La performance de Ye Shiwen (16 ans), qui a effacé de 1 seconde 2 centièmes le record du monde de la spécialité détenu par l'Australienne Stephanie Rice, évoque "plein de très mauvais souvenirs" de la nageuse irlandaise Michelle Smith, a ajouté Leonard dans une interview publiée mardi par le quotidien britannique The Guardian.
Michelle Smith avait remporté la même épreuve aux JO d'Atlanta en 1996 avant d'être convaincue de dopage en 1998 et interdite de compétition pendant quatre ans. Elle avait décroché trois médailles à Atlanta.
"Il faut être très prudent avant de parler de dopage", a déclaré Leonard, qui est aussi le directeur exécutif de l'Association des entraîneurs américains de natation (USA Swimming Coaches Association). "Ce que je dirais simplement, c'est que l'histoire de notre sport montre que chaque fois que nous assistons à quelque chose - et je mets ça entre guillemets - d'"incroyable", il se révèle ensuite qu'il y avait dopage", a-t-il toutefois souligné.
Un 100m supersonique, presque aussi rapide que celui de Ryan Lochte!
"Le dernier 100 m (de Ye Shiwen) a rappelé à ceux qui ont vécu ça (les performances de) certains des anciens nageurs d'Allemagne de l'Est, a encore affirmé Leonard, citant aussi "le 400 m 4 nages d'une jeune Irlandaise à Atlanta", Michelle Smith. "Chaque fois qu'une "superwoman" est apparue dans l'histoire de notre sport, elle a ensuite été convaincue de dopage", a également indiqué le "patron" de la WSCA, enfonçant encore un peu le clou.
Selon "L'Equipe" du jour, Ye Shiwen avait réussi, lors du 400m 4 nages, "un dernier 100m supersonique (58"68), presque aussi rapide sur cette section que Ryan Lochte (58"65), champion olympique de cette épreuve le même soir!". Et de s'interroger ensuite sur son physique "assez ordinaire pour une nageuse (172cm, 64kg), comment peut-elle filer à ces allures?".
"Elle est impressionnante. Si elle avait été avec moi (en course), elle m'aurait peut-être battu", a souligné dimanche Ryan Lochte. Son compatriote Michael Phelps a abondé dans le même sens lundi: "elle m'aurait dépassé aussi, elle a dépassé la plupart des gars du 4x100".
"Il n'y a pas de problème de dopage"
Ye Shiwen, elle, a défendu sa performance. "Il n'y a pas de problème de dopage, l'équipe chinoise a une politique ferme", a déclaré la nageuse, disant avoir été mise en confiance par cette victoire.
Selon l'entraîneur de Sun Yang, autre brillante nageuse chinoise, l'Australien Dennis Cottrell (qui a accueilli Shiwen en stage en 2011), "elle peut répéter les entraînements comme aucun autre nageur en Australie"...
Ye Shiwen s'est encore mise en évidence lundi dans le bassin olympique, tout d'abord lors des séries du 200m 4 nages (2'08"90) puis, quelques heures plus tard, en demi-finale de la même discipline, avec le temps canon de 2'08"39. Soit tout simplement un nouveau record olympique!
Détail piquant: "L'Equipe" révèle encore que Li Zhesi, 16 ans également et partenaire d'entraînement de Shiwen, a été contrôlée positive à l'EPO...
dbu, avec afp
Le CIO n'a pas de raison de douter
Arne Ljungqvist, président de la commission médicale du Comité international olympique (CIO), avait dit lundi n'avoir pas de raison de douter de l'exploit de Ye Shiwen, médaillée d'or du 400m 4 nages avec un temps record samedi. "Dans ce cas spécifique en natation, non, je n'ai personnellement pas de raison de ne pas applaudir à ce qui s'est passé", a déclaré le Suédois, qui est également vice-président de l'Agence mondiale antidopage (AMA).
"Soupçonner quelqu'un immédiatement d'avoir fait quelque chose parce que cette personne a réalisé une performance extraordinaire est triste pour le sport olympique", a-t-il estimé. "Si pour chaque hausse soudaine de performance ou victoire surprise il fallait suspecter a priori une tricherie, le sport serait en danger, cela briserait le charme", a insisté Arne Ljungqvist.
Cependant, selon lui, une amélioration soudaine de performance fait partie des éléments pouvant être pris en compte par la cellule spéciale antidopage, qui pendant la période olympique collecte toute preuve ou information dans le but de débusquer des athlètes se dopant.