La Suisse, réduite à 10, descend de son nuage face au Chili

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas pour l'équipe de Suisse. Elle en a fait la cruelle expérience, en concédant une défaite "logique" face au Chili (1-0) dans son 2e match de la Coupe du monde. Le tournant de la partie a eu lieu à la 31e minute lorsque l'arbitre a expulsé Behrami pour une voie de fait.

A dix, les Suisses ont tenu tant bien que mal le coup, avant de craquer à la 75e. Entré en cours de jeu, Derdiyok a gâché une énorme occasion à l'ultime minute. Maigre consolation, la Suisse a battu le record de minutes sans but encaissé en Coupe du monde. Avec 559 minutes, elle passe devant l'Italie (550).

Une défaite... "rassurante"

S'il est un reproche que l'on ne pourra pas faire à l'équipe d'Ottmar Hitzfeld à cette Coupe du monde, c'est bien ce lui de ne pas se battre et de ne pas laisser ses tripes sur le terrain. Partant de ce principe, le revers face au Chili est moins amer. Mais logique.

Ballottés, dépassés, mis à genoux par des Sud-Américains incroyables de vivacité et très malins au moment de se laisser tomber, les Grichting et autres Inler ne se sont inclinés "que" 1-0. Cette défaite est finalement... "rassurante" car elle aurait très bien pu se transformer en match nul si Eren Derdiyok avait cadré son tir à la 90e.

Behrami change le cours du jeu

Avec un seul tir cadré durant toute la rencontre (!), la Suisse a finalement joué pour ne pas perdre. La "faute" à Valon Behrami, expulsé à la 31e par le très tatillon Saoudien Al Ghamdi, le "Lucky Luke" du carton, qui a sanctionné les coups de coude du Tessinois.

Cet événement allait contraindre Ottmar Hitzfeld, vert de rage à l'encontre de l'arbitre, à revoir son dispositif et à sortir le revenant Alex Frei, titularisé à la place d'Eren Derdiyok, pourtant brillant face à l'Espagne. La Suisse, aidée par l'incroyable Diego Benaglio devant ses buts, s'est recroquevillée avant de céder à la... 75e.

La Suisse a tout à perdre

Malgré cette défaite, tout reste ouvert pour la Suisse. Une victoire face au Honduras, vendredi, avec 2 buts d'écart la propulserait en huitièmes de finale. Mais la tâche ne s'annonce guère aisée car la Suisse n'est jamais aussi empruntée que lorsqu'elle doit prendre les initiatives. Le Honduras, qui rêvera de lui poser des peaux de bananes sur son chemin, n'a rien à gagner. La Suisse a, elle, tout à perdre.

Le Honduras n'a rien à gagner. La Suisse a elle tout à perdre. Modeste et limité en phase offensive, le Honduras jouera à 11 en défense. Les joueurs à croix blanche sont avertis. A eux de faire abstraction de la pression qui reposera sur leurs épaules... Sans quoi la victoire contre l'Espagne n'aura servi qu'à attiser les regrets.

Miguel Bao

"A dix, le but était de tenir le 0-0 jusqu'au bout"

OTTMAR HITZFELD: Behrami n'a pas donné de coup à Vidal, qui a parfaitement joué la comédie. Ce genre de scène n'a plus rien à voir avec le football! Ensuite, à dix, le but était de tenir le 0-0 jusqu'au bout, on y est presque arrivé. Maintenant, il faut bien récupérer pour le match de vendredi. Je reste très optimiste (ndlr: une victoire 2-0 contre le Honduras qualifiera la Suisse pour les 1/8, quels que soient les résultats des autres matches de ce groupe).

MICHEL PONT: Nous sommes mal entrés dans la rencontre face à un Chili très rapide et vif. Puis dès que nous avons trouvé nos esprits, il y a eu l'expulsion de Valon Behrami. Ceci nous a déstabilisés. L'arbitre a été très pointilleux. L'expulsion est très sévère. Nous n'avons pas su gérer la nervosité correctement. Cela n'a pas joué comme nous le voulions. Le but raté d'Eren Derdiyok est à l'image de notre match. Nous avons eu les contres défavorables et les jambes lourdes. Maintenant, ce n'est pas fini. On a encore un joker. On va essayer de gagner contre le Honduras vendredi et de marquer le plus de buts possible.

RETO ZIEGLER: Ce n'était pas facile à 10 mais nous nous sommes battus. C'est notre force. Le Chili est une équipe très forte. Et puis nous avons eu une grosse occasion à la 90e. A ce niveau, ce ballon doit finir au fond des filets

"Cette défaite nous fait mal"

BLAISE NKUFO: Cette défaite nous fait très mal. L'arbitre a commis beaucoup d'erreurs mais nous n'avons pas connu un bon début de rencontre. L'expulsion n'a pas arrangé les choses... Nous nous sommes mis nous-mêmes dans cette situation. Maintenant, nous devons prendre nos responsabilités face au Honduras. Tout est encore jouable.

STEPHAN LICHTSTEINER: La déception est très grande après un carton rouge qui n'était pas vraiment justifié. En plus, il y avait hors-jeu sur le but. Un arbitre doit le voir à ce niveau. En tant que défenseur, il était à peine possible de toucher l'attaquant et il y avait tout de suite faute. C'est pénible de jouer dans ces conditions. A la fin, les forces nous ont manqué pour faire courir le ballon. Contre le Honduras, il sera important d'être meilleurs sur le plan offensif.

STEVE VON BERGEN: Nous avons défendu plus bas que contre l'Espagne. Après l'expulsion, le pauvre Nkufo s'est retrouvé tout seul devant. Nous sommes très déçus, car le carton rouge ne se justifiait pas, Valon n'a rien fait. L'arbitre n'était pas au top niveau. S'il met un rouge à Behrami, il doit aussi expulser le joueur qui m'a donné un coup au visage.

VALON BEHRAMI: J'ai dit à mes coéquipiers excusez-moi et ils m'ont dit "tu n'as pas besoin de t'excuser pour ça parce que c'est incroyable". Vidal a fait l'acteur! Sur l'action, je veux le ballon et je n'ai pas besoin de toucher l'homme. J'ai seulement senti un contact et je perds l'équilibre alors j'ai bougé avec les mains et je l'ai touché ici (il montre le cou) et lui il se touche là (il montre le visage)... De toute façon, à chaque action l'arbitre sifflait, des fois on ne savait pas pourquoi. Pour un joueur, c'est un rêve la Coupe du monde et casser un rêve comme ça avec une suspension..." >