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La France a-t-elle une chance contre l'Espagne?

Ribéry sera particulièrement surveillé par la défense française. [KEYSTONE - Martin Meissner]
Ribéry sera particulièrement surveillé par la défense française. - [KEYSTONE - Martin Meissner]
La France va défier les champions du monde et d'Europe espagnols en quart de finale de l'Euro 2012, samedi à Donetsk. Mais que peut-elle vraiment espérer après sa piteuse sortie contre la Suède (0-2) mardi, et l'altercation entre plusieurs joueurs qui s'en est suivie?

La France peut craindre le pire face à la référence absolue du football mondial. L'Espagne aligne des stars à toutes les lignes et peut s'appuyer sur les piliers des institutions que constituent le Barça et le Real Madrid. Laurent Blanc a loué "l'intelligence" des Espagnols, une manière de pointer du doigt tout ce qui manque à ses propres troupes, en mal de joueurs de classe internationale, hormis Ribéry et Benzema. Face à une telle ossature, autant de talents et un collectif réglé au millimètre, les Bleus n'auront rien à espérer s'ils ne haussent pas leur niveau après les faiblesses entrevues contre la Suède.

Une charnière centrale expérimentale

La suspension de Mexès oblige Blanc à placer dans l'axe de la défense un duo Rami-Koscielny qui n'a qu'un vécu très limité. Les deux joueurs n'ont disputé qu'une rencontre côte à côte contre les Etats-Unis (1-0), en novembre en amical. Mais le contexte sera totalement différent samedi. Il faudra s'occuper de Torres, retrouvé contre l'Eire (2 buts), et des vagues incessantes des individualités. D'autant que les limites techniques de Rami ne pourront pas compenser l'inexpérience de Koscielny qui ne fêtera que sa 4e sélection..

Un vestiaire fissuré?

Sans commune mesure avec les évènements de Knysna lors du Mondial 2010, l'altercation entre plusieurs joueurs juste après France-Suède témoigne d'un vestiaire à fleur de peau et a peut-être réveillé certains antagonismes. Nasri, dont le jeu est au centre des critiques, reste très isolé au sein du groupe alors que Ben Arfa a justifié son étiquette d'ingérable en contestant les choix du sélectionneur. Blanc, qui devrait logiquement s'appuyer sur l'axe Ribéry-Benzema, joue sa crédibilité contre l'Espagne et doit prouver sa capacité à maintenir son autorité. Son avenir a beau avoir été déblayé par la qualification pour les quarts, une "déculottée" contre la "Roja" le fragiliserait quand même.

Torres [KAMIL KRZACZYNSKI]
Torres [KAMIL KRZACZYNSKI]

Les coups de sang de mardi peuvent aussi avoir titillé l'orgueil des Français. C'est la thèse optimiste défendue jeudi par l'entraîneur adjoint Alain Boghossian, présent il y a deux ans à Knysna. "Ce n'est pas du tout comparable, a-t-il expliqué. Ca aurait été pire s'il n'y avait rien eu. On est qualifié, donc on peut rebondir. J'espère que ce sera un plus pour le match de samedi. Il n'y a rien de cassé."

Un statut d'outsider

Outsider, la France devrait aborder la rencontre sans grosse pression, une configuration idéale pour elle. Cette équipe rebâtie par Laurent Blanc manque de maturité collective et ne parvient pas à se décrisper quand elle s'avance dans la peau d'un favori. Elle a en revanche réussi à se libérer lors de rencontres amicales de prestige et à vaincre trois grosses pointures (Angleterre, Brésil, Allemagne). Les Bleus devraient se servir de l'exemple du Mondial 2006 quand la bande à Zidane, durement moquée par la presse espagnole avant le 8e de finale, avait trouvé les ressources mentales pour dominer largement l'Espagne (3-1) avec notamment un but de Ribéry.

L'heure de Benzema Muet depuis le début de l'Euro, l'attaquant du Real Madrid aura à coeur de se racheter devant ses coéquipiers du Real et un Casillas dont il doit connaître tous les secrets. Ses deux passes décisives contre l'Ukraine n'ont pas été suivies d'effet mais il est difficilement imaginable de voir les Bleus s'imposer face aux Espagnols sans un grand Benzema.

agences/tai

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Fernando Torres: la "leçon" de 2006

Fernando Torres, rescapé de la Roja qui s'était inclinée 3-1 lors de la Coupe du monde 2006 face à la France, a la mémoire longue. A deux jours du quart de finale de l'Euro 2012 face aux Bleus, il a estimé qu'à l'époque "la France avait donné une bonne leçon à l'Espagne".

"Ce jour-là, la France nous a donné une bonne leçon qui nous a servi pour grandir comme équipe, même si peu nombreux sont les rescapés de ce temps-là. Nous espérons que cette fois, notre expérience fera pencher la balance du côté de l'Espagne", a souhaité l'attaquant espagnol dans une interview publiée sur son site internet.

L'avant-centre de Chelsea fait ici allusion au huitième de finale du Mondial 2006 en Allemagne où l'Espagne, incitée par sa presse nationale à mettre à la retraite Zidane et d'autres Bleus en fin de carrière, s'était finalement inclinée 3-1. Depuis, les parcours de la France et de l'Espagne ont suivi des courbes inverses: quand l'Espagne allait cueillir ses deux titres de championne d'Europe 2008 et championne du monde 2010, les Bleus s'enlisaient dans une crise de confiance et d'image qui a atteint son paroxysme avec la grève de Knysna.

Interrogé sur le quart de finale de samedi face à la France, Torres, titulaire face à l'Eire et la Croatie en phase de poules après avoir dû commencer sur le banc face à l'Italie, a adopté un discours modéré, mais tout de même confiant. "La France est une grande équipe qui n'était peut-être pas dans son meilleur jour face à la Suède. Espérons que contre nous, ils n'aient pas retrouvé leur meilleur niveau, mais s'ils le font, nous serons prêts. Aujourd'hui, l'Espagne, à son meilleur niveau, est très dure à battre", a conclu "El Nino".