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Les néo-promus doivent muscler leur recrutement local

Rares Ilie fait partie des nouveaux joueurs du FC Lausanne-Sport. [KEYSTONE - Jean-Christophe Bott]
Rares Ilie fait partie des nouveaux joueurs du FC Lausanne-Sport. - [KEYSTONE - Jean-Christophe Bott]
Pour la première fois de l’histoire, trois clubs vaudois ont été promus la même année en Super League. À quelques jours de la reprise (22-23 juillet), ils s’activent pour renforcer leurs effectifs. Après une promotion, des données collectées par la RTS montrent comment certaines équipes ont mieux réussi que d’autres à s’établir dans la durée en première division.

Grâce aux données de transfermarkt, la RTS a pu analyser les changements dans les effectifs des néo-promus les 20 dernières années. Les résultats montrent une tendance assez claire: les équipes qui ont opté pour un recrutement composé de davantage de joueurs suisses s’en sont mieux sorties que les autres.

50% d’Helvètes en plus

Depuis 2003, la Super League compte dix équipes. Après une promotion, l’objectif principal est surtout de se maintenir à long terme dans l’élite. La mission s’avère toujours délicate. Neuf clubs ont d’ailleurs été relégués moins de deux ans après leur montée. Souvent, le recrutement permet en partie de l’expliquer.

L’origine des recrues joue un rôle important. En moyenne, les équipes qui se sont sauvées – soit qui n’ont pas été reléguées dans les deux ans suivant leur arrivée dans l’élite - ont engagé 50% de joueurs suisses en plus que les équipes redescendues en deuxième division. Lors de leurs montées en Super League, le FC Lucerne et le FC Thoune avaient par exemple enregistré l’arrivée respectivement de huit et dix joueurs suisses. En 2011, le Lausanne-Sport avait recruté sept hommes de nationalité helvétique.

En optant pour moins de joueurs d’origine suisse, Vaduz avait été l’équipe la plus largement reléguée en 2009 avec quatre recrues à croix blanche. Servette n’en avait engagé aucune en 2011. Yverdon et Aarau ont certes débauché sept Helvètes, mais la plupart avait peu joué sous leurs anciennes couleurs ou n’arrivaient pas d’un club de première division.

Seule vraie exception : le FC Saint-Gall. Les "Brodeurs" ont connu la relégation alors que des vrais renforts comme Fabian Frei avaient été mis sous contrat. Mais à cette période, le club souffrait de problèmes financiers en coulisses.

Avec des Suisses, il y un gain de temps important en termes d’intégration.

Jérémy Manière, directeur des ligues nationales semi-professionnelles

Pour Jérémy Manière, ancien défenseur du Lausanne-Sport et aujourd’hui directeur des ligues nationales semi-professionnelles, ces résultats ne représentent pas une surprise. "Avec des Suisses, il y un gain de temps important en termes d’intégration. Ils se connaissent pour la plupart et ils connaissent les adversaires, la culture du pays, de la ville et du club."

La connaissance du championnat

Un avis partagé par Giorgio Contini, l’ancien entraîneur de Grasshopper. "Même s’il a de très bonnes qualités footballistiques, un étranger va mettre plusieurs mois à s’intégrer dans son nouvel environnement linguistique et social. Sans garantie qu’il s’y sente bien, on l’a vu avec Mario Balotelli."

Pour le coach zurichois, les bons transferts vont au-delà de l’origine. "Le recrutement, ce n'est pas seulement une histoire de nationalité suisse, mais surtout de joueurs qui connaissent la ligue." L’entraîneur a connu la promotion avec le FC Vaduz en 2014 et avec le Lausanne-Sport en 2020, deux clubs qui avaient eu des stratégies bien différentes au moment de leur promotion.

Le club liechtensteinois avait misé sur des hommes qui évoluaient déjà en Suisse. La recette avait fonctionné, puisque Vaduz était parvenu à se maintenir deux saisons avant de revoir ses ambitions à la baisse. À Lausanne, Giorgio Contini a vécu le scénario inverse. Tous les renforts étaient arrivés de l’étranger et surtout de l’OGC Nice, l’autre club propriété d’INEOS, et plus particulièrement du partenaire du club français le RC Abidjan.

Répondre au besoin du coach

Le LS avait fini par être relégué deux saisons plus tard. "On a eu quelques talents comme Lucas Da Cunha et Evann Guessand, mais aussi des garçons qui n’avaient pas le niveau. La nouvelle direction sportive ne connaissait pas le championnat. On a réussi à se sauver la première saison et ensuite j’ai dû partir et l’effectif a pas mal changé. Selon moi, la stabilité est importante, tout comme l'expérience derrière le banc."

