"Servette a une volonté de médiatiser et de faire évoluer le foot féminin"
Au bout du fil, Sandy Maendly (32 ans) ne cache pas sa joie d'avoir pu retrouver la compétition. Les footballeuses étaient en effet privées de matches depuis l'arrêt du précédent championnat en raison du Covid. Un Covid qui a empêché les Genevoises de soulever un titre de champion, qui leur tendait les bras. Elles pourront toutefois se consoler avec une participation en Ligue des champions. Une première pour un club romand.
RTSsport.ch: Le Servette FC Chênois Féminin entame cette saison avec un nouveau statut de favori. Comment abordez-vous cet exercice?
SANDY MAENDLY: Les équipes nous considèrent sans doute différemment qu'auparavant. L'année passée, au premier tour, on a bénéficié du phénomène de surprise. Au deuxième tour, on était un peu plus attendues, mais on n'a pas disputé beaucoup de matches à cause du Covid. Là, avec nos nouvelles recrues et notre qualification pour la Ligue des champions, je pense que les autres équipes se méfient plus de nous. On risque d'affronter des équipes bien regroupées, qui vont tout tenter pour grappiller des points.
RTSsport.ch: En Ligue des champions, par contre, vous serez des novices...
SANDY MAENDLY: Oui, on n'a rien à perdre! On est le petit Poucet de la compétition. On peut y aller sans trop de stress. Ce seront des matches impressionnants car on va se retrouver face à des équipes de renom ou dans des stades dans lesquels on n'a pas l'habitude de jouer. Il y aura forcément une petite pression supplémentaire. On se fixera comme objectif de passer ce premier tour et on donnera le meilleur de nous-mêmes pour y arriver.
RTSsport.ch: Comment avez-vous vécu l'interruption du championnat à cause du Covid, alors que la Super League a pu aller à son terme?
SANDY MAENDLY: Cela a été frustrant, car les sacrifices sont les mêmes pour nous que pour les garçons. Mais il y a d'autres raisons qui ont rendu cette solution logique. Ce qui m'a un peu dérangé dans cette décision, c'est la manière dont elle a été amenée par la fédération. On a été regroupées avec le football amateur. Un communiqué officiel spécifique au football féminin aurait été un peu plus juste. Cela nous aurait donné une autre crédibilité.
RTSsport.ch: Un département pour le football féminin a été créé en février dernier à l'ASF. Les choses bougent...
SANDY MAENDLY: Oui, effectivement et Tatjana Hänni (réd: la directrice de ce département) n'y est pas étrangère. Elle a été plusieurs années présidente du FC Zurich Frauen et a travaillé à la FIFA. Je pense qu'elle va faire beaucoup pour le football féminin et qu'elle va essayer de se battre pour amener des éléments qui nous permettront de rivaliser avec les autres championnats européens.
Le championnat suisse a encore du retard sur ses concurrents européens
RTSsport.ch: Ces dernières semaines, on a appris qu'un sponsor pour la Ligue a été trouvé et que des matches vont être diffusés sur la SSR. Comment accueillez-vous ces nouvelles mesures?
SANDY MAENDLY: J'ai envie de dire que c'était le moment (rires)! Cela fait pas mal d'années qu'on se bat pour que cela arrive car on se rend compte que le championnat suisse a quelques années de retard sur ses concurrents européens. La plupart des grands championnats ont leur sponsor et sont télévisés. On a vu l'apport que cela peut apporter à un championnat. Cela ne peut être que bénéfique car il y aura plus de visibilité. Il y aura aussi peut-être plus de sponsors qui vont se manifester.
RTSsport.ch: Au Servette FC Chênois Féminin, vous n'êtes pas des professionnelles, mais le club semble être derrière vous...
SANDY MAENDLY: Oui, depuis que Servette a rejoint Chênois, le club nous a tout de suite donné ce sentiment d'appartenance. On n'a jamais été mises de côté. Ils ont toujours essayé de nous faire participer le plus possible à des manifestations. Prenons l'exemple de la présentation des nouveaux maillots. Je trouve sympa qu'ils représentent les filles et les garçons. Cela montre qu'il y a une volonté de médiatiser et de faire évoluer le foot féminin. Avec des démarches comme celles-ci et des clubs qui voudront faire le nécessaire, il va pouvoir progresser.
Propos recueillis par Jennifer Ballmer - @jenni_ballmer
La progression fulgurante du Servette FCCF
Une fusion en 2017, une promotion en LNA en 2018 et une qualification pour la Ligue des champions en 2020: la progression du Servette FC Chênois Féminin est fulgurante.
"Les structures et infrastructures que le club nous met à disposition contribuent à cette progression, explique Sandy Maendly. Au moment de la fusion, le club n'a pas voulu révolutionner d'un coup son effectif ou son mode de fonctionnement. Il a pu compter sur un noyau et sur un groupe solide. On a gardé une base qui nous a permis de grandir ensemble. Aujourd'hui, nous avons un bon mélange entre les "anciennes" et les plus jeunes."
"J'étais revenue pour baisser un peu le pied"
Au moment de signer son contrat avec Servette Chênois en février 2018, Sandy Maendly n'imaginait pas qu'elle allait disputer la Ligue des champions avec les Grenat deux ans plus tard. "Lorsque Servette m'a approchée, j'étais à Madrid. Je ne me sentais pas très à l'aise dans cette nouvelle équipe. Je voulais être plus proche de ma famille."
"A la base, j'étais revenue pour baisser un peu le pied, évoluer en LNB, essayer d'accrocher une montée mais tout ce qui a suivi n'était pas forcément prévu!", rigole l'internationale helvétique.