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Camille Surdez: "en Suisse, les joueuses ne peuvent pas se concentrer seulement sur le foot"

Camille Surdez compte bien briller sous les couleurs du FC Bâle. [Compte Twitter @CamilleSurdez]
Camille Surdez compte bien briller sous les couleurs du FC Bâle. - [Compte Twitter @CamilleSurdez]
Bâle reçoit Servette FC Chênois Féminin samedi lors de la 5e journée de Women's Super League (RTS 2, 18h10). Les "Rotblau", qui n'ont toujours pas connu la défaite, occupent le 3e rang au classement derrière Zurich et le leader servettien. Un leader qui devra se méfier notamment de Camille Surdez, déjà auteure de 5 buts avec le FCB.

"Ce match contre Servette, on l'attend, c'est le match au sommet!", se réjouit Camille Surdez. "En tant que Romande, c'est encore plus motivant." La Neuchâteloise de 22 ans a retrouvé cette saison le championnat suisse, après une expérience de 2 ans à Bordeaux. Son retour s'avère pour l'instant réussi, puisque l'attaquante a déjà inscrit 5 buts en 4 matches.

"Je ne m'attendais pas à un tel départ. J'ai travaillé et l'équipe me donne la confiance dont j'ai besoin. C'est une belle récompense. Le travail paye."  Et la nouvelle recrue du FC Bâle ne compte pas s'arrêter là. Servette Chênois est prévenu.

RTSsport.ch: Pourquoi avez-vous rejoint Bâle cet été?

CAMILLE SURDEZ: Ma dernière saison à Bordeaux a été compliquée en raison de ma blessure au genou et du coronavirus. Je n'ai pas joué depuis que j'ai été opérée l'hiver dernier. Je me voyais mal accepter un nouveau challenge et rejoindre un nouveau club alors que je n'étais pas à 100% au niveau physique et mental. C'était important pour moi de retourner en Suisse où je connais le championnat et les joueuses. Je suis également proche de ma famille. A Bâle, on me donne la confiance dont j'ai besoin. Je prends du plaisir, c'est le plus important pour moi. Bâle m'a en plus donné la possibilité de rester professionnelle. Je peux me consacrer qu'au foot. Toutes les conditions étaient réunies pour que je vienne ici.

RTSsport.ch: Quelles sont les ambitions du FC Bâle?

CAMILLE SURDEZ: Bâle met tout en oeuvre pour qu'on arrive le plus haut possible au classement. On est une équipe jeune avec beaucoup de potentiel. Si on peut gagner le championnat ou la Coupe, on ne se gênera pas! On va se donner les moyens pour être dans le haut du classement. Mais il y a aussi Servette et Zurich, même YB...

RTSsport.ch: Le championnat risque d'être plus serré cette année...

CAMILLE SURDEZ: Oui, le championnat est bien plus serré qu'avant mon départ à Bordeaux il y a 2 ans. C'est difficile de dire à l'avance qui va être championne. Je n'ai par exemple pas le souvenir d'avoir vu YB jouer aussi bien. Il y a 2 ans, Zurich était imbattable. Ce n'est plus le cas. Servette joue aussi super bien. C'est une grosse équipe, qui a mis les moyens pour rivaliser avec Zurich. Cela pousse les autres équipes à se développer.

Je ne suis vraiment pas déçue d'être passée par Bordeaux

Camille Surdez

RTSsport.ch: Vous évoquiez votre départ à Bordeaux. Que retenez-vous de cette première expérience à l'étranger?

CAMILLE SURDEZ: Je n'ai pas eu le temps de jeu que j'espérais, mais j'ai beaucoup appris pendant ces 2 saisons. J'ai engrangé de l'expérience. J'ai joué avec des joueuses top. Le club était professionnel de A à Z que cela soit au niveau de la qualité des entraînements, des infrastructures... C'était assez dingue ce monde professionnel! Je ne suis vraiment pas déçue d'être passée par Bordeaux!

RTSsport.ch: Dans le championnat français, on connaît bien l'Olympique Lyonnais et le PSG, mais où se situe Bordeaux?

