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L'Espagne a grand besoin d'un bol d'Eire

Giovani Trapattoni détaille son plan: c'est en jouant comme Chelsea qu'il espère faire trébucher l'Espagne. [Keystone - BARBARA OSTROWSKA]
Giovani Trapattoni détaille son plan: c'est en jouant comme Chelsea qu'il espère faire trébucher l'Espagne. - [Keystone - BARBARA OSTROWSKA]
L'Espagne, tenante du titre tenue en échec par l'Italie en ouverture du groupe C (1-1), n'a plus le droit à l'erreur face à l'Eire, jeudi à Gdansk (20h45), si elle ne veut pas hypothéquer sa place en quarts de finale de l'Euro 2012.

Face aux Italiens dimanche, les joueurs de Vicente Del Bosque ont peiné à imposer leur habituelle maîtrise du jeu. Confrontés aux coriaces Irlandais, ils se doivent d'avoir cette fois-ci les idées claires. Car, si les Verts ont mal commencé leur tournoi en perdant sans discussions (3-1) face à la Croatie, ils feront certainement preuve de tout leur légendaire "fighting spirit" face aux champions du monde et d'Europe en titre.

Les hommes de Giovanni Trapattoni ont d'ailleurs annoncé la couleur, en disant vouloir s'inspirer du jeu pratiqué par Chelsea en Ligue des champions pour contrarier les ambitions de jeu de la Roja et pourquoi pas créer la surprise face à une équipe espagnole archi-favorite.

Pas sûr que Fernando Torres soit aligné par Del Bosque face à l'Eire. [Keystone - Matt Dunham]
Pas sûr que Fernando Torres soit aligné par Del Bosque face à l'Eire. [Keystone - Matt Dunham]

Jeudi, Xavi et les siens devront donc s'attendre à une muraille verte leur barrant l'accès aux cages de Shay Given, ainsi qu'à des raids lancés ponctuellement en contre-attaque par le danger no1, Robbie Keane.

"Si les Irlandais se replient sur leur but, la clé sera la patience", a déjà pronostiqué Sergio Busquets, milieu de terrain du Barça qui avait justement fait les frais en demi-finales de C1 de la stratégie ultra-défensive "made in Chelsea" (0-1; 2-2). "Si nous pouvions marquer tôt, ce serait parfait, car cela les forcerait à se découvrir", a également observé le milieu récupérateur espagnol, mettant paradoxalement le doigt sur une des faiblesses du moment de son équipe.

Orpheline du meilleur buteur de son histoire, David Villa, resté à la maison en raison d'une fracture d'un tibia survenue en décembre dernier, la Roja n'a pour l'instant toujours pas trouvé un remplaçant à la hauteur.

Cette fois, l'Espagne alignera un avant-centre de métier

Contre l'Eire, peu enclin à disputer à l'Espagne la possession de balle, Del Bosque ne devrait pas recourir à la même solution que face à l'Italie, quand il avait choisi d'aligner un milieu supplémentaire, Fabregas, plutôt qu'un avant-centre de métier. Cette fois, l'Espagne devrait donc s'élancer d'entrée de jeu avec une vraie pointe en attaque. Mais l'identité de ce no9 faisait encore débat mercredi dans l'entourage de la sélection.

Vicente Del Bosque livrera un "match dans le match" avec Giovanni Trapattoni. [Keystone - OLIVER WEIKEN]
Vicente Del Bosque livrera un "match dans le match" avec Giovanni Trapattoni. [Keystone - OLIVER WEIKEN]

Pas sûr ainsi que Del Bosque fasse confiance à l'attaquant Torres, compte tenu du manque de précision dans la finition dont il a fait preuve face aux Azzurri. Une situation qui laisse la porte entrouverte pour Alvaro Negredo, joueur de surface, ou pour le grand Fernando Llorente, qui serait l'atout le plus indiqué pour battre les défenseurs irlandais dans les airs.

Pour le reste, la composition de l'équipe d'Espagne devrait être la même que face à l'Italie: Ramos-Piqué tenteront de faire meilleure figure en charnière centrale, Busquets et Xabi Alonso joueront les sentinelles devant la défense et Iniesta et Xavi dynamiteront, comme à leur habitude, le milieu adverse.

Il y a encore moins de changements à prévoir côté irlandais, où Trapattoni devrait reconduire le onze choisi pour affronter la Croatie: Given dans les cages, Dunne-St Ledger dans l'axe et Keane pour essayer de tirer les marrons du feu devant.

afp/dbu

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Del Bosque-Trapattoni, à l'ancienne

Espagne-Irlande, match crucial pour l'avenir des champions d'Europe et du monde dans le groupe C, oppose aussi jeudi deux grandes figures du football, Vicente Del Bosque et l'Italien Giovanni Trapattoni, le doyen de la compétition à la tête de l'Eire.

Si certains entraîneurs comme José Mourinho sont experts dans l'art de la polémique d'avant-match, ces deux sages-là incarnent en revanche l'esprit de fair-play et la gestion de groupe apaisée. Bref une sorte de football à l'ancienne.

Il y a d'abord évidemment le poids de la connaissance et de l'expérience. Et de l'expérience, Del Bosque, derrière sa moustache broussailleuse ou le "Trap", blanchi sous le harnois, en possèdent à revendre. A 61 ans, Del Bosque, ancien joueur et entraîneur du Real Madrid avant qu'il ne prenne en 2008 la relève de Luis Aragones en sélection, n'a pas appris qu'à gagner au club Merengue. Son licenciement, un an seulement après avoir remporté avec les Galactiques en 2002 la neuvième Ligue des Champions de leur histoire, l'a aussi amené à se forger une carapace contre la brutalité que peut parfois avoir le monde du ballon rond.

Quant à Trapattoni, il pourrait être à 73 ans l'arrière-grand-père du Néerlandais Jetro Williams, devenu à 18 ans et une centaine de jours le plus jeune joueur d'un Euro. Un signal plutôt encourageant quand on sait que les deux derniers Euros ont été remportés par le doyen des coaches, l'Allemand Otto Rehhagel avec la Grèce à 65 ans (2004) et Luis Aragones avec l'Espagne à 69 ans (2008).

Chaleureux et proches de leurs joueurs, Del Bosque "le Marquis" (titre qui lui a été décerné après la victoire au Mondial 2010 par le Roi d'Espagne) et le "Trap" ont aussi un côté "vieille école" dans leur gestion de groupe. Vieil habitué des polémiques entre éléments du Real et du Barça, qui composent l'essentiel de son équipe, Del Bosque est ainsi passé maître dans l'art du rabibochage entre ses poulains. S'il est un peu plus sanguin - on se souvient notamment de sa tirade contre certains joueurs du Bayern Munich prononcée dans un sabir germanique - le "Trap" veille lui aussi à protéger ses chers pupilles. Ainsi, pour éviter un choc générationnel trop fort avec ses joueurs, il a expliqué qu'il avait appris à ne surtout jamais dire: "De mon temps".

Espagne-Irlande, jeudi, devrait donc pouvoir se déguster comme un vieux millésime.