Nodar Kumaritashvili, âgé de 21 ans, s'est tué lors de la
seconde session d'entraînement sur la piste olympique de Whistler.
Le lugeur géorgien approchait le 16e et dernier virage, où la
vitesse peut frôler les 140 km/h, lorsqu'il a été éjecté de la
piste et a heurté un poteau métallique. Inconscient et le visage en
sang, il a été pris en charge immédiatement par les secouristes qui
ont tenté vainement de le ranimer.
Athlète encore peu expérimenté, Kumaritashvili avait commencé son
sport en 2008 et son palmarès est quasi vierge (55e de la dernière
Coupe du monde).
"Une ombre tragique"
"Le décès de Kumaritashvili est une tragédie", a
commenté le président du CIO Jacques Rogge. "Nos premières
pensées vont à la famille, aux amis et aux coéquipiers de
l'athlète, a ajouté le Belge. "Ce décès jette une ombre
tragique sur l'ouverture des Jeux, que nous avons attendus avec
tant de joie", a de son côté déclaré l'Allemand Thomas Bach,
vice-président du CIO.
"Nous sommes profondément affectés par cette tragédie et nous
nous joignons au CIO pour présenter nos condoléances à la famille,
aux amis et aux coéquipiers de l'athlète, qui venait à Vancouver
pour poursuivre son rêve olympique, a ajouté John Furlong, le
président du Comité d'organisation.
Les organisateurs ont interrompu les entraînements de luge
"pendant que les officiels de la compétition mènent leur
enquête pour déterminer la cause de l'accident, afin d'assurer la
sécurité de la piste", a précisé le CIO peu après l'annonce du
décès du jeune Géorgien.
La piste de 1450 mètres compte 16 virages et présente une
inclinaison prononcée sur 152m, ce qui en fait la plus longue chute
du genre au monde. L'inclinaison moyenne est de 11% mais elle
atteint 20% en deux endroits.
Une piste jugée dangereuse
La piste de Whistler elle-même est l'une des plus rapides du
monde, l'une des plus dangereuses, selon certains. Les précédentes
sessions d'entraînement avaient déjà vu plusieurs chutes. Plusieurs
concurrents ont eu des accidents lors des entraînements, parmi
lesquels le favori italien Armin Zöggeler. La Roumaine Violeta
Stramaturaru a elle dû être hospitalisée quelques heures jeudi
après avoir heurté le mur plusieurs fois.
Pour Sam Edney, l'un des trois lugeurs canadiens engagés en
individuel, l'accident fait partie intégrante de son sport et la
polémique sur la dangerosité présumée de la piste de Whistler n'a
pas lieu d'être.
"La piste ici est sûre", disait-il plus tôt dans la
semaine. "Dans un slalom, certains skieurs n'arrivent pas
toujours en bas. Ce n'est pas pour autant qu'ils se retournent vers
la piste et disent: 'Oh mon Dieu, il faut changer le tracé'",
ajoutait Edney.
agences/boi
La piste hors de cause, la compétition reprend
Les entraînements et la compétition de luge reprendront dès samedi comme prévu, l'enquête diligentée après l'accident mortel du Géorgien Nodar Kumaritashvili vendredi ayant conclu que la piste ne présentait aucune anomalie.
Les organisateurs des Jeux et la Fédération internationale de luge (FIL) indiquent que "les responsables techniques de la FIL ont été en mesure de retracer la trajectoire de l'athlète et ils ont conclu que l'accident n'était le résultat d'aucune anomalie de la piste".
Après une inspection de la piste et l'étude attentive des vidéos de l'accident, les experts ont constaté que le jeune lugeur, âgé de 21 ans, était "entré trop loin dans la courbe no 16 et, bien qu'il ait tenté de corriger sa trajectoire, il a ainsi perdu le contrôle de sa luge, ce qui a provoqué le tragique accident".
Par précaution, le mur à la sortie de la courbe fatale sera relevé, et la glace sera modifiée. "Il s'agit de mesures préventives visant à éviter qu'un tel accident, bien qu'il soit rare, ne se reproduise", selon le communiqué.
Premier décès aux Jeux d'hiver
Nodar Kumaritashvili est le premier sportif à se tuer en compétition ou en entraînement officiel aux JO d'hiver.
Auparavant, d'autres athlètes avaient déjà trouvé la mort en marge des Jeux.
En 1992 à Alberville, le skieur de vitesse valaisan Nicolas Bochatay s'était tué en percutant une dameuse. Le ski de vitesse était discipline de démonstration, et ne faisait pas partie des compétitions officielles.
En 1964 à Innsbruck, en Autriche, le skieur australien Ross Milne, 19 ans, s'était tué à l'entraînement, dans les jours précédents les Jeux.
Un lugeur britannique, Kazimierz Kay-Skrzypeski, avait également perdu la vie lors d'un entraînement avant les mêmes Jeux d'Innsbruck.