Modifié

Mais que sont devenus "nos" M17, champions du monde en 2009?

15 novembre 2009. Une joie incommensurable pour de jeunes Suisses qui inscrivent leur nom dans l'histoire du football en battant en finale le Nigeria, pays-hôte de cette Coupe du monde M17. [Keystone]
15 novembre 2009. Une joie incommensurable pour de jeunes Suisses qui inscrivent leur nom dans l'histoire du football. - [Keystone]
Le 15 novembre 2009, il y a dix ans, les M17 helvétiques remportaient le titre mondial de leur catégorie. Une décennie plus tard, entre capitaine de l'équipe nationale (Xhaka) et retraités (trois d'entre eux), les destins ont divergé. Gros plan.

Un titre mondial remporté à la fin de l'adolescence n'ouvre pas nécessairement les portes de la gloire, plus tard. Une génération entière du football suisse peut en attester, puisque dix ans après le sacre des M17 conduits par Dany Ryser, les "héros" suisses ont connu des destins divers. Quelques-uns sont devenus des internationaux et des millionnaires en puissance (Granit Xhaka, Ricardo Rodriguez, Haris Seferovic...) et d'autres d'honnêtes joueurs de Super League (Janick Kamber, Pajtim Kasami), alors que leurs camarades ont parfois choisi l'exil pour briller (Charyl Chappuis, Frédéric Veseli...) voire carrément rangé les crampons pour entamer un autre chapitre de leur vie, loin des terrains.

"Ce n'est pas une surprise, puisqu'à l'époque, l'ASF nous avait prévenu que seuls deux ou trois d'entre nous gagneraient leur place au plus haut niveau", a récemment avoué à l'agence Keystone-ATS Joël Kiassumbua. Revue d'effectif.

LES GARDIENS

Joël KIASSUMBUA (Servette FC/Super League): troisième gardien au Nigeria, ce Lucernois formé au FC Lucerne a notamment transité par Kriens, Rapperswil et Lugano avant de poser ses gants au Servette FC à l'été 2018. Doublure actuelle de Jérémy Frick, il présente la particularité d'être désormais international avec la RD Congo (5 sélections).

Benjamin SIEGRIST (Dundee United/D2 écossaise): élu meilleur gardien du tournoi en 2009, cet immense talent qui faisait alors partie de la réserve d’Aston Villa n'a jamais vraiment pu exploser à l'étage supérieur, bien qu'il ait été remplaçant avec les M21 vice-champions d'Europe en 2011. Passé par plusieurs clubs de divisions inférieures en Angleterre, il a ensuite évolué durant deux ans à Vaduz, avant de retourner outre-Manche. Il défend désormais les cages de Dundee United, leader de D2 écossaise.

Benjamin Siegrist, avec le "gant d'or" du meilleur gardien du tournoi dans sa main gauche. [Keystone - STEFFEN SCHMIDT]
Benjamin Siegrist, avec le "gant d'or" du meilleur gardien du tournoi dans sa main gauche. [Keystone - STEFFEN SCHMIDT]

Raphaël SPIEGEL (Winterthour/Challenge League): avant de rejoindre Winterthour à l’été 2018, Spiegel a beaucoup bourlingué. Formé à GC, il a évolué à Brühl, Wil, Carlisle, West Ham et Boavista, sans jamais percer. "Mais avoir pu être 2 gardien en Premier League anglaise reste le plus beau souvenir de ma carrière", affirmait-il l'été passé.

LES DEFENSEURS

Charyl CHAPPUIS (SCG Muongthong United/Thaïlande): il ne faut pas se fier au fait qu'il n’évolue "que" en Thaïlande. Ancien joueur de GC, Locarno et Lugano, Charyl Chappuis est en effet une immense star dans le pays de sa maman. Rares sont les sportifs suisses à disposer de plus d’un million d'abonnés sur les réseaux sociaux! International suisse des M15 aux M20, ce Zurichois qui avait tapé dans l'œil de la Juventus et du SV Hambourg, porte dorénavant le tricot de la sélection thaïlandaise, avec laquelle il a notamment remporté la Coupe d'Asie du sud-est. "Après le titre mondial, tout est allé très vite, peut-être trop vite pour moi", lâchait-il voici quelques mois.

