La Suisse peut faire un énorme pas vers les huitièmes face au Chili

Cinq jours après son exploit historique face à l'Espagne à Durban, la Suisse bénéficiera à Port Elizabeth d'une première balle de match. Si elle bat le Chili, elle sera qualifiée pour les huitièmes de finale de la Coupe du monde à moins d'un improbable succès du Honduras contre l'Espagne. La tâche qui attend les héros de Durban ne sera pas simple. Avec le Chili, les Suisses trouveront sur leur route une équipe redoutable.

Une nouvelle bataille défensive en perspective

"Nous aurons droit à une toute autre rencontre que face à l'Espagne, indique d'emblée Ottmar Hitzfeld. Les Espagnols tentent 30 à 40 combinaisons par match. Les Chiliens, pour leur part, jouent beaucoup plus en rupture. Ils prennent davantage de risques dans le un contre un. Nous devrons être encore plus compacts que face à l'Espagne. Le Chili est d'ailleurs clairement favori. En prenant la deuxième place de la zone AMSUD à un point du Brésil, les Chiliens ont démontré toute leur valeur ! C'est vrai, nous avons réalisé un véritable exploit contre l'Espagne. Battre les Champions d'Europe était presque un rêve. Maintenant, il y a une erreur que nous ne devons pas commettre à tout prix: nous surestimer. Je pourrais parler des heures sur les forces du Chili. Je le répète, ce match s'annonce très compliqué. Mais j'ai confiance en mes joueurs. Nous sommes sur la bonne voie".

A la veille de croiser le fer avec les Sud-Américains à la Coupe du monde, Ottmar Hitzfeld plante le décor et fait profil bas. L'équipe de Suisse s'apprête à livrer une nouvelle bataille défensive. Un nul constituerait, en effet, un excellent résultat. Si elle partage les points contre le Chili, la Suisse devra tout simplement veiller à ne pas perdre le 25 juin devant le Honduras pour se qualifier. Même si Ottmar Hitzfeld est un entraîneur qui "ne se satisfait jamais d'un nul avant le début d'une rencontre", la Suisse n'a vraiment aucune raison de se lancer à l'abordage face au Chili. La victoire contre l'Espagne la place vraiment en position de force dans ce groupe H. Sa faculté de bien défendre autour de Benaglio et de Grichting l'incitera à laisser venir l'adversaire.

Hitzfeld osera-t-il changer une équipe qui gagne?

En intégrant samedi matin lors de l'entraînement ouvert au public à Vaal Valon Behrami et Alex Frei, Ottmar Hitzfeld, tel le renard qu'il est, s'est amusé à brouiller les cartes. Le sélectionneur changera-t-il une équipe qui gagne ? Il est permis d'en douter même si le Tessinois et le Bâlois brûlent de reprendre leur place de titulaire. Décisif contre l'Espagne, Eren Derdiyok ne mérite pas de sortir de l'équipe. Quant à Tranquillo Barnetta, il a donné -enfin - des motifs de croire à nouveau en lui à Durban.

Ottmar Hitzfeld n'a bien sûr pas dévoilé son équipe. "Je la communiquerai à mes joueurs lundi à 13 heures, précise-t-il. Tout est encore ouvert. Je peux jouer avec un attaquant, deux attaquants ou même trois attaquants pour mettre les Chiliens sous pression...". Ottmar Hitzfeld a toutefois tenu à souligner les mérites de deux hommes qui n'étaient pas titulaires dans son esprit avant la Coupe du monde: Fernandes et Von Bergen. "Gelson Fernandes a gagné sa place après sa performance à Genève contre l'Italie. Sur le flanc gauche, il peut à la fois apporter beaucoup sur le plan offensif et soulager Reton Ziegler en défense, explique-t-il. Quant à Von Bergen, il a su s'intégrer très vite au coeur de la défense après la blessure de Senderos. Il a bénéficié, il est vrai, de l'aide de ses coéquipiers mais le défi qui lui était proposé était immense: il l'a relevé avec bravoure".

Du côté des observateurs, on n’imagine pas trop un changement. "A mes yeux, il est inconcevable qu'un changement intervienne", lance Alain Sutter. L'ancien international, aujourd'hui consultant de la télévision alémanique, estime que modifier la composition de l'équipe contreviendrait à toute logique. "Quels arguments Ottmar Hitzfeld pourrait-il donner à Eren Derdiyok pour l'écarter ? Aucun !", lâche l'ancien joueur du Bayern Munich.

Hitzfeld aurait dit au revoir à Anelka

Devant la presse internationale, Ottmar Hitzfeld n'a bien entendu pas échappé à une question sur la crise de l'équipe de France. Quelle aurait été sa réaction si un joueur était venu à l'insulter ? "Je n'ai jamais connu une telle situation, lâche-t-il. Si cela devait m'arriver, je lui dirais tout de suite au revoir. Chacun son chemin. Le sien pour le joueur, celui de l'équipe pour moi".

LE CHILI CHANGERA PROBABLEMENT DE SYSTEME

Cela semble se confirmer de plus en plus, le Chili affrontera la Suisse dans un 3-3-13 qu'il avait laissé de côté mercredi dernier contre le Honduras. Comme une promesse faite aux Helvètes par Marcelo Bielsa et la Roja d'une vague offensive incessante. Les deux "victimes" du changement de formation seront sans doute Jorge Valdivia - qui paie le retour du buteur Humberto Suazo et qui est annoncé souffrant de la cuisse - et Rodrigo Millar, demi défensif qui va céder sa place à un troisième arrière central qui devrait être Gonzalo Jara.

Offensivement, le danger peut venir de partout. A droite, avec le binôme Isla-Sanchez (ce dernier étant d'ores et déjà une des révélations du tournoi), à gauche avec le tandem Vidal-Beausejour (buteur contre le Honduras), le tout sous la houlette de Matias Fernandez dans l'axe, où il a fait cette saison le bonheur du Sporting du Portugal. Tout ce dispositif aura pour principale tâche de pourvoir en ballons le finisseur Humberto Suazo, auteur de 10 de ses 18 buts internationaux dans la campagne de qualification pour ce Mondial. La paire Grichting-Von Bergen sera ainsi mise à rude épreuve par l'avant-centre de Saragosse (6 réalisations en 17 matches de Liga 2009/10), dont il est très difficile de se débarrasser.

si/rsch