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La Géorgie sous le choc après la mort de son lugeur

Kumaritashvili avait commencé la luge en 2008
Kumaritashvili avait commencé la luge en 2008
Quelques heures après l'accident mortel d'un lugeur géorgien à l'entraînement, les responsables des Jeux de Vancouver ont décidé de maintenir la compétition. Les épreuves ont repris avec un départ abaissé.

La Géorgie était sous le choc samedi après la chute qui a coûté
la vie à son jeune lugeur Nodar Kumaritashvili lors d'un
entraînement vendredi aux Jeux olympiques de Vancouver, jetant une
ombre tragique sur la cérémonie d'ouverture. La séquence dans
laquelle le jeune homme de 21 ans sort de la piste olympique à une
vitesse d'environ 140 km/h avant de heurter un poteau métallique
était diffusée sans relâche samedi par les chaînes de ce petit pays
du Caucase, provoquant des scènes de pleurs et de consternation
parmi la population.



Inconscient et le visage en sang, le lugeur a été pris en charge
immédiatement et évacué par les secours, mais il est décédé à son
arrivée à l'hôpital. L'émotion était particulièrement forte à
Bakuriani, station de ski du centre du pays et ville natale du
sportif, où des habitants se sont rassemblés à son domicile pour
épauler son père, sa mère et sa soeur, a indiqué à l'AFP un ami de
la famille, Giorgi Gavva.



"Tout Bakuriani est complètement sous le choc. Tout le monde
ici connaissait ce garçon et plaçait de grands espoirs en lui pour
les JO. La famille est atterrée"
, a ajouté M. Gavva, un proche
du père du jeune homme. Le lugeur était parti à Vancouver
accompagné de son entraîneur et cousin Felix Kumaritashvili.
"Nodar était un garçon très timide mais un très bon sportif
avec des perspectives excellentes"
, a-t-il relevé.

Mauvais souvenirs

Le ministre géorgien de la Culture et des Sports Nikoloz Rurua a
annoncé à la télévision depuis Vancouver que la dépouille du jeune
homme serait rapatriée d'ici quelques jours pour être enterrée à
Bakuriani, où une piste de luge sera également baptisée en son
honneur.



M. Rurua a jugé qu'il était trop tôt pour dire si l'accident
-aurait pu être évité. "L'enquête sur cet incident tragique a
démarré et il est prématuré de tirer des conclusions pour le
moment"
, a-t-il dit.



"Notre équipe olympique et le Comité olympique ont reçu un
soutien et des marques de sympathie extraordinaires de la part des
délégations de tous les pays"
, a-t-il ajouté. La petite équipe
olympique géorgienne -3 skieurs alpins, 3 patineurs artistiques et
un autre lugeur-, après avoir un temps envisagé de se retirer de la
compétition, a finalement décidé de participer, et arborait des
brassards noirs lors de la cérémonie d'ouverture.

"Une erreur ne devrait pas être fatale"

Le président géorgien Mikheïl Saakachvili, qui assiste aux Jeux
à Vancouver, a rencontré les athlètes géorgiens et a observé avec
eux une minute de silence en l'honneur du jeune homme, a rapporté
la chaîne de télévision Rustavi-2.



"Les enquêteurs disent que ce qui s'est passé est dû à une
erreur humaine. Je ne suis pas un expert mais je pense qu'aucune
erreur dans le sport ne devrait conduire à la mort
", a déclaré
le président Saakachvili lors d'une conférence de presse. "Il
faut écouter les sportifs, il faut écouter les entraîneurs. On peut
perdre l'équilibre, faire une faute, mais il faut toujours plus de
barrières de sécurité pour éviter le pire
", a-t-il
ajouté.



Balayant les soupçons sur le niveau d'expérience de
Kumaritashvili, Saakachvili a rappelé que le jeune homme,
originaire de Bakuriani, station de ski du centre du pays, venait
d'une famille de lugeurs. Son père pratiquait la luge et son oncle
a été entraîneur en France, a assuré le président.



