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Madeleine Boll, celle par qui tout a commencé

Madeleine Boll a marqué de son empreinte l'histoire du foot féminin.
Madeleine Boll a marqué de son empreinte l'histoire du foot féminin.
Si l'histoire du foot féminin en Suisse devait être racontée, la qualification pour la Coupe du monde au Canada constituerait un chapitre inévitable. Mais les premières pages seraient, elles, consacrées à Madeleine Boll, pionnière du foot féminin dans notre pays.

Madeleine Boll ne pouvait pas manquer la première Coupe du monde de l'équipe de Suisse. Et pour cause, cette Valaisanne est la première femme à avoir reçu une licence de foot sur le territoire helvétique il y a 50 ans, en 1965.

L'émotion est donc toute particulière pour cette ancienne joueuse. "Il y a 50 ans, les filles ne pouvaient pas jouer au foot. Aujourd'hui, elles participent à un Mondial, c'est magnifique!"

Un premier entraînement en jupe

Que de chemin parcouru pour les footballeuses suisses! Mais revenons au début de l'histoire, en 1965, lorsque Boll a fait ses premiers pas dans le foot.

"Un mercredi, sur le chemin de l'école, mon copain Gilbert Favre m'a dit qu'il allait jouer au foot", se souvient la Valaisanne. "Je ne trouvais pas juste qu'une fille ne puisse pas jouer. Mon copain a donc demandé à son entraîneur, si je pouvais venir la semaine d'après."

"L'entraîneur René Maye a alors accepté", raconte-t-elle encore avec la chair de poule. "C'était un rêve de gamin de jouer au FC Sion." A la fin de l'entraînement, Maye lui propose de revenir la semaine suivante, mais avec un short et des souliers de foot au lieu de sa jupe plissée!

"Naturel pour moi de jouer au foot"

Alors qu'elle a 12 ans, Boll reçoit sa licence de foot. "Je n'avais pas conscience de bousculer les choses. C'était naturel pour moi, mais aussi pour ma famille, mes amis et les habitants de mon village que je joue au foot", confie-t-elle.

En septembre 1965, "après la première victoire des Sédunois en Coupe de Suisse", comme elle aime le rappeler, l'écolière de Granges dispute un match avec les juniors C de Sion en lever de rideau de la rencontre de Coupe d'Europe entre Sion et Galatasaray.

"A la fin du match, il devait y avoir presque 10'000 personnes", explique-t-elle. "Les gens se sont demandés ce qu'une fille faisait là." S'en est suivi un tapage médiatique autour de Boll.

Madeleine Boll est venue encourager les Suissesses au Canada. [KEYSTONE - DARRYL DYCK]
Madeleine Boll est venue encourager les Suissesses au Canada. [KEYSTONE - DARRYL DYCK]

Privée de licence par l'ASF

"Des journalistes ont commencé à débarquer chez moi et à l'école pour m'interviewer. Tous étaient intrigués que je joue au foot", dit Boll, en rigolant.

L'Association Suisse de Football (ASF) a alors vent de l'affaire et décide de retirer la licence à la Valaisanne. L'ASF lui explique que seuls les garçons sont autorisés à jouer selon ses statuts. "Ils se sont aussi renseignés auprès des médecins, qui ont décrété que le foot ne devait pas être pratiqué par des filles."

Le rêve de Boll se brise alors, elle qui aime tant jouer au foot. Triste consolation: l'ASF lui reconnaît ses qualités et lui propose de devenir arbitre lorsqu'elle aura 16 ans!

A la découverte de l'Italie

Mais l'histoire de Boll ne s'arrête pas là, puisqu'elle est invitée à participer au Tournoi des Ecoliers à Lausanne. Elle y jouera 3 ans tous les mercredis, avant de devoir arrêter pour "suivre les cours ménagers obligatoires."

Une année plus tard, en 1969, la footballeuse valaisanne reçoit un appel à Noël d'un avocat tessinois, qui lui propose d'aller jouer en Italie. Les parents de Madeleine acceptent et voilà que commence une nouvelle aventure.

"La semaine, je faisais mon apprentissage en Valais et le week-end, je venais en Italie pour les matches. Le dimanche, je prenais donc le train à 8h à Sierre. J'arrivais à 12h à Milan, le match commençait à 15h et je repartais à 19h."

Le premier match de l'équipe de Suisse

L'expérience est incomparable avec celle que vivent aujourd'hui les Lara Dickenmann ou autre Caroline Abbé. Mais Boll a bien été l'une des premières à évoluer dans une équipe à l'étranger.