CAMILLE SURDEZ: On a terminé 4e puis 3e quand j'ai joué là-bas. Ces résultats ne sont pas arrivés par hasard! Le club met au même niveau les filles et les garçons. L'équipe est vraiment bien intégrée au club. On a de superbes infrastructures au Haillan. Le club a aussi mis des moyens pour le recrutement. Il met tout en oeuvre pour atteindre ses objectifs. Ce ne sont pas des paroles en l'air.

RTSsport.ch: A Bâle, avez-vous cette impression d'être traitées au même niveau que les hommes?

CAMILLE SURDEZ: Non, je dirais même qu'on passe après la formation. Je pense que le club aimerait développer le foot féminin, mais il faut encore pousser. Je pense que c'est la même chose pour toutes les équipes féminines. A Bâle, on a quand même de bonnes infrastructures. On a de quoi bien travailler. Mais on n'est pas mises à la même échelle que les garçons.

RTSsport.ch: D'après votre expérience, quelles sont les différences entre le championnat français et le championnat suisse?

CAMILLE SURDEZ: La plus grosse différence est l'argent, mais cela ne concerne pas seulement les salaires. Dans le championnat français, les filles sont professionnelles, elles se concentrent seulement sur le foot. Elles n'ont pas à s'inquiéter d'avoir de bonnes notes si elles vont à l'école, d'être performantes au travail et au foot. Si elles se blessent, elles ont du temps pour récupérer de leurs blessures. En Suisse, on doit penser à d'autres choses, comme le fait de pouvoir retourner au travail après notre blessure. Le foot n'est pas notre priorité. Cela a un impact sur le niveau de jeu. Sans argent, c'est aussi difficile de recruter. En France et en Allemagne par exemple, ils peuvent recruter les meilleures joueuses et les meilleurs entraîneurs. De bonnes infrastructures, comme des terrains de qualité, permettent aussi d'augmenter le niveau. Ce sont plein de petits détails qui font la différence.

Propos recueillis par Jennifer Ballmer - @jenni_ballmer

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"Ce n'était pas mon truc de jouer avec des filles"

Tout a commencé pour Camille Surdez à Dombresson. C'est dans ce village du Val-de-Ruz qu'elle a chaussé ses premiers crampons à l'âge de 8 ans. Depuis, le virus ne l'a plus quitté. La Neuchâteloise est passée par Serrières, par le centre de formation national à Huttwil et par Neuchâtel Xamax, où elle a évolué avec les garçons jusqu'à ses 16 ans. "Ce n'était pas trop mon truc de jouer avec des filles. Cela jouait mieux avec les garçons", explique l'attaquante du FCB.

Tout n'a pas été facile pour la Neuchâteloise. Des commentaires désobligeants, elle en a entendu. Mais elle s'est accrochée. Lors de sa signature à Bordeaux, elle est devenue la première Neuchâteloise à évoluer à l'étranger. Une jolie revanche prise sur ceux qui la critiquaient sur les terrains!

"L'équipe de Suisse? La cerise sur le gâteau"

Membre de l'équipe de Suisse depuis les M16, Camille Surdez avait atteint les demi-finales de l'Euro 2016 avec les M19. De bonnes performances avec le FC Bâle pourraient donc lui rouvrir les portes de l'équipe nationale. "L'équipe de Suisse, c'est la cerise sur le gâteau, raconte la Neuchâteloise, qui compte trois sélections. J'ai toujours du plaisir quand j'y vais. Pour le moment, c'est un peu en stand-bye. Je reste patiente. Si les performances sont là, ça reviendra."

Camille Surdez en bref

Née le 13 janvier 1998 à Neuchâtel

Poste: attaquante

Parcours:
2014-2017: Yverdon
2017- 2018: Young Boys
2018-2020: Girondins de Bordeaux
2020-?: Bâle

3 sélections

Classement Matches Diff. Buts Points
1. Servette 28 81 : 17 66
2. Zurich 28 92 : 35 61
3. Young Boys 28 68 : 56 46
4. Bâle 28 60 : 50 41
5. GC 28 38 : 46 41
6. Lucerne 28 39 : 60 27
7. St-Gall 28 47 : 58 26
8. Rapid Lugano 28 13 : 116 7