Ukraine-Suisse, l’affiche rappelle le douloureux souvenir du Mondial 2006 où les Helvètes s’inclinent aux tirs au but face à la formation emmenée par Andriy Shevchenko et Andriy Voronin. "Cela reste forcément un sentiment contrasté", glisse Johan Djourou. Aligné d'entrée, il avait dû sortir sur blessure à la 34e minute. "Mais c’était quelque chose d’incroyable pour moi de jouer ce match à 19 ans".
Quatre ans plus tard, les deux équipes se retrouvent à Genève pour un match amical qui se terminera sur le score de 2-2. La partie est marquée par un doublé d’Alex Frei, qui ne rejouera plus avec la Suisse, et une charnière centrale composée de Johan Djourou et François Affolter. "C’était magnifique de jouer dans mon jardin (sourire). On avait formé un super duo avec François et on aurait dû gagner ce match", souligne l’ancien défenseur d’Arsenal.
L'Ukraine a toujours présenté un jeu solide en défense et très fluide vers l'avant
RTSsport: Quel est votre regard sur le football ukrainien?
JOHAN DJOUROU: Le football ukrainien a toujours présenté un jeu solide en défense et très fluide vers l’avant avec des joueurs comme Serhiy Rebrov, Andriy Shevchenko ou Anatoliy Tymoshchuk qui faisaient une différence assez importante à l’époque. C’est un football qui m’inspire beaucoup de plaisir mais aussi de la rigueur. On aurait dû s’en méfier plus lors du match de 2006 où il y a finalement eu très peu d’occasions.
RTSsport: Vous étiez au duel avec un certain Andriy Shevchenko en 2006, que pouvez-vous dire du joueur et de l'entraîneur qu'il est devenu?
JOHAN DJOUROU: J’ai toujours été un grand fan d’Andriy Shevchenko, notamment par le fait que je supportais l’AC Milan lorsque j’étais jeune. J’ai eu la chance de l’affronter au Mondial 2006 et ensuite avec Arsenal contre Chelsea. Il était techniquement très fort, efficace devant le but et faisait confiance à son équipe. En tant que coach de l'Ukraine, je pense qu’il transmet cette philosophie et qu'il peut s’appuyer sur son expérience de joueur emmagasinée avec Milan, Chelsea et le Dynamo Kiev.
RTSsport: Comment voyez-vous le déroulement du match de ce jeudi à Lviv?
JOHAN DJOUROU: La situation est très particulière. Comme je connais la qualité du coach et des joueurs, je sais que les Suisses voudront être à fond. Mais la réalité peut être différente des intentions. Il y a beaucoup de joueurs qui n’ont pas repris. Je m’attends à un match disputé mais je ne peux pas garantir qu'il sera rythmé pendant 90 minutes. En tout cas, c’est un bon test pour les deux équipes.
Je pense que l'envie de jouer est toujours présente. J'ai 33 ans, je suis en forme et je me sens bien
RTSsport: Sur un plan plus personnel, l’envie de continuer dans le football est-elle toujours là?
JOHAN DJOUROU: C’est une très bonne question. Je pense que l’envie de jouer est toujours présente. J’ai 33 ans, je suis en forme et je me sens bien. Maintenant, la situation liée au coronavirus n’aide pas à faire avancer les choses. Il faut trouver le bon challenge qui pourra me permettre de jouer encore quelques années. J’ai donné 17 ans de cœur et d’amour au football et j’aime aussi évoluer dans d’autres domaines à côté. Il n'y aurait donc pas de regrets d’arrêter. Mais je suis vraiment dans l’optique aujourd’hui de poursuivre dans le football.
RTSsport: Avez-vous eu des contacts avec certains clubs?
JOHAN DJOUROU: Oui, il y a des clubs qui me contactent. Dans les discussions, il faut aussi prendre en compte l’après-football. Je m’entraîne aujourd’hui avec Etoile Carouge, le club de mes débuts. Cela me permet de garder la forme et de partager mon expérience avec des jeunes. Je continue ainsi à me préparer à travers mon entraînement personnel et celui du club.
Sébastien Schorderet