André GONCALVES (FC Linth 04/1re Ligue): grand talent issu du FC Zurich, retenu dans toutes les équipes suisses de jeunes, ce Bernois n’a hélas pas su faire son trou au plus haut niveau. Preuve en est qu'après avoir évolué à Aarau et Schaffhouse, il a décidé de faire un pas en arrière en rejoignant Linth 04 l'été passé.

Sead HAJROVIC (Winterthour/Challenge League): à l’époque du titre mondial, ce Zurichois, benjamin du groupe, effectuait son apprentissage du plus haut niveau avec Arsenal. Mais comme d'autres Helvètes partis jeunes en Angleterre, il n'a pas eu la possibilité de faire le pas vers le très haut niveau. Sans doute en raison d’un genou fragile. Prêté un temps à Barnet, il est ensuite revenu en Suisse. A GC d'abord, puis en Challenge League (Wohlen, Winterthour…). Après avoir été international helvétique jusqu'en M20, il a été retenu à huit reprises avec la Bosnie, dont son frère Izet, formé lui aussi en Suisse, est devenu l'un des leaders.

Janick KAMBER (Neuchâtel Xamax/Super League): titulaire à Neuchâtel Xamax, Kamber a enfin fait son trou dans l'élite, après un passage raté à Lausanne, entre 2011 et 2013. Formé au FC Bâle, ce latéral avait été contraint de reculer en Challenge League (Bienne et Wohlen) pour mieux sauter avec les Rouge et Noir après la déception vécue à la Pontaise. Le titre de 2009 reste dans sa mémoire. "Au Nigeria, nous avions vécu trois semaines en huis-clos, se souvenait-il récemment sur le site du club neuchâtelois. Nous étions loin de tout, mais nous jouions dans des stades combles, avec près de 60'000 spectateurs. Puisque nous avions battu le pays hôte en finale, nous avions dû quitter le stade sous escorte policière et militaire. Nous n'avions pu fêter le titre qu'à l’hôtel, juste entre nous. Nous avions moins de 17 ans et, pour la plupart d’entre nous, ce titre a aussi été synonyme de première bière."

Xhaka, Chappuis, Rodriguez, Kamber, Kasami et Ben Khalifa tout à leur joie après avoir battu le Brésil. [KEYSTONE - Keystone]
Xhaka, Chappuis, Rodriguez, Kamber, Kasami et Ben Khalifa tout à leur joie après avoir battu le Brésil. [KEYSTONE - Keystone]

Bruno MARTIGNONI (Chiasso/Challenge League): natif de Gambarogno, là même où un certain Oliver Neuville a effectué ses premiers dribbles, Martignoni n'a pas connu une carrière aussi brillante que celle de son camarade de canton. Après le titre mondial, le Tessinois a beaucoup bougé (Cagliari, Locarno, Servette, Aarau, Lugano) sans jamais exploser. Lui qui a encore connu six sélections en M21 porte le maillot de Chiasso depuis maintenant dix-huit mois.

Ricardo RODRIGUEZ (AC Milan/Serie A italienne): bien qu'il ait perdu sa place de titulaire sur le flanc gauche de la défense de l'AC Milan, Ricardo Rodriguez reste l’un des grandes figures des M17 champions du monde en 2009. A l’époque, déjà affublé de son catogan, le défenseur du FC Zurich excellait dans son couloir. Dix ans plus tard, il occupe le même poste en équipe nationale (plus de 70 sélections), après avoir intelligemment franchi les différents échelons. D’abord en grandissant avec le FCZ, puis en passant six saisons à Wolfsburg avant de rejoindre l'Italie en 2017.

Robin VECCHI (retraite): ce défenseur droit qui avait effectué ses classes dans les réserves du FC Bâle a rangé ses crampons en 2014, à 22 ans, après un passage à Black Stars, modeste club de la région rhénane. Au sortir de l'aventure M17, il avait connu une cape en M18 et une autre en M19. Le voici à présent PDG d'une entreprise de fitness.

