupérer toutefois deux éléments essentiels à son équilibre: son buteur David Suazo (ménagé mercredi) et son... sélectionneur Reinaldo Rueda (suspendu pour le premier match). Deux renforts qui ne seront pas de trop pour des "Catrachos" qui, à Nelspruit, ont vite été pris de court en défense et ont semblé manquer d'idées en attaque. Si Rueda sera bel et bien présent, le doute plane encore sur Suazo, qui s'est bien remis de sa déchirure musculaire à la cuisse mais qui n'est peutêtre pas encore prêt à jouer.
agences/rsch
Groupe H
Honduras - Chili 0-1 (0-1)
Espagne - Suisse 0-1 (0-0)
Chili - Suisse 21.06 16h00
Espagne - Honduras 21.06 20h30
Chili - Espagne 25.06 20h30
Suisse - Honduras 25.06 20h30
Classement
1. Chili 1 1 0 0 1- 0 3
. Suisse 1 1 0 0 1- 0 3
3. Honduras 1 0 0 1 0- 1 0
. Espagne 1 0 0 1 0- 1 0
Iniesta ne jouera probablement pas
Le sélectionneur de l'Espagne Vicente del Bosque a laissé entendre dimanche que le milieu de terrain Andres Iniesta ne jouerait pas contre le Honduras lundi à Johannesburg en raison d'une douleur à la cuisse droite. "Tout le monde est prêt à jouer sauf Iniesta. Il souffre de la cuisse, une blessure qui n'a rien à voir avec les précédentes et qui est consécutive à un coup reçu contre la Suisse. Il pourrait jouer s'il le fallait. Mais...", a déclaré Del Bosque en conférence de presse. Le sélectionneur ne devrait pas titulariser le joueur du FC Barcelone face au Honduras. Le milieu de terrain de la Roja était sorti à la 77e minute du match contre la Suisse (défaite 1-0) et avait posé de la glace sur sa cuisse droite, ce qui avait un temps fait craindre une rechute de la blessure contractée au début de la préparation. Il s'était ensuite montré rassurant.