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"A Servette, chacun est bien plus impliqué cette saison et ça change tout", se réjouit Jeremy Frick

Jeremy Frick signe un début de saison extraordinaire avec le Servette FC. [Keystone - Urs Flueeler]
Jeremy Frick signe un début de saison extraordinaire avec le Servette FC. - [Keystone - Urs Flueeler]
Gardien et capitaine d'un Servette FC qui tourne à plein régime (2e du championnat), Jeremy Frick revient pour RTSsport sur le début de saison des siens et évoque sa propre carrière ainsi que son retour à son meilleur niveau. Instructif.

Poignée de main franche, sourire en permanence gravé sur le visage et propos intelligents: Jeremy Frick (29 ans) traverse assurément une très bonne passe, à l'image d'un Servette FC dont il est le valeureux et performant capitaine. Au sortir de la trêve des équipes nationales et avant un déplacement dimanche à Lugano (16h30), le dernier rempart genevois savoure logiquement ce bon moment, apprécie de voir son groupe montrer un autre visage, mais refuse pourtant de s'enflammer. Conscient que rien n'est acquis, l'enfant de Collex-Bossy veut sans cesse remettre l'ouvrage sur le métier. Cette exigence, cultivée notamment lors de ses années de formation à l'Olympique Lyonnais, fait sa force. La preuve: il a su se relever d'une saison dernière très moyenne et brille aujourd'hui. Il est aujourd'hui "Tranquille, Frickouz", comme le dit Micha Stevanovic.

"Tranquille Frickouz", lance Micha Stevanovic à l'adresse de son gardien.
"Tranquille Frickouz", lance Micha Stevanovic à l'adresse de son gardien.

RTSsport.ch: Jeremy Frick, le début de saison du SFC est brillant, et le vôtre aussi. Vous sortiez pourtant personnellement d'un exercice moins convaincant…

JEREMY FRICK: C'est vrai, mais j'ai su me remettre en question et je dois surtout ma réussite actuelle au collectif servettien. Le fait que l'équipe tourne bien permet à chacun d'entre nous de mieux tirer son épingle du jeu. On voit effectivement rarement un gardien exceller au sein d'une équipe très faible. Cela est quelque chose d'inhérent à notre poste, où les choses vont parfois par vagues. Prenez l'exemple de Yannick Brecher (ndlr: FC Zurich)! La saison passée, il était monstrueux et, maintenant, ça paraît plus compliqué pour lui, alors qu'il n'a pas changé; il reste un excellent gardien. C'est juste que Zurich ne va pas bien. Dans les échelons supérieurs, on pourrait aussi citer comme exemple Thibaut Courtois (Real Madrid), longtemps décrié et qui a fini par gagner la Ligue des champions quasi à lui tout seul en compagnie de Karim Benzema.

RTSsport.ch: Sans vouloir tirer de parallèles grossiers, la réussite qui accompagne le SFC en ce début de saison rappelle un peu celle du FCZ la saison dernière…

JEREMY FRICK: Peut-être, mais je suis plus enclin à penser que cette saison ressemble à celle qui a suivi notre promotion (ndlr: 2019/2020), lorsque l'on marquait souvent en fin de match, parfois même des buts venus d’ailleurs. A l'époque, nous étions entrés dans la saison de fort belle manière, avec notamment un nul à Berne, comme cette fois-ci avec notre victoire 1-0 sur Saint-Gall. Là, nous sortions d'un printemps frustrant, qui avait donné un sentiment d’être en roue libre, alors qu'on faisait à mon sens de bons matches, mais on les perdait... A cette période, j'avais toutefois toujours répété que lorsque la roue allait tourner, ce serait une tout autre histoire. C’est le cas aujourd'hui!

J'avais toujours répété que lorsque la roue allait tourner, ce serait une tout autre histoire. C’est le cas aujourd'hui!