Pour nombre de Géorgiens, la tragédie de Vancouver a remué de
mauvais souvenirs liés aux précédents Jeux olympiques, à Pékin en
août 2008, qui coïncidaient avec la brève guerre menée par leur
pays et la Russie pour le contrôle de la région séparatiste
d'Ossétie du Sud. Tbilissi a appelé à un boycott des JO d'hiver de
2014, dont l'organisation a été confiée à la ville russe de Sotchi,
afin de protester contre le soutien apporté par Moscou à l'Ossétie
du Sud ainsi qu'à une autre région séparatiste géorgienne,
l'Abkhazie. Celle-ci se trouve à peine à 30 km de Sotchi.

"C'EST LA FATALITE", SELON L'ENTRAINEUR DES SUISSES

Deux Suisses disputent les épreuves olympiques de luge à
Whistler Mountain, le Zurichois Stefan Höhener et la Bernoise
Martina Kocher. Le premier avait eu le temps de faire deux
descentes d'entraînement vendredi soir avant l'accident fatal au
Géorgien Nodar Kumaritashvili, sans connaître de difficultés
majeures (3e chrono de la première session).



"Evidemment, ce genre d'accident ne devrait pas arriver. Reste
que nous faisons un sport dangereux où la vitesse est importante.
On ne peut donc jamais rien exclure"
, a commenté Reto Gilly,
l'entraîneur de l'équipe de Suisse. A l'instar de la Fédération
internationale, le coach a mis cette tragédie sur le compte du
destin: "Je ne connaissais pas bien Kumaritashvili. Mais selon
moi, cela aurait pu arriver à un concurrent plus expérimenté. C'est
la fatalité"
, a-t-il estimé.



Interrogé sur la capacité de ses athlètes à surmonter cette
épreuve, Reto Gilly s'est montré confiant: "Stefan devrait
avoir les nerfs solides. Martina pourrait en revanche être plus
affectée. Heureusement, Swiss Olympic nous met à disposition un
psychologue du sport. J'ai demandé son intervention"
, a ajouté
Gilly.



agences/bao

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Reprise de la compétition

Les épreuves de luge des Jeux olympiques ont repris samedi matin avec un départ abaissé au lendemain de l'accident mortel du Géorgien Nodar Kumaritashvili, a indiqué samedi la Fédération internationale de luge (FIL).

Le mur à la sortie de la courbe fatale au Géorgien (N.16 et dernière) a été relevé et la glace modifiée à la suite de l'inspection d'une commission d'enquête vendredi en fin de journée. Dans un communiqué, publié vendredi après les conclusions de la commission d'enquête, les organisateurs des Jeux et la FIL ont indiqué que "les responsables techniques de la FIL ont été en mesure de retracer la trajectoire de l'athlète et ils ont conclu que l'accident n'était le résultat d'aucune anomalie de la piste."

Après l'inspection et l'étude des vidéos de l'accident, les experts ont constaté que le jeune lugeur, âgé de 21 ans, était "entré trop loin dans la courbe N.16 et, bien qu'il ait tenté de corriger sa trajectoire, il a ainsi perdu le contrôle de sa luge, ce qui a provoqué le tragique accident".

"Abaisser le départ ne signifie pas que nous estimons que la piste était trop rapide. Mais (pour cette décision) nous tenons compte de l'émotion suscitée par cet accident", a expliqué l'Américain Svein Romstad, secrétaire général de la FIL. Par ailleurs, l'enquête ouverte conjointement par la police et la gendarmerie royale est close.

LA ROUMAINE STRAMATURARU FORFAIT
La lugeuse roumaine Violeta Stramaturaru, hospitalisée quelques heures jeudi après avoir violemment heurté le mur à l'entraînement avant les Jeux olympiques, n'a pas reçu l'accord des médecins pour reprendre la compétition à Whistler. "Elle ne va pas participer, elle est forfait", a déclaré l'adjoint au chef de mission de l'équipe roumaine, Florin Misca. "Les médecins n'ont pas donné leur accord pour qu'elle participe", a-t-il ajouté.

Violeta Stramaturaru, 21 ans, avait heurté le mur plusieurs fois et était arrivée secouée en bas de la piste lors d'un entraînement jeudi. Elle avait brièvement perdu connaissance et avait été conduite par précaution à l'hôpital, d'où elle était ressortie dans la soirée. Sa soeur aînée Raluca reste pour sa part engagée. Le lendemain de l'accident de Stramaturaru, le lugeur géorgien Nodar Kumaritashvili s'est tué lors d'un entraînement sur la même piste de luge, la plus rapide du monde.