La Valaisanne a également participé au premier match de l'équipe de Suisse à une Coupe du monde, certes non-officielle, en Italie. "Nous avons affronté l'Italie, qui ne devait bien sûr pas perdre. Nous l'avons su après, mais ils ont notamment caché nos passeports pour que nous ne puissions pas faire les changements", raconte-t-elle avec le sourire.

Suite à cet incident, Boll et ses coéquipières décident de "rester honnêtes" et de ne plus participer à ces "championnats bidons".

"Ce n'est que le début"

Presque 40 ans après ce match, Boll se retrouve ainsi à Vancouver pour vivre la première Coupe du monde de l'équipe de Suisse. La boucle est donc bouclée pour la pionnière du foot féminin helvétique.

"C'est pour moi un aboutissement. Je suis présente à la première Coupe du monde de la Suisse, 50 ans après mon premier match de foot", dit-elle avec une émotion qui se lit dans ses yeux. "Cela tombe aussi en même temps que la fin de ma carrière professionnelle, puisque je prends ma retraite cette année."

"Mais pour les Suissesses, ce n'est que le début! Elles sont bien parties pour continuer". Il reste donc encore quelques belles pages à écrire sur l'histoire du foot féminin helvétique.

Vancouver, Jennifer Blanchard -@jenni_blanchard

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"Pas sûr que tout le monde accepte le foot féminin"

Cinquante ans après Madeleine Boll, le combat n'est pas encore terminé pour les footballeuses suisses, même si de nombreux progrès ont été faits. "Aujourd'hui, pour les personnes qui ont 30-40 ans, si leur fille joue au foot, il n'y a pas de problème. Mais je ne suis pas sûre que tout le monde accepte le foot féminin", estime Madeleine Boll.

"Des clubs renoncent à créer des équipes féminines, car leurs dirigeants disent qu'ils ont déjà des problèmes avec leurs équipes masculines", regrette ainsi la Valaisanne. "Mais cela ne devrait pas être le foot masculin ou le foot féminin, mais le foot masculin et le foot féminin."

"C'est une question de volonté. Si les dirigeants sont d'accord de faire une place aux footballeuses, il y aura une place", ajoute Madeleine Boll. "J'espère que la Coupe du monde va ouvrir les yeux de certains et que les clubs seront prêts à accueillir les jeunes filles qui veulent se lancer dans le foot."

Mondial, Groupe C

Japon - Suisse 1-0 (1-0)
Cameroun - Equateur 6-0 (3-0)
Japon - Suisse 1-0 (1-0)
Suisse - Equateur 10 - 1 (2-0)
Japon - Cameroun 2-1 (2-0)
Equateur - Japon 16.06 23h00
Suisse - Cameroun 16.06 23h00

Classement (12.06)
1. Japon 2 2 0 0 3-1 6

2. Suisse 2 1 0 1 10-2 3
3. Cameroun 2 1 0 1 7-2 3
4. Equateur 2 0 0 2 1-16 0

La sélection suisse

Das #WM #Aufgebot der letzten 23 #Spielerinen ist fix!! Hier das #FNTA #Kader der #SUI #Frauen @FIFAWWC in #Kanada! pic.twitter.com/qZMQj13jBI

— nationalteams_SFVASF (@SFV_ASF) 22 Mai 2015




Gardiens: Stenia Michel (USV Jena/All), Jennifer Oehrli (Young Boys), Gaëlle Thalmann (Duisburg/All).

Défense: Caroline Abbé (Bayern Munich), Sandra Betschart (Sunnana(Su), Rahel Kiwic (Duisburg/All), Selina Kuster (Zurich), Noelle Maritz (Wolfsburg/All), Nicole Remund (Zurich), Rachel Rinast (Cologne/All), Daniela Schwarz (Valerenga/No).

Milieu de terrain: Vanessa Bernauer (Wolfsburg/All), Vanessa Bürki (Bayern Munich), Fabienne Humm (Zurich), Florjana Ismaili (Young Boys), Martina Moser (Hoffenheim), Lia Wälti (Turbine Postdam/All), Cinzia Zehnder (Zurich).

Attaque: Eseosa Aigbogun (Bâle), Ramona Bachmann (Rosengard/Su), Ana-Maria Crnogorcevic (Francfort/All), Barla Deplazes (Zurich), Lara Dickenmann (Olympique Lyonnais/Fr).