Selon moi, la stabilité est importante, tout comme l'expérience derrière le banc.

Giorgio Contini, ancien entraîneur du LS

À la fin de son aventure avec Grasshopper, les mêmes soucis qu’au LS sont revenus pour Giorgio Contini. "Je demandais des footballeurs suisses en particulier, et à la fin on en engageait un autre. Plus personne ne parlait avec moi."

À Lausanne, les erreurs du passé semblent depuis avoir été retenues. Aujourd’hui, la cellule recrutement du club travaille main dans la main avec l’entraîneur actuel Ludovic Magnin. "Il faut connaître les besoins du coach par rapport à son système de jeu et des profils souhaités. Une fois que tout ça est établi, une espèce de classement par poste est établi, et il est présenté à l’entraîneur et à la direction pour validation", nous a répondu le LS.

Les clubs vaudois s’activent

Lausanne

Avec Kaly Sène, le club a notamment mis sous contrat un homme qui a déjà fait ses preuves en Super League. Il n’existe cependant pas une priorité à engager au niveau national. "Il est important d’avoir des suisses dans son effectif, mais le marché étranger est également une solution", détaille la cellule recrutement du Lausanne-Sport.

"Je trouve assez intéressant le recrutement du club, avec également la venue de l’ancien capitaine du Standard Liège Noë Dussenne", confirme Jérémy Manière. Pour le reste, le LS dispose d’un effectif ayant pour plusieurs joueurs déjà une expérience de la Super League.

Cela pourrait d’ailleurs suffire. Plusieurs équipes ont pu assurer leur maintien sans réaliser un mercato important. Servette, Grasshopper et surtout le FC Zurich ont rejoint l’élite avec un contingent ayant une valeur marchande élevée. "Le FCZ n'avait pas vraiment redescendu son train de vie en Challenge League et était déjà prêt pour la Super League, un peu comme GC", explique Jérémy Manière.

Aujourd’hui, avec une valeur marchande de près de 13 millions en Challenge League, le Lausanne-Sport se trouve dans cette situation contrairement à ses deux homologues vaudois.

Yverdon

Le club du Nord Vaudois vient tout juste de changer de propriétaire. Cela ne l'a toutefois pas empêché d'être actif sur le marché des transferts. Yverdon-Sport a, pour l'instant, enregistré huit arrivées avec notamment l'attaquant Varol Tasar, en provenance du FC Lucerne.

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Stade Lausanne Ouchy

Quant au SLO, il faut lui laisser le bénéfice du doute selon Jérémy Manière. "Ils nous ont prouvé par le passé qu’en termes de recrutement, ils sont excellents." Les Stadistes doivent entre autres trouver le remplaçant de Teddy Okou, leur meilleur buteur la saison dernière, parti au FC Lucerne.

Le directeur sportif du club Hiraç Yagan souhaite avant tout faire attention à la mentalité des nouveaux arrivants. "On a eu des joueurs comme Brighton Labeau, Teddy Okou ou Sofyan Chader qui ne connaissaient pas le championnat et n'étaient pas Suisses, mais les profils correspondaient à notre philosophie et du coup, ça a très bien marché."

On a eu des joueurs qui ne connaissaient pas le championnat, mais les profils correspondaient à notre philosophie.

Hiraç Yagan, directeur sportif du SLO

En fin de compte, même si les chiffres et les données de dernières années ne partent pas en faveur de deux des trois néo-promus, seule la réalité du terrain comptera dès la reprise. Un nouveau championnat qui comptera également douze équipes au total cette saison, ce qui pourrait permettre de déjouer plus facilement les pronostics.

Emilien Verdon

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LAUSANNE

Arrivées: Kaly Sène (FC Bâle), Noë Dussenne (Standard Liège), Rares Ilie (OGC Nice), Seydou Traoré (RC Abidjan)

YVERDON

Arrivées: Varol Tasar (FC Lucerne), Boris Cespedes (Servette), Mohamed Tijani (Viktoria Plzen), Ricardo Alves (FC Saint-Gall), Dario Del Fabro (Cittadella), Kevin Carlos (SD Huesca), Sebastian Breza (FC Bologne), Mihael Klepac (NS Mura)

STADE LAUSANNE OUCHY

Arrivées : Valon Hamdiu (FC Schaffhouse), Sakhmou Camara (Pays de Grasse), Mischa Eberhard (Young Boys), Maxence Renoud (Lyon La Duchère), Michael Heule (FC Wil), Elies Mahmoud (Havre AC)