L'Italie, impressionnante de solidité et de jouerie, s'est qualifiée pour la finale de l'Euro 2012 en battant l'Allemagne 2-1 au Stade national de Varsovie, grâce à un doublé de "Super" Mario Balotelli. La Squadra retrouvera dimanche à Kiev une Espagne qu'elle avait bousculée sans ménagement lors de sa première rencontre dans le groupe C (1-1).
Les quadruples champions du monde tenteront de remporter pour la deuxième fois le trophée Henry Delaunay - après leur sacre de 1968 - et de priver ainsi la Roja du triplé. L'Allemagne, elle, aurait sans doute pu mieux faire. Un constat déjà dressé à l'époque, lors de son élimination en demi-finale du Mondial 2010.
Coups d'assommoir
Une hésitation, une approximation, un léger retard et le destin bascule. Dramatique et splendide machine à broyer les illusions des uns, pont irréel vers le nirvana pour les autres, le football n'a pas son pareil en terme de soudaineté. Hummels hésite face à Cassano, Boateng est approximatif dans sa couverture, Badstuber en retard au marquage sur Balotelli: l'Italie mène 1-0 après 20 minutes de jeu alors que l'Allemagne semblait avoir pris l'initiative.
Dans ce théâtre où le changement est perpétuel et les équilibres fragiles, le football ne fait pas de pitié. Montolivo tape loin devant, Lahm, le capitaine, en dépit de ses 91 sélections, coupe le hors-jeu, Badstuber se noie en un volte-face tragi-comique, Balotelli, encore, crucifie Neuer: l'Italie mène 2-0 après 36 minutes. Deux buts comme autant de coup d'assommoir sur les têtes allemandes, remplies de rêve avant la rencontre.
Le rêve de remettre enfin la Mannschaft sur la plus haute marche qu'elle a quittée depuis 16 ans. Le rêve de couronner une génération qui enchante les foules depuis six ans. Le rêve, aussi, de remporter un premier succès en match officiel face à des Azzurri ayant été, pendant trop de temps et d'une perspective d'outre-Rhin, de vils calculateurs et des chantres d'un réalisme écornant l'idéal du jeu.
Pirlo et un héritage
Mais l'Italie a changé. Avec Cesare Prandelli à sa barre depuis l'été 2010, elle ose, elle dirige, elle déroute. Elle séduit, sous l'impulsion d'un Andrea Pirlo magnifique d'aisance.
Bien évidemment, la Squadra ne saurait totalement dilapider son patrimoine culturel, amassant depuis des décennies une perfection tactique, un goût de la défense et le culte de la gagne. La Nazionale a alors reculé, a colmaté des brèches et s'en est remise, en partie, à la providence et à Gianluigi Buffon. Avec succès, puisque l'Allemagne, qui a réduit l'écart sur un penalty d'Özil (92e), n'est pas revenue.
si/adav