Frédéric VESELI (Empoli/Serie B italienne): il était capitaine des champions du monde et promis à une carrière monstrueuse. Pensionnaire de la réserve de Manchester City au moment de décrocher le Graal, le Vaudois, solide défenseur central, a ensuite tenté sa chance à… Manchester United avant de connaître plusieurs clubs de divisions inférieures en Angleterre. Venu à Lugano en 2015, il y a gagné sa place en… sélection albanaise, avec laquelle il a disputé l'Euro 2016. Veseli évolue depuis trois ans à Empoli. "Ce n'est pas le parcours idéal, mais c'est le mien", lâchait-il cette semaine avec modestie dans les colonnes de 24 Heures.

Né dans le canton de Vaud et capitaine des M17 champions du monde en 2009, Frédéric Veseli (numéro 5) porte désormais le maillot de... l'équipe nationale d'Albanie. [AFP - Emrah Yorulmaz]
Né dans le canton de Vaud et capitaine des M17 champions du monde en 2009, Frédéric Veseli (numéro 5) porte désormais le maillot de... l'équipe nationale d'Albanie. [AFP - Emrah Yorulmaz]

LES DEMIS

Oliver BUFF (Grasshopper/Challenge League): capable d’évoluer à tous les postes de l'entrejeu, Oliver Buff est sans doute l'un des meilleurs joueurs suisses à... n'avoir jamais eu droit à une sélection avec les «A». Ces derniers mois, cet Argovien formé au FC Zurich, dont il fut le capitaine, s’est perdu entre le Real Saragosse et l'Anorthosis Famagouste (Chypre). Retenu à 18 reprises en M21 et également aux JO 2012, ce droitier s’est engagé le mois dernier à… GC, rival éternel de "son" FCZ.

Pajtim KASAMI (FC Sion/Super League): cet immense talent du foot suisse semblait promis à tout, mais il stagne maintenant depuis deux ans au FC Sion. Lui qui a(vait) de l'or dans les pieds a été formé entre GC, Liverpool et la Lazio, avant de porter les maillots "pros" de Bellinzone, Palerme, Fulham (avec lequel il a marqué l'un des plus beaux de ces dernières années), Lucerne, Olympiakos et Nottingham Forest. En Valais depuis 2017, Kasami a été écarté des contingents de l'équipe de Suisse à la veille des Coupes du monde 2014 et 2018. Des coups durs qui l'ont profondément marqué, mais qui ne lui ont pas fait perdre sa foi. "Certes, j'ai déjà une longue carrière derrière moi, mais je suis encore jeune et convaincu de pouvoir atteindre un niveau supérieur", martelait-il cette semaine. Son récent changement d'agent - du très médiatique Mino Raiola à l'autre très médiatique Jorge Mendes - va-t-il lui ouvrir de nouvelles perspectives?

Pajtim Kasami a les bras tendus. Ceux du vainqueur. [Keystone - STR]
Pajtim Kasami a les bras tendus. Ceux du vainqueur. [Keystone - STR]

Igor MIJATOVIC (?): on a perdu sa trace ces derniers mois et personne ne sait ce qu'il est devenu. Après des passages à Locarno et Bellinzone, son dernier club a été le GC Biaschesi, au Tessin.

Maik NAKIC (retraite): lui aussi s’est égaré après avoir figuré parmi les vingt-trois héros de 2009. Valaisan formé au FC Sion, Maik Nakic n'a jamais eu sa chance à Tourbillon. Il a transité par Naters, Monthey et Aigle avant de raccrocher ses crampons en 2016.

Kofi NIMELEY (retraite): à l'image de son camarade champion du monde Robin Vecchi, il a tourné le dos au football sur une ultime saison à Black Stars, mais en 2016. Originaire du Ghana, ce costaud milieu de terrain également formé au FCB a tout tenté pour percer, mais il n'y est guère parvenu, ni au Parc Saint-Jacques ni avec Locarno. Lui qui est devenu agent immobilier aura tout de même été international suisse jusqu'en M20. "Nous sommes gentiment en train de vieillir, mais l'année 1992 est celle où est née une génération de titans, écrivait-il sur Facebook pour célébrer les sept ans du titre, en 2016. Avoir joué tout ce temps avec ces mecs, mes frères, a toujours été un truc spécial. Je suis fier de tous ceux qui sont encore dans le milieu à évoluer au plus haut niveau."

