Une fin d'aventure cruelle pour les Suissesses

Les protégées de Martina Voss-Tecklenburg savaient qu'il serait difficile de marquer contre la formation canadienne, qui n'a encaissé qu'un but dans ce tournoi. Et une fois encore, la gardienne Erin McLeod a gardé sa cage inviolée.

Un seul but, leur 3e de la compétition, a permis aux Canadiennes de passer en quarts. Peu après la pause, Josée Bélanger a trompé Gaëlle Thalmann d'un tir du gauche (52e) et a fait chavirer les 53'855 spectateurs du BC Place Stadium.

Les Suissesses sèchent devant le but

L'efficacité des Canadiennes, qui n'ont cadré que 2 de leurs tirs, contraste avec celle des Suissesses. Les joueuses helvétiques se sont procurées des occasions, sans parvenir, malheureusement pour elles, à les concrétiser.

La plus grosse opportunité est venue des pieds de Lara Dickenmann (14e). Sur un centre de Ramona Bachmann, la milieu lucernoise a manqué sa volée au grand désespoir des quelques supporters de l'équipe nationale présents à Vancouver.

S'en sont suivis une tête manquée d'Ana-Maria Crnogorcevic (62e), puis un sauvetage d'Erin McLeod devant Vanessa Bernauer (77e). Comme contre le Japon et le Cameroun, le réalisme n'était donc pas du côté helvétique...

Une rencontre équilibrée

L'équipe de Suisse peut nourrir des regrets, d'autant plus qu'après avoir subi la pression adverse pendant les 5 premières minutes, elle a fait jeu égal avec les joueuses à la feuille d'érable.

Les Suissesses n'ont d'ailleurs concédé aucun corner et laissé peu d'occasions au pays hôte de cette Coupe du monde. Les Canadiennes ont bien eu la possibilité d'ouvrir le score sur un centre tir de Josée Bélanger, mais Gaëlle Thalmann a été sauvée par ses montants (16e).

La Québécoise, qui a joué le début du tournoi en défense, s'est bien rattrapée en marquant l'unique but de la rencontre et aurait même pu signer un doublé, sans une intervention de Caroline Abbé sur la ligne de but (68e).

Dickenmann retrouve son niveau de jeu

Les joueuses helvétiques ont ainsi montré un tout autre visage que lors de leur défaite contre le Cameroun. Les milieux ont davantage gagné de duels, tandis que les défenseuses ont bien su gérer les attaques adverses.

L'idole nationale Christine Sinclair, qui a été acclamée par le public de Vancouver, s'est fait discrète et a notamment goûté aux interventions toujours très propres de Caroline Abbé, de retour au jeu après sa blessure contre l'Equateur.

Les Suissesses ont aussi pu compter sur Lara Dickenmann. Déçue par ses performances jusqu'ici, la Lucernoise a cette fois beaucoup apporté à l'équipe tant offensivement que défensivement. Ne manquait plus qu'un but pour parfaire sa prestation.

L'expérience des Canadiennes

Le dénouement est un peu cruel pour la Suisse, qui n'a pas démérité face à la troupe de John Herdman. Mais le réalisme et l'expérience - la moitié des joueuses ont plus de 100 sélections - du Canada ont fait la différence.

Les Canadiennes peuvent toujours rêver au titre et défieront en quarts la Norvège ou l'Angleterre. Quant aux Suissesses, l'aventure s'arrête à Vancouver, là où elles ont joué le 1er match de leur histoire en Coupe du monde. Les joueuses auront au moins eu la chance d'évoluer dans un stade plein avec une belle ambiance face au pays hôte.

L'expérience acquise lors de ce tournoi sera par ailleurs précieuse pour l'avenir de cette équipe, qui, ne l'oublions pas, est encore jeune. Prochain défi pour les Suissesses: tenter de se qualifier pour leur 1er Euro en 2017 aux Pays-Bas.

"Cela me fait de la peine de voir leur déception"

MARTINA VOSS-TECKLENBURG (sélectionneuse de l'équipe de Suisse): c'était un match intense et équilibré. Il nous a manqué un but. Le Canada a marqué, nous non. Félicitations à elles!

Je suis déçue pour mes joueuses, qui sont très tristes. Elles se sont beaucoup investies. Cela me fait de la peine de voir la déception dans leurs regards. Je leur ai dit que je comprends ce qu’elles ressentent, mais cette Coupe du Monde a été une grande expérience pour nous.

Nous devons continuer comme cela. Nous sommes dans la bonne direction. L'expérience acquise contre les équipes de haut niveau va nous aider peut-être à devenir l'une d'entre elles.  

"Trois ou quatre jours pour s'en remettre"

CAROLINE ABBE (défenseuse et capitaine): c'est difficile de trouver les mots après cette élimination. Pour le moment, ce sont la déception et la tristesse qui priment.

De nouveau, nous avons eu des occasions nettes, mais nous n'avons pas réussi à les mettre au fond. Nous prenons un but juste après la pause, comme contre le Cameroun. Nous n'avons pas été attentives pendant une minute et nous l'avons payé cash. Il faut maintenant se relever et en tirer des leçons.

Il va nous falloir plusieurs jours pour travailler mentalement et physiquement pour nos championnats respectifs. Nous aurons besoin de 3 ou 4 jours pour nous remettre de cette défaite.

"Une bonne expérience pour le futur"

LARA DICKENMANN (attaquante): nous avons fait un match solide. Nous avons obtenu 2 occasions comme les Canadiennes, mais elles ont été plus réalistes et nous le payons à la fin.

Nous savions que les Canadiennes jouaient physique. Elles dépensent beaucoup d'énergie sur le terrain. Nous étions préparées à cela. Nous avons des petits gabarits, mais nous avons essayé de produire notre jeu, de dribbler pour les mettre en difficulté.

Cette Coupe du monde est une bonne expérience pour le futur. Nous avons encore un effectif jeune, enfin pas moi (rires)! Cette expérience va nous faire du bien pour le prochain Euro et la prochaine Coupe du monde.   

"Les moyens d'aller en quarts"

RACHEL RINAST (défenseuse): je n'arrive pas à réaliser que nous soyons éliminées. C'est vraiment dommage, car nous avions les moyens d'aller en quarts de finale. Je vais essayer de retenir le positif, mais pour l'instant, la déception est forte. Nous tenterons de progresser dans 4 ans.

JOSEE BELANGER (attaquante, auteure du but canadien): en 8es, c'est un peu 'vivre ou mourir'. On s'attend donc à des équipes fortes, qui vont tout donner et cela a été le cas. Nous avons été compactes et solides. Chaque équipe a eu des bons moments de jeu. Il n'y a pas de meilleur sentiment que de jouer devant 50'000 spectateurs. Ils nous ont transmis une énergie incroyable. C'est ce dont nous avions besoin.

Vancouver, Jennifer Blanchard -@jenni_blanchard

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