C'est un séisme sans précédent en près de 70 ans de compétitions européennes: après des décennies à agiter le spectre d'un schisme, les cadors du continent ont fini par franchir le pas avec à leur tête le Real Madrid, le FC Barcelone, Liverpool ou Manchester United, tous multiples vainqueurs de la C1 et marques d'envergure planétaire.
Ebranlé par la pandémie de Covid-19, le sport roi en Europe voit son avenir s'inscrire en pointillé, de même que l'actuel système pyramidal de redistribution des ressources télévisuelles entre la C1, compétition phare, et les championnats nationaux. Les clubs rebelles prétendent, semble-t-il, instaurer un controversé système de ligue quasi fermée.
"Douze des clubs européens les plus importants annoncent avoir conclu un accord pour la création d'une nouvelle compétition, 'The Super League', gouvernée par ses clubs fondateurs. AC Milan, Arsenal, Atlético Madrid, Chelsea FC, FC Barcelone, Inter Milan, Juventus, Liverpool, Manchester City, Manchester United, Real Madrid et Tottenham se sont unis en tant que clubs fondateurs", peut-on lire dans un communiqué transmis à l'AFP et également diffusé par les sites internet de plusieurs clubs concernés.
ats/adav
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"Ressources supplémentaires"
La nouvelle compétition, expliquent ses promoteurs, est vouée à "générer des ressources supplémentaires pour toute la pyramide du football". "En contrepartie de leur engagement, les clubs fondateurs recevront un versement en une fois de l'ordre de 3,5 milliards d'euros (3,8 milliards de francs) destinés uniquement à des investissements en infrastructures et compenser l'impact de la crise du Covid-19", poursuivent les organisateurs, qui promettent aussi une "Super League" féminine.
Si ce chiffre est confirmé, il suppose des revenus bien supérieurs à ceux obtenus par l'UEFA pour l'ensemble de ses compétitions de clubs (Ligue des champions, Ligue Europa et Supercoupe d'Europe), qui avaient généré 3,2 milliards d'euros (3,5 milliards de francs) de recettes TV en 2018-2019, avant une pandémie qui a fortement plombé le marché européen des droits sportifs.
Saison régulière et playoffs
Selon ses promoteurs, la "Super League" fonctionnerait sous la forme d'une saison régulière opposant 20 clubs, quinze d'entre eux ("les clubs fondateurs", les 12 cités et trois supplémentaires restant à déterminer) étant qualifiés d'office chaque année et les cinq autres choisis "à travers un système basé sur leur performance de la saison précédente".
Au terme de cette première phase débutant au mois d'août, des playoffs seraient organisés jusqu'en mai pour décerner le trophée. Les matches se tiendraient en principe en milieu de semaine, entrant en concurrence directe avec les cases réservées pour la Ligue des champions, mais pas avec les championnats nationaux traditionnellement organisés le week-end.
Menace d'exclusion
La FIFA "ne peut que désapprouver une Ligue européenne fermée et dissidente", a réagi la fédération internationale lundi, invitant toutes les parties à "un dialogue calme, constructif et équilibré" sur le sujet.
L'UEFA, dans un communiqué co-signé par plusieurs championnats nationaux, avait prévenu dès dimanche que tout club dissident serait exclu des compétitions nationales et internationales, et que leurs joueurs ne pourraient plus jouer en équipe nationale, par exemple à l'Euro ou à la Coupe du monde. Il faudra voir si cette menace est conforme au droit européen de la concurrence, ce qui laisse présager une éventuelle bataille juridique.