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Steve Rouiller: "Servette est encore en apprentissage"

Steve Rouiller, ici contre le FC Zurich avec le brassard de capitaine. [KEYSTONE - MARTIAL TREZZINI]
Steve Rouiller, ici contre le FC Zurich avec le brassard de capitaine. - [KEYSTONE - MARTIAL TREZZINI]
Avant le "derby du Rhône" de samedi contre Sion à Tourbillon, Steve Rouiller, le défenseur valaisan du Servette FC, fait le point sur son actualité et sur celle de son équipe, en plein "creux" en ce début d'automne.

L’homme est aussi discret en dehors qu’il est brillant sur le terrain. Pas le genre à élever la voix, ni à rouler les mécaniques. Steve Rouiller est simplement un adepte du travail bien fait, et en toute humilité. Au sein de la défense du Servette FC, le Valaisan de 29 ans n’a pas tardé à se muer en grand patron. D’abord en Challenge League, au fil d'une saison qui a permis aux Grenat de marquer l’histoire en retrouvant la Super League, puis désormais dans l’élite, où malgré la nette baisse de régime du SFC, le No 4 continue de s’illustrer. Il a la… stature du commandeur. Et alors que se profile un choc romand entre le FC Sion, son club formateur, et les Genevois (samedi, 19h00 à Tourbillon), l'impatience le dispute à l’excitation sous les crampons de l’intéressé. "On est dans un creux actuellement, nous sommes un peu perturbés, mais si on arrive à retrouver nos bases, je suis persuadé que la roue va tourner", pose-t-il.

Nous aurions aimé poursuivre sur notre lancée, mais il ne faut pas parler de crise

Steve Rouiller

Bien qu’il approche de la trentaine, Steve Rouiller est encore relativement frais dans le monde pro et il s’émerveille de ce qu’il vit depuis dix-huit mois avec le Servette FC. Pas au point d’être naïf non plus, toutefois! "Il est clair que nous aurions aimé poursuivre sur notre belle lancée après notre encourageant début de saison, mais il ne faut cependant pas parler de crise, dit-il. Seulement, nous sommes encore en apprentissage. On doit savoir vivre cette expérience de la Super League, où l’intensité est plus élevée, où les adversaires sont plus solides. Et se souvenir aussi que des blessures ont miné notre fin d’été et altéré notre jouerie."

Le brassard est une fierté

Steve Rouiller

Dans les tempêtes, le Valaisan tient bon, pourtant. Ses performances ne sont pas loin d’être irréprochables. Ce n’est donc pas un hasard qu'Alain Geiger lui ait par moments confié le brassard en l’absence d’Anthony Sauthier. Un honneur, à l’entendre. «C’est quelque chose de particulier, mais je n’ai pas le même rôle qu’«Antho», qui est un emblème pour ce club, pour ce canton. Mais c’est une véritable fierté dans un club aussi historique que le SFC. J’essaie d’apporter un «plus» à l’équipe. Je suis heureux, après un an de vie ici, qu’on me donne ces responsabilités-là. C’est top

Capitaine Rouiller, fier papa de deux enfants, n’a pas peur de se muer en guide de son équipe. Mais il est un leader par l’exemple, plus que par la voix. "Ce n’est effectivement pas dans mon style que de crier sur les autres, que de haranguer une troupe, remarque-t-il. Je préfère m'imposer par mon attitude. En restant positif, en ne lâchant rien, en me comportant de manière exemplaire."

Sion-Servette? Un match spécial, forcément

Steve Rouiller

Alors, lorsqu’il s’agit de faire le point sur ce Servette FC qui toussote, le Valaisan n’hésite pas à rappeler que seul compte le maintien. Qui passe forcément par des victoires, peut-être dans ce «derby du Rhône» toujours particulier. "C’est forcément un match spécial pour les supporters, reprend Steve, mais me concernant je n’ai découvert que tardivement la rivalité qui oppose les deux clubs. Pour moi, elle n’existe pas vraiment, dans le sens où j’ai tout de suite été flatté par l’intérêt du SFC. Alors savoir que les Grenat me voulaient, et en sachant que quantité de Valaisans ont réussi ici, était un sacré coup de boost."

Un coup de boost qui était bien tombé, à l’été 2018, alors que Steve Rouiller, longtemps titulaire et pilier du FC Lugano, avait été soudainement mis à l’écart du contingent tessinois par Guillermo Abascal. Encore aujourd’hui, le Servettien n’a pas compris cette décision. "Je lui en veux un peu, c’est clair, résume le défenseur. Ce n’est pas le fait de ne plus avoir joué qui me dérange, mais la manière dont cela s’est fait. Je n’ai jamais eu d’explication. Il ne m’a jamais parlé. Heureusement que le SFC m’a laissé la possibilité de voir autre chose…"

Cet autre chose, l’homme en profite pleinement. Et il entend bien faire durer le plaisir. Avec les Grenat, qu’il sent prêts à relever la tête pour vivre une belle fin d’année.

Arnaud Cerutti, Genève - @arnaud_cerutti

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Un passé salvateur

Ancien attaquant, Steve Rouiller s’appuie sur ce passé pour s’exprimer au mieux désormais à son poste de défenseur. "Mon expérience offensive m’aide, dit-il. Je parviens à mieux lire l’adversaire, j’anticipe aisément et c’est ma force. Je suis également habile de la tête, même si je ne mets pas 10 buts par saison. C’est surtout à l’entraînement que je montre mes "restes". Mon bagage technique est également supérieur, ce qui me permet d’être un défenseur propre, qui peut bâtir depuis l’arrière."

Un rêve international

Dans un pays où les défenseurs centraux de qualité ne sont pas légion, Rouiller pourrait-il prétendre, à terme, à une sélection? "Cela peut aller vite, répond-il. Un exemple: Cömert, désormais international, a profité de ma blessure pour prendre ma place à Lugano. Il a explosé ainsi, passant ensuite à Sion et Bâle. Je sais que la différence entre nous deux est moindre. Sauf que lui joue le haut de tableau et l’Europe. Mais oui, j’ai envie de monter en puissance pour rêver à la sélection."

Marqué par Tami

Steve Rouiller a déjà connu plusieurs entraîneurs, mais il a été marqué par Pierluigi Tami. "C’est un grand personnage, très pro et qui est très intéressant dans sa manière de voir les choses. Il m’a énormément apporté, car il connaît parfaitement le football. Sa rigueur m’a permis d’évoluer, de progresser. Sa franchise aussi, car c’est quelqu’un qui ne parle que pour aider ses joueurs. J’ai toujours tout donné pour lui et il m’a rendu cette confiance en faisant de moi un vrai titulaire."

Attaché à son village

Le Valaisan vivra son 1er "derby du Rhône" à Tourbillon. Une sorte de retour aux sources pour lui qui reste très attaché à sa terre, et à Troistorrents en particulier. "C’est mon village, là où j’ai tapé mes premiers ballons. Ma famille et les gens de là-bas me suivent. Je reste proche du club, aussi car j'aime le contact avec les jeunes. Après les matches, je vais facilement vers eux, car lorsque j'étais petit, j’ai pu mesurer le bonheur que cela procure d’avoir un pro qui vient vers toi."