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Uli Stielike: "vers la finale attendue"

Uli Stielike entraîne au Qatar depuis la fin de son aventure au FC Sion. [Reuters - Fadi Al-Assaad]
Uli Stielike entraîne au Qatar depuis la fin de son aventure au FC Sion. - [Reuters - Fadi Al-Assaad]
L'Euro a une saveur particulière pour Uli Stielike (57 ans). L'ex-vedette du Real Madrid et de Neuchâtel Xamax a en effet fêté le titre européen 1980 avec la RFA contre la Belgique (2-1). Aujourd'hui, l'ancien coach national, de Xamax et de Sion oeuvre au Qatar, où il va sous peu entamer sa troisième saison à la tête d'Al Sailiya, un club de Doha. A l'Euro 2012, l'ex-sélectionneur des espoirs allemands - il a notamment coaché Neuer et Lahm -, apprécie tout particulièrement le jeu présenté par sa "Mannschaft", qu'il voit en finale contre l'Espagne. L'Allemagne n'a jamais battu l'Italie en tournoi majeur? "Ca va changer", prédit Uli Stielike, qui préfère se souvenir que son pays n'a perdu qu'une seule de ses six demi-finales à l'Euro, face aux Pays-Bas en 1988.

RTSsport.ch: Uli Stielike, avez-vous eu le temps de suivre l'Euro? Et qu'en pensez-vous jusque-là?

ULI STIELIKE: En fait, je suis actuellement en vacances en Espagne, avant de retourner ce week-end en Allemagne puis au Qatar. Mais je dois admettre que j'ai principalement regardé les matches des Allemands et des Espagnols, deux nations qui me tiennent à coeur et où j'ai l'habitude d'habiter. Et comme la Suisse n'est pas parvenue à se qualifier... Sinon, je dirais qu'on se dirige vers la confirmation des pronostics d'avant-Euro, à savoir vers une finale attendue entre l'Espagne et l'Allemagne.

RTSsport.ch: Est-ce que ce sont également les équipes qui vous ont le plus impressionné dans ce tournoi?

ULI STIELIKE: Oui, mais l'Allemagne plus que l'Espagne, je dois dire. Les Allemands ont davantage de profondeur, et ils peuvent en plus compter sur le meilleur potentiel offensif que notre sélection n'a jamais eu.

"Löw profite de l'excellent travail effectué par les clubs"

Tout sourit actuellement à Löw, mais selon Stielike, celui-ci est "arrivé au bon moment au bon endroit". [Keystone - MARCUS BRANDT]
Tout sourit actuellement à Löw, mais selon Stielike, celui-ci est "arrivé au bon moment au bon endroit". [Keystone - MARCUS BRANDT]

RTSsport.ch:

La "Mannschaft" brille par son jeu offensif et ses excellents résultats. Joachim Löw doit être un héros au pays...

ULI STIELIKE: Oui, tout à fait, mais il faut bien dire que le sélectionneur profite de l'excellent travail fait dans les clubs, et notamment chez le champion, Borussia Dortmund, ou au Bayern Munich, qui fournissent l'ossature de l'équipe d'Allemagne.

RTSsport.ch: Connaissez-vous Joachim Löw? Que pouvez-vous dire de lui?

ULI STIELIKE: Je le connais un tout petit peu, mais nous n'avons jamais travaillé ensemble. C'est un entraîneur jeune, qui a beaucoup de culot. Il n'y a pas beaucoup de sélectionneurs qui auraient changé une équipe qui gagne pour sortir 4 joueurs majeurs et les remplacer par des jeunes principalement pour la partie contre la Grèce. Löw prend des risques, et ça paie. Mais encore une fois, il a eu la chance d'arriver au bon moment au bon endroit. Après un gros "trou", l'Allemagne et les clubs font un excellent travail avec les jeunes joueurs. La Bundesliga en profite à fond actuellement.

"La Pologne m'a déçu. Je la voyais en quarts"

RTSsport.ch: Sinon, on imagine que certaines équipes ne vous ont pas convaincu...

ULI STIELIKE: J'ai surtout été déçu par les pays organisateurs, l'Ukraine et la Pologne. Et surtout par cette dernière, que je voyais bien atteindre les quarts. Les Polonais avaient quand même 3 éléments de Dortmund, pas mal d'autres joueurs évoluant à l'étranger et, surtout, ils jouaient à domicile.

RTSsport.ch: Un mot sur les demi-finales?

ULI STIELIKE: Espagne-Portugal, ce sera un bel affrontement sur le plan technique, une sorte de Barça-Real, avec pas mal de joueurs de ces deux équipes. Allemagne-Italie, c'est un classique du football qui passionne tout le monde.

RTSsport.ch: Mais, et c'est un mauvais point pour vous les Allemands, vous n'avez jamais battu l'Italie dans un gros tournoi... Vous aurez toutefois l'avantage de deux jours de repos de plus...

ULI STIELIKE: Cela peut effectivement être un avantage, même si, on oublie la fatigue en demi-finale d'un tournoi comme l'Euro. A part ça, même si les jours de repos étaient identiques, je pense que l'Allemagne aurait tout de même un avantage. Elle évolue en confiance depuis quelques années maintenant, et j'espère que cette "statistique" va enfin changer (rires)!

"Reculer contre l'Espagne n'est pas la bonne tactique"

Selon Stielike, l'Allemagne dispose actuellemen du meilleur potentiel offensif jamais eu. [Keystone - Frank Augstein]
Selon Stielike, l'Allemagne dispose actuellemen du meilleur potentiel offensif jamais eu. [Keystone - Frank Augstein]

RTSsport.ch:

Admettons que la finale soit bien Espagne-Allemagne. Quelle sera la stratégie à adopter: se recroqueviller derrière comme la Croatie et la France? Ou l'Allemagne va-t-elle jouer son jeu offensif habituel?

ULI STIELIKE: Tous les adversaires de l'Espagne ont eu peur d'elle et ont reculé. Je ne pense pas que la tactique était la bonne. L'Allemagne a le jeu et les joueurs pour inquiéter la "Roja", mais à condition de garder sa philosophie, de continuer à jouer vers l'avant. Et je suis sûr que cette fois l'Allemagne pourra l'emporter.

RTSsport.ch: On ne peut pas boucler cet interview sans aborder la question de Xamax. Comment avez-vous vécu sa culbute?

ULI STIELIKE: Je regrette vraiment ce qui s'est passé, et je suis particulièrement triste pour Gilbert Facchinetti et sa famille. Comment a-t-on pu ruiner un bel esprit familial en aussi peu de temps?

RTSsport.ch: Et si on vous demandait de revenir aider à la reconstruction de Xamax?

ULI STIELIKE: Franchement, j'y réfléchirais sérieusement! La Suisse est un pays magnifique où il fait très bon vivre et mon amour pour Xamax est énorme. Mais je ne pense pas que je reviendrais comme entraîneur. Je pense faire encore 2-3 ans comme coach de club, mais ensuite, j'en aurai assez du travail tous les jours sur le terrain. Je me verrais plutôt comme directeur sportif ou sélectionneur national.

Propos recueillis par Daniel Burkhalter

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