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Les femmes ont pris le pouvoir sur le terrain, mais pas encore en dehors

La Française est l'une des six sélectionneuses (contre dix sélectionneurs) à l'Euro. [IMAGO/BEAUTIFUL SPORTS - Wunderl]
La Française est l'une des six sélectionneuses (contre dix sélectionneurs) à l'Euro. - [IMAGO/BEAUTIFUL SPORTS - Wunderl]
Sur les pelouses anglaises, les joueuses ont prouvé que le niveau atteint désormais des standards très élevés et qu’elles sont pleinement actrices de leur sport. Mais qu’en est-il en dehors des terrains? Si de plus en plus de femmes occupent des postes à responsabilités, le football est encore largement une affaire d’hommes au pouvoir.

Quel est le point commun entre l’Allemagne, l’Angleterre et la France? Elles sont toutes favorites à la victoire finale de l’Euro et leur sélectionneuse est une femme.

Mais Martina Voss-Tecklenburg, Sarina Wiegman et Corinne Diacre font figure d’exception: seules 6 nations qui se sont qualifiées pour cette compétition sont encadrées par des sélectionneuses, contre 10 sélectionneurs.

Parmi ces hommes qui dirigent des femmes, on retrouve le coach danois de la Suisse Niels Nielsen et son adversaire lors du tout premier match des Suissesses à l’Euro, le Portugais Francisco Neto. "En tant qu’entraîneur, le genre m’importe peu à partir du moment où les gens sont compétents et passionnés", indique-t-il. Mais Neto précise que dans une équipe féminine, c’est aussi important d’avoir des femmes dans le staff: "J’ai deux assistantes avec moi pour animer les séances", lance le Portugais.

Une affaire d'hommes

En réalité, il n’a pas vraiment le choix. L’UEFA précise dans son règlement pour l’Euro qu’une présence de femme est obligatoire pour diriger les équipes nationales féminines, avec une sélectionneuse ou au minimum une assistante.

C’est également le cas du staff de l’équipe de Suisse avec plusieurs femmes autour de l’entraîneur Niels Nielsen. "Ça c’est bien, mais dans les structures nationales ou internationales, dans les commissions où les décisions sont prises, là il manque beaucoup de femmes, relève Tatjana Haenni avant d’ajouter: C’est quelque chose que l'on doit changer très vite, car cela va aider le football en général".

La directrice du football féminin en Suisse sait de quoi elle parle. Elle est la seule femme au sein des 8 membres de la direction de l’Association suisse de football, dont le comité central est lui aussi composé de 8 personnes, toutes des hommes.

On se rend vite compte que la voix des femmes reste cantonnée au football féminin puisque celle de Tatjana Haenni n’est pas représentée dans ce comité.

La solution des quotas?

La Zurichoise voit une solution pour remédier à ce problème structurel d’inclusivité: "Moi je milite pour l’instauration de quotas, car jusqu’à maintenant il n’a pas été possible de le faire de manière naturelle." Selon Tatjana Haenni, la présence de femmes dans les organes décisionnels du football permettrait de changer la perspective générale dans le football masculin. Ce qui profiterait in fine également au football féminin.

Les quotas, c’est aussi une mesure mise en place par l’UEFA pour qu’au minimum une femme soit représentée dans son comité exécutif, l’organe suprême de l’instance européenne composé au total de 20 membres. Quand on consulte le site de l’UEFA, on se dit que la Française Florence Hardouin paraît bien seule…

Prise de pouvoir

Mais des femmes qui occupent des postes à responsabilités au sein de l’instance européenne, il y en a quand même quelques-unes, dont Nadine Kessler. Après avoir raccroché ses crampons, l’Allemande est désormais directrice du football féminin à l’UEFA. Quand on lui fait remarquer qu’elle est entourée par presque exclusivement des hommes dans son institution, celle-ci ne botte pas en touche: "Je crois qu’on ne peut pas simplement claquer des doigts pour changer le système, on doit être davantage pro-actif et surtout, attirer les femmes vers le football, que ce soit comme joueuses, comme fans ou comme dirigeantes."

Avant de nous quitter, elle glisse encore à demi-mot une petite fléchette: "On doit créer des opportunités et jusqu’à présent, on ne peut pas dire qu’on a fait du bon travail. Nous à l’UEFA, les associations nationales et les clubs, on doit être plus inclusif."

Championne d’Europe comme joueuse, c’est désormais hors du terrain que Nadine Kessler doit livrer bataille. Tout comme elle, après avoir pris le pouvoir sur les pelouses, les femmes revendiquent le pouvoir sur les bancs de touche ou dans les hautes sphères du football suisse et européen.

Leeds, Stefan Renna

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Groupe C - 3e journée



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Groupe C Matches Diff. Buts Points
1. Suède 3 8 : 2 7
2. Pays-Bas 3 8 : 4 7
3. Suisse 3 4 : 8 1
4. Portugal 3 4 : 10 1