Kofi Nimeley (en blanc), entouré en 2009 par Tosetti et Chappuis, est désormais agent immobilier. [KEYSTONE - Keystone]
Kofi Nimeley (en blanc), entouré en 2009 par Tosetti et Chappuis, est désormais agent immobilier. [KEYSTONE - Keystone]

Granit XHAKA (Arsenal/Premier League anglaise): devenu capitaine de l’équipe de Suisse «A» (en l'absence de Stephan Lichtsteiner) et d'Arsenal - dont il vient de perdre le brassard - Granit Xhaka est l'un des trois champions du monde M17 qui ont le mieux réussi leur carrière. Après avoir éclaté à Bâle, le Rhénan s'est fait les dents au Borussia Mönchengladbach de Lucien Favre et est devenu le joueur suisse le plus cher de l'histoire en s'engageant chez les "Gunners".

LES ATTAQUANTS

Nassim BEN KHALIFA (Grasshopper/Challenge League): il promettait beaucoup, lui aussi, et n'a pas entièrement convaincu ensuite. Joueur de coups d'éclat, au propre comme au figuré, Nassim Ben Khalifa évoluait à Grasshopper lors du titre mondial de 2009; un club qu'il vient de retrouver au début de cette saison, non sans avoir entretemps tenté sa chance en Bundesliga (Wolfsburg, Nuremberg), puis avoir évolué à Young Boys, Eskisehirspor (Turquie), KV Mechelen (Belgique), Lausanne et Saint-Gall. Partout où il est passé, le Vaudois a laissé la trace d'un joueur plein de talent mais trop dilettante. Il a cependant été vice-champion d'Europe des M21 en 2011 et a connu à quatre reprises les honneurs de l’équipe de Suisse "A".

Haris Seferovic et Nassim Ben Khalifa, deux buteurs qui ont porté la Suisse en 2009. [KEYSTONE - SUNDAY ALAMBA]
Haris Seferovic et Nassim Ben Khalifa, deux buteurs qui ont porté la Suisse en 2009. [KEYSTONE - SUNDAY ALAMBA]

Roman BUESS (Winterthour/Challenge League): son récent passage à Lausanne a été un échec, mais le Bâlois formé à Saint-Jacques n'a pas manqué sa carrière pro. Entre 2015 et 2018, il s'était montré très actif et adroit avec Thoune puis Saint-Gall. Désormais à Winterthour après avoir repoussé des offres de GC, il ne semble pas désireux de revenir en Super League.

Haris SEFEROVIC (SL Benfica/D1 portugaise): comme Ricardo Rodriguez et Granit Xhaka, il est de ceux qui ont le mieux assuré l'après-titre mondial. Pourtant, Haris Seferovic a mis du temps à "décoller". Ses aventures à la Fiorentina, Neuchâtel (dans la terrible ère Bulat Chagaev), Lecce et Lucerne n'avaient pas été des plus enthousiasmantes. Mais il s'est accroché et a pris de l'envergure entre Novara et la Real Sociedad. Après trois exercices à l'Eintracht Francfort, il a rejoint Benfica à l'été 2017. Au Portugal, il est devenu un joueur incontournable du club lisboète. Seferovic a fini meilleur buteur du championnat la saison passée.

Matteo TOSETTI (FC Thoune/Super League): meilleur passeur de Super League lors de la saison 2017/2018 (16 caviars délivrés!), Matteo Tosetti n'est plus tout à fait dans la même dynamique actuellement. La faute peut-être au fait que le FC Thoune, son club depuis 2016, va mal. Reste que c'est bien dans l'Oberland que cet élégant milieu de terrain offensif s'est fait connaître après avoir été formé à Locarno et être passé par YB, Wohlen et Lugano. Bien que doué, le Tessinois n'a connu que deux capes avec les M21 les années suivant le titre mondial M17. En parallèle à sa carrière, il vient de passer son diplôme UEFA-B d'entraîneur.

Arnaud Cerutti

Publié Modifié