Tous deux sont Jamaïcains, ont montré un talent précoce (10'11 pour Blake à 17 ans, 19''93 pour Bolt au même âge sur 200 m) et disposent du même coach, Glen Mills. Ils sont aussi tous les deux le pur produit de la filière sport-études de leur pays, qui permet de rapidement détecter et mettre en exergue les meilleurs sprinters via des compétitions scolaires très prisées.
Au-delà de ces parallèles, les différences sont tout aussi frappantes. Bolt (1m96) a un physique encore atypique pour un sprinter, quand Blake est plus compact (1m81). Bolt aime faire le show alors que son cadet ne se gêne pas de jouer plutôt sur son côté "bestial", forçat de l'entraînement. Constatant son ardeur au travail, Bolt avait lui-même donné à Blake son surnom de "The Beast".
"Je veux tuer ce gars!"
A l'image d'un boxeur, Blake a eu cette phrase percutante devant la presse à Londres: "Je veux tuer ces gars!", a-t-il lancé, parlant de la compétition bien sûr. En dehors, le jeune homme semble plutôt "soft", ce qu'il reconnaît lui-même: "Sur piste, la Bête est mauvaise, mais en dehors, c'est différent."
Blake est celui qui doit prouver que son titre mondial de Daegu l'an dernier n'était pas dû qu'à la disqualification de Bolt. Ce dernier veut démontrer, lui, qu'il est capable de renouer avec ses grandes années 2008 et 2009, celles de ses records du monde (9''58 et 19''19) et de ses trois titres olympiques et mondiaux. Ses dernières sorties, ainsi que ses pépins de santé (dos, cuisses) entretiennent le doute. Car c'est bien Blake qui détient le meilleur chrono de la saison (9''75).
Le talent contre la technique
L'ancien recordman et champion du monde Maurice Greene résume ainsi la situation: "Si Bolt court comme à Pékin, il gagnera les mains dans les poches. Mais il ne court plus comme ça. Il a plus de talent, mais Blake a une meilleure technique de course."
Bolt comme Blake ne sont pas les meilleurs partants. Il est fort probable qu'après 40 m de course, pour le moins, ils soient devancés par un Asafa Powell (Jam) ou un Tyson Gay (EU). Ensuite, si Bolt parvient à déployer sa foulée à la fois immense (2m70) et cadencée, il sera imbattable. Certains, comme l'ancienne star du 400 m Michael Johnson, ont même estimé qu'un chrono dans les 9''4 était possible.
Bolt ne semble pas effleuré par le doute: "Beaucoup de légendes, beaucoup de gens ont existé avant moi, mais le temps est venu pour moi", prévoit-il. Selon son staff médical, la megastar sera "au pic de sa forme à ces Jeux".
Vu la concurrence exacerbée cette année, un nouveau triplé olympique installerait définitivement Bolt au Panthéon, en sachant qu'il ne lui est de toute façon pas possible de rivaliser avec la vingtaine de médailles de Michael Phelps en natation, tant les deux sports sont différents. Et de manière plus prosaïque, pour être la vedette de la semaine, ainsi que pour marquer des points en vue du 200 m, il faudra impérativement gagner le 100 m. Une donnée que connaissent également les Américains, Gay et Justin Gatlin...
si/alt
Blake aussi à Lausanne
Après la confirmation de la venue d'Usain Bolt, les organisateurs du meeting Athletissima à Lausanne annoncent la participation de Yohan Blake. Comme son aîné, il décidera après les Jeux s'il courra le 100 ou le 200 m le jeudi 23 août.
Cette année, le Jamaïcain de 23 ans est invaincu sur les deux distances. Le champion du monde en titre du 100 m a battu à deux reprises son compatriote à Kingston lors des sélections olympiques. Il détient respectivement aussi les meilleures performances mondiales 2012 en 9''75 (record personnel) et 19''80.
Le 1500 m masculin promet également des étincelles. Les 3 meilleurs Kenyans seront présents, soit le champion du monde et olympique Asbel Kiprop, le vice-champion du monde Silas Kiplagat et Nixon Kiplimo Chebseba.