Jeremy Frick, gardien du Servette FC

RTSsport.ch: Servette dégage justement l'impression qu'un vrai état d’esprit s'est installé, ce qui n'avait semble-t-il jamais vraiment été le cas la saison dernière, du moins en 2e partie d'exercice…

JEREMY FRICK: On pourrait dire que cette belle cohésion est aidée par les résultats positifs, ce qui ne serait pas faux, mais il y a effectivement autre chose actuellement. Depuis le tout début de la préparation estivale, j'ai le sentiment que chacun est davantage impliqué dans ce qu'il fait et cela change tout. Certains ont décidé d'en "mettre" plus que par le passé et, ainsi, tout le monde y gagne. On se retrouve de fait avec une vraie concurrence, qui tire tout le monde vers le haut. De plus, nous avons cette saison des jeunes qui en veulent, avec qui plus est une 2e équipe qui tourne à merveille, ce qui offre une dynamique encore plus positive. Du plus jeune au plus ancien, chacun apporte quelque chose à notre groupe, ce qui permet à Servette d'avoir le vent dans le dos.

RTSsport.ch: Parlant d'ancien, vous en êtes un, malgré vos 29 ans. Et capitaine désormais depuis janvier. Est-ce que ce brassard a changé des choses pour vous?

JEREMY FRICK: Il m'a obligé à prendre davantage de responsabilités, surtout lorsque cela ne va pas bien au sein de l'équipe. Mais dans le fond j'ai toujours endossé un rôle de leader, ici. Parce que je suis de la maison et que j'ai connu des expériences différentes de certains de mes camarades, notamment en partant tôt à l'étranger ou en connaissant des passages plus compliqués dans ma carrière (ndlr: relégation administrative du Servette en 2015, faillite de Bienne en 2016, lire encadré). Il est clair que lorsque le groupe tourne de belle manière, c'est hyper facile d'être capitaine. Mais la saison passée, dans les moments plus critiques que nous avons vécus, j'ai senti qu'il me fallait prendre mes responsabilités, aller au feu... Cela dit, c'est dans mon caractère et c'est, je crois, aussi ce pourquoi j'ai le brassard.

Il est clair que lorsque le groupe tourne, c'est hyper facile d'être capitaine. Mais la saison passée, avec les moments plus critiques que nous avons vécus, j'ai senti qu'il me fallait prendre mes responsabilités.

Jeremy Frick, gardien du Servette FC

RTSsport.ch: Ce brassard, vous l'avez récupéré du bras de votre pote Anthony Sauthier, parti du club en janvier...

JEREMY FRICK: Oui, et je ne m'attendais pas à ce que cela se passe ainsi! Franchement, si un jour j'avais pensé à hériter du capitanat, cela n'aurait jamais été de cette manière… Cela a été très dur pour moi de voir mon pote "Nini" partir, car tous mes meilleurs souvenirs servettiens, je les ai partagés avec lui. Mais j'ai dû passer outre pour remplir mon rôle. Anthony reste un pote et on se voit encore souvent. Maintenant, je pense qu'il est content de voir que c'est moi qui lui ai succédé, comme lui-même avait à l'époque pris le relais de Tibert Pont, un autre pote. L'histoire qui continue avec des Genevois capitaines, c’est plutôt cool.

Super League: "A Servette, chacun est bien plus impliqué cette saison" (Jeremy Frick)
Super League: "A Servette, chacun est bien plus impliqué cette saison" (Jeremy Frick) / RTS Sport / 3 min. / le 28 septembre 2022

RTSsport.ch: Certains supporters, eux, s'inquiètent en pensant que la trêve aura peut-être freiné les élans du SFC. Cette pause forcée peut-elle vous desservir?

JEREMY FRICK: Pour nous, elle ne change pas grand-chose, surtout que nous y sommes entrés avec une vraie victoire d'équipe acquise en Coupe de Suisse (ndlr: 2-0 à La Chaux-de-Fonds), ce qui est parfait pour la confiance. Oui, peut-être aurait-il été sympa de pouvoir enchaîner, mais tout bien réfléchi, je crois que nous avions tous besoin de cette trêve; il y avait un peu de fatigue physique et la pause nous permet de nous régénérer mentalement. En outre, cela nous permet de tirer un premier bilan, de voir ce qui a fonctionné et surtout ce qui n'a pas fonctionné jusqu'à présent, car tout n'a pas été parfait… Lorsqu'on enchaîne les matches, il est en effet compliqué de garder la tête froide et de tout bien analyser. Avec cette pause, nous avons eu moins le nez dans le guidon et on a pu voir ce que l'on doit améliorer. Maintenant, on se réjouit de reprendre dimanche à Lugano, même si là-bas ce sont toujours des matches "casse-pipe".

Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti

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"Je n’aurais jamais imaginé cela"

Passé par Collex-Bossy, Servette et Lyon, Jeremy Frick avait retrouvé les Grenat en 2014, puis vécu un an plus tard la relégation administrative du club. A suivi la faillite de Bienne l’année suivante, alors qu’il avait signé pour 3 ans dans le Seeland. On a connu plus aisé, comme début de carrière! "Le vrai coup dur a été la faillite de Bienne, souligne aujourd'hui le portier genevois. Je vivais loin de chez moi et des trucs incroyables se sont passés; des choses que je n’aurais jamais imaginées... Pouvoir vivre et voir en Suisse était hallucinant. Mais six ans plus tard, je pense que tout cela m’a fait grandir, mûrir, et permis d'envisager les choses autrement. A Bienne, j'avais fait un pas en arrière, mais celui-ci m’a servi pour rebondir."

"Que de bons souvenirs de Lyon"

Bien qu’il n’ait jamais eu sa chance en première équipe de l’Olympique Lyonnais, Jeremy Frick a adoré ses années passées à l’OL entre 2009 et 2015. "Je n’ai que de bons souvenirs de là-bas, car j’y ai rencontré des personnes extraordinaires, à tous les niveaux. A Lyon, on m'a appris à avoir faim, appris aussi à devoir bouffer les autres pour se faire une place. C’est une culture et une mentalité différentes de celles que l’on a en Suisse. J’essaie d’ailleurs aujourd’hui d’imposer cette exigence aux jeunes qui viennent avec nous, car celle-ci ne peut leur faire que du bien."

"Je suis un bon vivant"

On nous avait décrit Jeremy Frick comme un hyperactif. Le dernier rempart confirme à moitié. "C’est vrai que je reste rarement posé chez moi. Je suis un bon vivant, qui a besoin d’être occupé, de faire des choses, de voir des amis, de passer des moments en famille (ndlr: avec sa femme Manon et leur fille Selena, 1 an et 4 mois). Je n’aime pas perdre mon temps à ne rien faire, je veux profiter un maximum. Le décès récent de Nicolas Schindelholz (ndlr: ancien joueur victime d’un cancer à l’âge de 34 ans) nous rappelle combien la vie peut être courte. Alors j’essaie de finir mes journées en me disant qu’elles ont été pleinement remplies, que je ne peux pas avoir de regrets."

"J’ai hélas toujours été gardien"

"J’ai hélas toujours été gardien", lance Jeremy Frick. Hélas? "Oui, car j’aurais aimé voir autre chose du football, connaître d’autres postes, complète celui qui a commencé le foot à l’âge de 8 ans. J’aurais aimé savoir ce que cela fait de marquer un but ou de gagner un duel important. Mais j’ai tout de suite été gardien, car je voulais jouer avec mon frère aîné et c’est la place qu’il me réservait alors." Le Genevois a grandi sans influence particulière. "J’aimais bien Eric Pédat, mais je n’ai jamais essayé de l’imiter. Plus tard, Hugo Lloris (ndlr: que Jeremy Frick a côtoyé à Lyon) m’a beaucoup apporté. Il a été une sorte de grande frère dans certains moments, en me montrant comment être plus posé et travailler dans l’ombre."

Classement Matches Diff. Buts Points
1. Young Boys 36 82 : 30 74
2. Servette 36 53 : 48 58
3. Lugano 36 59 : 47 57
4. Lucerne 36 56 : 52 50
5. Bâle 36 51 : 50 47
6. Saint-Gall 36 66 : 52 45
7. Grasshopper 36 56 : 64 44
8. Zurich 36 41 : 55 44
9. Winterthour 36 32 : 66 32
10. Sion 36 41 : 73 31