La chevauchée de "Kubi" pour le miracle de Sofia

Remonter un déficit de deux buts à l’extérieur pour finir par triompher, l’exploit reste toujours inégalé dans les statistiques de l’Association suisse de football. Les joueurs de l'entraîneur Ueli Stielike ne le savent pas encore mais ce succès fera date. La Suisse est désormais capable de tenir tête à une grande équipe et de la battre.

L'armada offensive de la Bulgarie

Ce 1er mai 1991 à Sofia, la Suisse affronte la Bulgarie dans le cadre des qualifications pour l’Euro 1992. Même privée de sa star Hristo Stoitchkov (Barcelone) à cause d'une blessure, la Bulgarie a fière allure. L’équipe est emmenée par un trio offensif de haut rang avec Emil Kostadinov (Porto), Krasimir Balakov (Sporting Lisbonne) et Luboslav Penev (Valence). Trois ans plus tard, cette même formation terminera 4e de la Coupe du monde aux Etats-Unis et Stoitchkov sera désigné ballon d’or dans la foulée.

L'équipe de Suisse est elle composée en grande partie de joueurs du Lausanne-Sport et de Neuchâtel Xamax. Deux hommes évoluent à l'étranger, Stéphane Chapuisat (Bayer Uerdingen) et Kubilay Türkyilmaz (Bologne). La surprise de dernière minute vient de la présence de Jean-Michel Aeby dans l’effectif. Le milieu du LS a été appelé en dernière minute pour combler l’absence d’Alain Geiger.

J’étais à l’entraînement et on est venu me dire que je devais rejoindre immédiatement l’équipe à Zurich pour décoller vers Sofia

"J’étais à l’entraînement et on est venu me dire que je devais rejoindre immédiatement l’équipe à Zurich pour décoller vers Sofia", se remémore Jean-Michel Aeby. L’actuel entraîneur d’Yverdon-Sport garde d’excellents souvenirs de ce match. "Je n'ai pas eu la possibilité de rentrer en cours de partie, mais cela reste magnifique d’avoir vécu cette rencontre en étant présent au sein de la sélection".

Rapidement menée 2-0 après 27 minutes, la Suisse connaît une 1re période des plus difficiles. La révolte sonnera en 2e mi-temps où le duo d'attaque Knup-Türkyilmaz est rejoint par Chapuisat. "C’était un match compliqué face à un adversaire de qualité. L'abnégation et l’utilisation de la vitesse dont bénéficiait l’équipe nationale ont permis de finalement arracher les trois points", détaille Aeby (54 ans).

La Suisse avait déjà eu de bons joueurs par le passé, mais le groupe dirigé par Ueli Stielike a franchi un cap supplémentaire

"La Suisse avait déjà eu de bons joueurs dans le passé, mais le groupe dirigé par Ueli Stielike a franchi un cap supplémentaire. Avec lui, la Suisse est progressivement devenue plus respectée sur le plan européen voire mondial ", précise Jean-Michel Aeby. Le coach Roy Hodgson poursuivra le travail à partir de 1992 pour mener les Helvètes encore plus loin avec les participations au Mondial 1994 et à l'Euro 1996.

Sébastien Schorderet